Première partie
POINT DE PRESSE DU COLLECTIF DES PARTIS DE L'OPPOSITION CONGOLAISE DU 18 NOVEMBRE 2016
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Mesdames et messieurs les journalistes,
Distingués invités,
Cadres et militants du Collectif
Notre rencontre de ce jour se tient dans une situation internationale extrêmement difficile, marquée entre autres, par la montée en puissance du terrorisme, la recrudescence des conflits socio-politiques (Syrie, Irak, Yémen, Soudan du Sud, Somalie, Ethiopie, Mali, Nigeria etc.), l’exode massif des habitants des zones de conflit vers des zones de paix et de sécurité, l’errance macabre de nombreux migrants chassés de leurs pays d’origine par la misère et l’extrême pauvreté et en quête d’eldorados, le tripatouillage des Constitutions et le maintien au pouvoir par la force de plusieurs dirigeants en Afrique subsaharienne, la chute drastique des cours des matières premières et l’effondrement des économies des pays producteurs, la détérioration vertigineuse de la situation sociale des couches défavorisées, le désir de démocratie, d’Etat de droit, de paix, de sécurité et de justice sociale des peuples de par le monde.
En Afrique subsaharienne, la situation est particulièrement marquée par la dérive autoritaire des pouvoirs (Burundi, Zimbabwe, RDC, Congo-Brazzaville), la répression sanglante des justes luttes des populations pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’avènement des alternances démocratiques et pacifiques, l’intolérance politique, les arrestations et emprisonnements arbitraires, les complots imaginaires et les procès fabriqués contre les défenseurs des libertés et de la démocratie. De Bujumbura à Harare, en passant par Kigali, Kinshasa et Brazzaville, les prisons sont remplies de militants de la démocratie et des droits humains. Dans notre pays, le Congo-Brazzaville, la situation générale est dominée par la crise du Pool, la crise politique et électorale, la crise financière et sociale, la crise morale.
Le conflit sur le changement de Constitution et sur la transparence électorale qui a opposé tout au long de l’année 2015, le pouvoir à l’opposition regroupée au sein du partenariat Frocad-IDC, a atteint le pic avec le coup d’Etat constitutionnel du 25 octobre 2015, la promulgation, le 6 novembre 2015, d’une nouvelle Constitution non adoptée par le peuple et le coup de force électoral du 20 mars 2016. Ces trois événements ont engendré dans le pays une situation de fait et donné lieu à des institutions de fait, au nombre desquelles, l’institution présidence de la République. En effet, issu d’un coup d’Etat constitutionnel et d’un coup de force électoral, le président de la République actuel est illégal et illégitime. C’est un président de fait.
C’est la raison pour laquelle, jusqu’à ce jour, la communauté internationale et les forces politiques et sociales congolaises, œuvrant pour l’alternance démocratique ne reconnaissent pas sa légalité et sa légitimité, ainsi que celles des institutions qu’il a mises en place. De ce fait, notre pays est littéralement isolé sur le plan diplomatique. A l’exception des régimes autoritaires, tous ses partenaires traditionnels ont abandonné le Congo. Contre toute attente, nonobstant cette situation, le gouvernement congolais continue d’observer une attitude autiste face aux appels de bon sens de la communauté internationale et de l’opposition congolaise, appels invitant le président de la République à convoquer sans délai, un dialogue politique inclusif de tous les acteurs politiques, en vue de rechercher de façon consensuelle, des pistes de solutions de sortie de crise.
Dans sa fuite en avant, le gouvernement de la République du Congo vient de prendre une série de décisions relatives à la promotion d’un statut de l’opposition, à la mise en place d’un Conseil national du dialogue, à l’inscription dans le budget de l’Etat, exercice 2017, d’une somme de 50 milliards de FCFA, destinée à l’organisation des élections législatives, etc. Ces décisions et la situation qui prévaut dans le Pool appellent plusieurs observations de la part du Collectif des partis de l’opposition congolaise.
I- A propos du statut de l’opposition
Le projet de loi portant statut de l’opposition, introduit au parlement par le gouvernement, instaure le principe de la nomination d’un chef unique de l’opposition et propose que ce chef unique soit choisi dans le parti de l’opposition qui aura obtenu le plus grand nombre de députés après le parti ou le groupement politique majoritaire, à l’issue des élections législatives.
A ce sujet, le Collectif rappelle que sur le plan des principes, dans une démocratie digne de ce nom, les partis politiques se créent sur la base de doctrines politiques, économiques et sociales déterminées. Au Congo-Brazzaville, les partis qui se réclament de l’opposition, n’adhèrent pas tous aux mêmes doctrines et ne poursuivent pas tous, les mêmes objectifs politiques. L’opposition congolaise est plurielle. Les tendances qui la composent adhèrent à des idéologies différentes et ne défendent pas les mêmes positions sur les grands problèmes nationaux et internationaux. Dans un tel cas de figure, il ne saurait y avoir un chef unique de l’opposition, mais un chef pour chaque tendance de l’opposition, ce dernier faisant office de porte-parole de sa tendance.
L’exemple d’un pays comme la France est édifiant à cet égard. En effet, en France où les partis sont structurés selon la couleur politique (extrême droite, droite libérale, centre droit, centre gauche, socialistes, écologistes, communistes, extrême gauche), il n’y a pas un chef unique de l’opposition, mais un chef pour chaque tendance de l‘opposition (Marine Lepen pour l’extrême droite, Nicolas Sarkozy pour la droite libérale, François Bayrou pour le centre droit, Jean François Bayet pour les radicaux de gauche, Cécile Duflot pour les écologistes, Paul Laurent pour les communistes, J. Luc Melenchon pour l’extrême gauche). Chacun de ces leaders est le porte-parole de sa tendance. Dans le même ordre d’idées, au Parlement français, chaque groupe parlementaire a un chef qui est son porte-parole. Par exemple, le chef du groupe parlementaire des Républicains, groupe qui a le plus grand nombre de députés parmi les partis de l’opposition française, n’a pas la prétention d’être le chef de l’opposition en France. C’est dire que dans une démocratie où l’opposition est plurielle, on ne peut pas parler de chef unique de l’opposition. Cela relève des méthodes éculées du monopartisme. A défaut d’instituer officiellement un parti unique, le pouvoir congolais veut se donner une opposition unique, corvéable et malléable à merci.
Par ces motifs, le Collectif des partis de l’opposition dit résolument non à la nomination par le gouvernement d’un chef unique de l’opposition. En revanche, le Collectif marque son accord pour l’élaboration consensuelle et l’adoption d’un statut particulier de l’opposition, garantissant à cette dernière, le libre exercice de ses activités, la liberté d’aller et de venir, la liberté de réunion, de cortège et de manifestation pacifique, le libre accès aux médias et aux espaces publics de réunion, l’accès juste et équitable au financement public, la participation équitable à toutes les phases du processus électoral, la sécurité et l’intégrité physique de ses dirigeants et de ses militants, bref, la reconnaissance du droit à la différence, la tolérance, l’arrêt de toutes les tracasseries et vexations contre les acteurs politiques de l’opposition.

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