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Auteur : Guy Milex MBONZI
CONGO BRAZZAVILLE CHANGEMENT DE LA CONSTITUTION: LES DIFFERENTS COURANTS
Le projet de la majorité présidentielle de remplacer la constitution du 20 janvier 2002 par une autre est sujet à beaucoup de débats au sein même de la majorité. Pendant que les Pierre Mabiala, Justin Koumba, Isidore Mvouba, Placide Moudoudou et autres en appellent au changement, d’autres acteurs de la majorité soutiennent à mi voix qu’ils n’accompagneront pas le Chef de l’Etat dans cette initiative. Du côté de l’opposition et de la société civile, à travers différentes plateformes, des gens se mobilisent pour faire échec à la campagne du changement de la Constitution qui s’installe au Congo-Brazzaville.
Fait très significatif, quatre courants ont vu le jour au sein de la majorité. Le premier courant appartient à ceux qui veulent faire un passage en force, c’est-à-dire imposer un changement de constitution en recourant à la devise bien connue dans la majorité : « le chien aboie, la caravane passe ». Cette branche est celle des Jean Dominique Okemba, Zéphirin Mboulou, Michel Ngakala, Jean François Ndengue, Pierre Mabiala et autres qui réclament, sans autres formes de procès, le changement de la Constitution sans coup férir. D’après certains renseignements, c’est le courant de ceux qui incitent le président de la république à s’armer davantage et à équiper la police de tous les engins et équipements pour contenir et mater une éventuelle insurrection. C’est la ligne des irréductibles qui ont acquis du matériel de renseignement militaire en Israël et autres pays et qui confient en privé : « il est regrettable que ce soit le peuple qui souffrira de nouveau si jamais des gens s’opposaient à notre projet de changement de la Constitution ! ».
LE MIEUX SERAIT DE NE PAS FAIRE UN PASSAGE EN FORCE
Le deuxième courant appartient plutôt à ceux qui souhaitent le consensus au sein de la majorité et de toute la classe politique (Pouvoir/Opposition), afin de voir comment gouverner ensemble avant de procéder au changement de la constitution. Le promoteur de ce courant : Pierre Ngollo, secrétaire général du PCT. Les dignitaires du pouvoir qui adhèrent à celui-ci partent d’une analyse simple, celle du contexte international qui a précédé la conférence nationale en 1991 et la chute du président Sassou en 1992. De leur avis, le contexte politique international est le même aujourd’hui, en face d’une communauté internationale qui ne digère pas le changement des constitutions et la longévité de certains chefs d’Etats africains aux affaires. Que le discours prononcé par Barack Obama au Ghana, où ce dernier a dit : « l’Afrique n’a plus besoin d’hommes forts mais des institutions fortes », vaut celui de François Mitterrand à la Baule dans les années 80. Pour eux, les choses ne sont donc pas aussi aisées que ne le pensent les hommes en armes. Le mieux serait, dit-on, de ne pas faire un passage en force, de privilégier le dialogue avec toute la classe politique, vraisemblablement, de peur de croiser le fer avec la communauté internationale. Dans sa stratégie, l’organisation, avant la concertation nationale en préparation, des dialogues entre le PCT et certains partis de l’opposition. A ce titre, le PCT de Pierre Ngollo préconise un dialogue avec l’UPRN de Mathias Dzon. Et pour lier l’utile à l’agréable, selon des indiscrétions, le pouvoir de Brazzaville compterait offrir quelques milliards de FCFA aux 17 partis de l’opposition radicale, les seuls qui, jusqu’à ce jour, ne touchent pas officiellement la subvention allouée aux partis politiques, leurs collègues de l’opposition modérée bénéficiant depuis belle lurette des largesses de l’Etat ou mieux du pouvoir.
UNE AUTRE CANDIDATURE DU PCT A LA PRÉSIDENTIELLE DE 2016
Le troisième courant appartient à ceux qui, au sein du parti au pouvoir, ont prescrit une cure de jouvence au PCT depuis le dernier congrès. Autrement dit, qui souhaitent le rajeunissement des instances dirigeantes du Parti Congolais du Travail et plaident pour une nouvelle candidature à la magistrature suprême. Un courant dont la tête de file semble être incarnée par l’ancien ministre André Okombi Salissa. Cette branche de la majorité présidentielle milite pour le respect stricto sensu de la Constitution par le président actuel du comité central, le président Denis Sassou-N’guesso. Plusieurs hommes et femmes de bonne volonté appartenant au parti au pouvoir la compose. Selon toute apparence, ces derniers désirent que le PCT se mette en harmonie avec la marche du monde dans son processus irréversible de la démocratie et de l’alternance présidentielle. Ce courant est celui à qui l’histoire pourrait donner raison si jamais le PCT ne parvenait à faire de nouveau passer l’image du président Sassou dans l’opinion tant nationale qu’internationale. En effet, l’énergie qu’on aurait dépensée, la perte de temps qu’on aurait enregistrée en voulant à tout prix faire réélire le président Sassou, constituerait un handicap à la préparation d’un candidat consensuel du PCT ou de la majorité et pourrait desservir le pouvoir à la présidentielle prochaine.
LES DÉFENSEURS DES ACQUIS DE LA CONFÉRENCE NATIONALE
Le quatrième courant appartient surtout aux alliés du pouvoir, c’est-à-dire, aux autres partis ayant des alliances de gouvernement avec le PCT à l’instar du MCDDI, du RDD… Ceux-ci s’inscrivent dans la défense des acquis de la Conférence Nationale Souveraine de 1991. Entre autres, la fin du monopartisme et la limitation des mandats présidentiels. Eu égard à cela, plusieurs alliés du PCT se mettent en porte à faux avec son projet de changement de la Constitution sur lequel il travaille. Chose qui pourrait donc, dans un proche avenir, occasionner beaucoup de défections au sein de la majorité au profit de la cause des opposants au régime comme cela a été le cas au Burkina Faso. Par conséquent, deux personnes antagonistes ne pouvant faire chemin ensemble, le pouvoir risquerait de passer à la vitesse supérieure en évinçant certains ministres du gouvernement ce qui, assurément, radicalisera bon nombre des alliés du PCT.
DES PLATEFORMES POUR LE NON CHANGEMENT CONSTITUTIONNEL
Il est une réalité que nous ne pouvons passer sous silence, celle de la création des plateformes pour le non changement de la Constitution du 20 Janvier 2002. Deux sont déjà actives, il s’agit de ¨Sauvons le Congo¨ et du ¨Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel¨. La première ayant à sa tête, l’Union pour le Progrès (UP) de Jean Martin Mbemba, le Rassemblement des Jeunes Patriotes (RJP) de Paul Marie Mpouélé et le parti de Me Ambroise Malonga, se situerait dans une opposition modérée au changement de la Constitution. En témoigne le refus de ses leaders à rejoindre le ¨Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel¨ qu’ils taxeraient d’être un prolongement de l’opposition radicale. Selon certaines indiscrétions, dans le cadre de la politique souterraine, pourrait-on dire, Paul Marie Mpouélé rendrait très souvent visite à Pierre Ngollo, le secrétaire général du PCT.
LE PRESIDENT SASSOU FAIT PERSONNELLEMENT ARRACHER UNE BANDEROLE
La deuxième plateforme pour le non changement, le ¨Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel¨ ayant à sa tête, Clément Mierassa du PSDC, Patrick Milandou du Syndicat des transporteurs routiers (société civile), Dominique Foufoundou de l’UDR-Mwinda, l’honorable Kaba de l’UPRN, des individualités à l’instar de l’écrivaine Gildas Mountsara, porte-parole du mouvement, de Patrick Eric Mampouya de la diaspora et de Moubié-Moundzara, se situe dans une opposition totale à la révision de la Constitution, au changement de celle-ci et à un troisième mandat pour le président Sassou. De hautes personnalités de l’opposition comme Mathias Dzon, Guy Romain Kinfoussia, Christophe Moukouéké, Jean Itadi, Anaclet Tsomambé du RDD, Victor Tamba-Tamba… la soutiennent. Cette plateforme est celle qui risque de donner du fil à retordre au pouvoir si elle réussit à mobiliser les populations contre le changement de la Constitution. Le pressentant, à la veille de sa sortie officielle, lorsqu’il se rendait à l’aéroport pour son voyage en Afrique du Sud, ayant aperçu une banderole annonçant la sortie du mouvement à hauteur du CCF, le président Sassou aurait personnellement ordonné au directeur du protocole national de faire arracher par la garde républicaine ladite banderole.
JOE EBINA AVANCE A GRANDES ENJAMBÉES VERS LA CRÉATION DE SA PROPRE PLATEFORME
Une troisième plateforme de la société civile serait en vue, il s’agit de celle qui serait actuellement concoctée par Joe Washington Ebina après sa frustration de n’avoir pas été nommé coordonateur national du ¨Mouvement Citoyen pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel¨ dont-il est l’un des membres fondateurs. Pour rester solidaires, décision a été prise séance tenante de créer un poste de coordonnateur national adjoint aujourd’hui occupé par Patrick Milandou. A dire vrai, c’est pour Joe Washington Ebina qu’il a été créé. Ce dernier, selon des mauvaises langues, aurait prétendu qu’il ne peut être au-dessous de Clément Mierassa tout comme de Jean Martin Mbemba et Paul Marie Mpouélé dans le cadre de la plateforme ¨Sauvons le Congo¨. L’on vient à se demander si l’« orgueil » ou le besoin d’être à tout prix au dessus des gens qui roulent leur bosse en politique depuis des décennies profitera à l’activiste des Droits de l’Homme ? Et si le fait d’avancer en rangs séparés profitera à toutes ces plateformes en face d’un fin stratège comme Sassou et de ses hommes liges à travers la majorité présidentielle et les services de sécurité qui lui sont acquis ? N’empêche, Joe Ebina avance à grandes enjambées vers la création de sa plateforme personnelle contre le changement de la Constitution en compagnie de la société civile qu’il a réussi à noyauter.
UNE PARTIE DE L’OPPOSITION DITE « MODEREE » S’OPPOSE AU CHANGEMENT DE LA CONSTITUTION
Dans l’opposition modérée, des voix s’élèvent pour dénoncer tout autant la manœuvre. En tête de gondole, l’UPADS qui a tenu une activité le 7 juin à la préfecture du Plateau des 15 ans. Les femmes de ce parti sont, à leur tour, montées au créneau pour soutenir la campagne « Touche pas à ma Constitution » lancée depuis un certain temps par la direction du parti. L’activité battant son plein, Pascal Tsaty Mabiala a promis d’associer l’UPADS à d’autres forces de l’opposition pour un front contre le changement de la Constitution.
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«Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi »
Pour une République Juste & Démocratique, Vous Trompez le Peuple Nous dénonçons