DÉCLARATION DU PARTI SOCIAL DÉMOCRATE CONGOLAIS ( PSDC ) RELATIVE A LA CONCEPTION DE LA GESTION TRIBALISTE DE LA CHOSE PUBLIQUE PAR LE POUVOIR ACTUEL
Monsieur Clément MIERASSA
Pour aborder ce sujet, il sied d’entrée de jeu de rappeler, que dans une interview exclusive qu’il a accordée au journal le Nouvel Afrique –Asie n° 87 de décembre 1996, le Président Denis SASSOU NGUESSO relevait ce qui suit :
« … Nous sommes meurtris de voir que notre pays de 2.500.000 habitants est divisé à cause d’un groupuscule qui affiche une conception tribaliste de la gestion de la chose publique. Nous nous sommes battus longtemps pour un idéal ; celui de voir ce pays uni, allant vers son développement par étapes solidement maitrisées… On ne peut tolérer de voir des petits pays se morceler en groupuscules et en tribus qui s’opposent les uns aux autres. C’est dur à vivre. Les problèmes ethniques qui surgissent sont souvent suscités et exacerbés par les dirigeants politiques ».
Au Parti Social Démocrate Congolais (PSDC), nous partageons entièrement cette vision des choses.
Et pourtant, malgré ces analyses bien pertinentes, le constat que notre parti fait, c’est que la situation ne fait que s’empirer. Elle est même devenue préoccupante.
En effet, lors de son entrée en fonction et conformément aux dispositions de l’article 69 de notre loi fondamentale du 20 janvier 2002, le Président de la République a prêté un serment dans lequel il a juré solennellement entre autres:
· de garantir la paix et la justice à tous ;
· de préserver l’unité nationale et l’intégrité du territoire, la souveraineté et l’indépendance nationales.
Selon les dispositions de l’article 77 de ladite Constitution, le Président de la République nomme aux hautes fonctions civiles et militaires en Conseil des Ministres. Il nomme aux emplois auxquels il est pourvu en Conseil des Ministres, la loi détermine les fonctions et les emplois en Conseil des Ministres.
Une fois de plus, le constat peut être fait en ce qu’en la matière, il existe un grand paradoxe entre ce que dit la loi, ce que l’on dit et ce que l’on fait.
Aujourd’hui, il n’est aucun secret pour les congolais de noter, que la plupart des nominations à des postes de responsabilité, et ceci à tous les niveaux sont dominés par un nouveau critère, celui de l’appartenance à un département, à une ethnie, à un clan voire à une famille. Ceci touche l’ensemble des institutions et des structures de l'État. Ce qui constitue une dérive extrêmement dangereuse. Nous pouvons illustrer notre propos par la situation du Ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille Public, où les réunions techniques peuvent se tenir en dialecte d’un département.
Comment l’explique-t-on et comment en est-on arrivé là ?
Avec la Nouvelle Espérance hier et le Chemin d’Avenir aujourd’hui, la compétence semble devenir l’exclusivité d’un seul département : la Cuvette Centrale.
Dans la Nouvelle Espérance, le Président de la République Denis Sassou Nguesso s’était engagé « …à mettre sur pied une Force publique républicaine, et à récupérer toutes les armes de guerre illégalement détenues ».
Malheureusement, officiellement présentées comme républicaines, les Forces Armées Congolaises (FAC) sont perçues par tout le peuple congolais comme un maillon de conservation et de maintien au pouvoir. Le peuple congolais est fortement préoccupé par cette situation.
Dans ce cadre, les nominations par le Président de la République le 17 juin 2011 de quelques officiers généraux, appellent de notre part quelques commentaires.
1. Il faut le dire haut, fort et franchement : ces nominations passent très mal dans l’opinion, tant nationale qu’internationale ;
2. Les congolais déplorent le fait que sur les huit (8) officiers généraux promus, six (6) sont ressortissants du département de la Cuvette Centrale, un (1) du département de la Bouenza et un (1) autre du département du Kouilou ;
3. Sans vouloir remettre en cause les qualités militaires de ceux qui ont été nommés ; le PSDC, les militaires et la rue congolaise pensent que ces derniers ne sont certainement pas les plus méritants.
4. Il est intéressant de jeter un regard sur le tableau ci-dessous qui indique par département, l’effectif de la population (RGPH 2007) et le nombre de généraux y relatif.
|
Départements |
Population |
Nombre de Généraux |
Départements |
Population |
Nombre de Généraux |
|
Kouilou |
91.955 |
03 |
Plateaux |
174.591 |
05 |
|
Niari |
231.271 |
01 |
Cuvette Centrale |
156.044 |
24 |
|
Bouenza |
309.073 |
01 |
Cuvette-Ouest |
72.999 |
00 |
|
Lékoumou |
96.393 |
01 |
Sangha |
85.738 |
01 |
|
Pool |
236.595 |
05 |
Likouala |
154.115 |
04 |
|
TOTAL |
|
11 |
TOTAL |
|
34 |
Cete démarche fait découvrir clairement qu'il y a en réalité une injustice et un manque d'équité, susceptibles de notre point de vue de porter atteinte à la paix et à la préservation de l'unité nationale.
Comment alors expliquer, ou comment comprendre que les départements les plus peuplés du Congo soient, dans la pratique les moins pourvus lors de la nomination des officiers généraux.
- Ainsi, la Bouenza avec le double de la population de la cuvette centrale, n'a curieusement qu' un seul officier général alors que cette dernière en compte vingt quatre ( 24 ).
Le Kouilou, le Niari, la Lékoumou, le Pool et la Bouenza pris ensemble ne comptent que onze ( 11 ) officiers généraux. C'est à dire, moins de la moitié du nombre d'officiers généraux que compte la Cuvette centrale.
Quant à la Cuvette Ouest, le triste constat est qu'elle n'a aucun officier général.
Le Parti Social Démocrate Congolais, rappel que dans le Chemin d'Avenir il est clairement écrit, qu'il est nécessaire que la modernisation de la force publique s'accompagne de l'éthique et des valeurs qui font un bon soldat.
Le PSDC dénonce avec force, cette pratique des nominations basées sur le critère d 'appartenance à l'ethnie, au clan ou à la famille. Ce qui ne rime pas avec la modernisation prônée dans le Chemin d'Avenir.
Le PSDC relève, que la conception de la gestion tribale de la chose publique par le pouvoir actuel, crée un malaise dans la société congolaise, lequel malaise aggrave le chaos dans lequel le Congo se trouve plongé actuellement.
Le PSDC interpelle son gouvernement et son chef, afin qu'ils arrêtent avec cette pratique et qu'ils tiennent compte des valeurs de la paix, d'unité et de concorde nationale, tout en mettant en exergue la recherche de l'excellence.
Le PSDC demande à l'ensemble de ses militants et sympathisants, à ceux des partis de l'opposition congolaise et à tout le peuple congolais de ne plus avoir peur, et les invite à la vigilance et à la mobilisation pour arrêter toutes ces dérives, afin de sauver la démocratie congolaise et de sortir notre pays de la crise profonde dans laquelle il se trouve plongé aujourd'hui.
Fait à Brazzaville, le 21 Juillet 2011
Le Président Clément MIERASSA
Pour une République Juste & Démocratique, Vous trompez le Peuple Nous dénonçons