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Bienvenu Okiémy sur RFI: «S’il y avait une volonté d’assassiner le colonel Ntsourou, on l’aurait fait»

 

  

  

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Par Christophe Boisbouvier

 

 Bienvenu Okiémy sur RFI: «S’il y avait une volonté d’assassiner le colonel Ntsourou, on l’aurait fait»

 

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Bienvenu OKIEMI

 

 

A Brazzaville, de source hospitalière, les combats de lundi 16 décembre autour de la résidence du colonel Ntsourou ont fait au moins 22 morts. Et Marcel Ntsourou lui-même a été arrêté. Pourquoi cette guerre ouverte entre le président Sassou Nguesso et l’un des principaux officiers qui l’ont aidé à revenir au pouvoir en 1997 ? Que va devenir le colonel Ntsourou, qui était jusqu’à l’an dernier le numéro deux du Conseil national de sécurité ? En ligne de Brazzaville, le ministre congolais de la Communication et des relations avec le Parlement, Bienvenu Okiémy, répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

 

RFI : Le colonel Ntsourou a été présenté hier, mercredi 18 décembre, à Brazzaville à la presse dans les locaux de la Direction générale de la surveillance du territoire. Quelle est sa situation ?

Bienvenu Okiémy : Il se porte bien, ses droits sont garantis, ses conseils sont là pour l’aider. Et le procureur de la République, effectivement, l’a vu. La presse est venue, donc tout le monde a vu : contrairement à ce qu’un conseil a pu dire sur une célèbre radio, le colonel Marcel Ntsourou est détenu dans de bonnes conditions, il peut faire valoir ses droits. La République du Congo fait valoir aussi ses droits qui ont été bafoués il y a quelques jours.

Mais que répondez-vous à ceux qui craignent qu’on veuille l’éliminer physiquement ?

Il n’est pas question d’éliminer qui que ce soit. Mais avant d’arriver à cela, il me paraît quand même important de restituer les faits. Le13 décembre, la police nationale congolaise a lancé une opération de sécurisation des grandes agglomérations de ce pays, comme à l’accoutumée à l’approche des fêtes de fin d’année. C’est dans le cadre de cette opération de sécurisation que, le 15 décembre, des agents de la police qui effectuaient une patrouille ont essuyé des coups de feu. Ils ont riposté. Les assaillants ont pris la fuite à bord d’un véhicule.

 → A (RE)LIRE : Congo-Brazzaville: le colonel Marcel Ntsourou s'est rendu aux autorités

L’immatriculation de ce véhicule a été retenue. Une information judiciaire a été ouverte. Les officiers de police judiciaire ont recueilli des témoignages indiquant que le véhicule en question, suspect, se trouvait au domicile du colonel Marcel Ntsourou avec ceux qui avaient tiré sur la force publique. Une perquisition a été ordonnée et le 16 décembre au matin, des officiers de police judiciaire se présentent au domicile de Marcel Ntsourou, au camp militaire du 15 août, et là, à leur grande surprise, des coups de feu éclatent provenant du domicile du colonel Marcel Ntsourou.

Des officiers de police judiciaire tombent, il y a des morts. Un recul a lieu. Les forces de police ripostent. L’armée n’est jamais intervenue. C’est la police congolaise qui intervient. Des armes lourdes sont utilisées et une riposte est organisée, proportionnée à l’attaque. Nous étions à ce moment-là en face d’une rébellion. Et face à la riposte, le colonel Ntsourou s’est rendu. Donc on ne peut pas dire qu’on voulait assassiner le colonel Marcel Ntsourou. S’il y avait une volonté manifeste de l’assassiner, on l’aurait fait ce jour-là.

Quand vous dites que vous avez riposté aux armes lourdes, voulez-vous dire que vous avez utilisé vous-même des armes lourdes ?

Nous avons utilisé des moyens pour faire face effectivement aux armes lourdes utilisées par le colonel Marcel Ntsourou et les miliciens qu’il entretenait à son domicile.

De source hospitalière, on parle de 22 morts...

Il y a eu des victimes. Pour ce qui concerne le nombre, il me paraît quand même judicieux d’attendre encore un ou deux jours pour avoir le nombre exact. Je vous [le] donnerai moi-même.

Marcel Ntsourou est en garde à vue depuis ce lundi. Que va-t-il devenir ?

Sans préjuger de son avenir judiciaire, qu’est-ce qu’il en est des faits ? Il y a eu détention d’armes, il y a eu un nombre important de miliciens à son domicile. Lorsque que je regarde l’article 209 du code pénal du Congo, il est dit que toute attaque, toute résistance et voies de faits envers la force publique est qualifiée de crime ou de délit de rébellion. Donc le procureur de la République va instruire son dossier. Il me paraît à l’épreuve du droit qu’effectivement son avenir juridique me paraît quelque peu en grande difficulté.

Il va être inculpé, c’est ça que vous vous voulez dire ?

J’imagine. Il y a eu rébellion, il y a eu entretien de milices, il y a eu trouble à l’ordre public, il y a eu atteinte à la sécurité de l’Etat. Donc à la lumière de tout cela, j’imagine qu’il ne peut pas en être autrement.

Sur le fond, depuis sa libération de septembre dernier, le colonel Ntsourou était très critique à l’égard d’un régime qui l’avait fait arrêté il y a près de deux ans à la suite de l’explosion de Mpila. Est-ce que ce n’est pas la vraie raison pour laquelle il a été arrêté le 16 décembre ?

Qu’il ait été critique contre la République du Congo, je peux le comprendre puisqu’il a été condamné dans le procès de Mpila. Mais sur le fond, le procès du 4 mars était un procès indépendant. Le juge congolais a pu se prononcer en toute indépendance, mais il n’y a pas de relation entre le procès du 4 mars de Mpila et ce qui se passe maintenant.

Après sa libération de septembre, le colonel Ntsourou avait déclaré qu’il était prêt à témoigner devant la justice française dans l’affaire du Beach, là où quelque 350 personnes ont disparu en 1999. Est-ce que ce n’était pas une bonne raison, ces derniers jours, pour le remettre derrière les barreaux ?

Attendez, de qui se moque-t-on ? Dans le procès du Beach qui s’est tenu dans notre pays, Marcel Ntsourou avait été entendu par le juge congolais. Et à aucun moment, ce monsieur a dit au juge congolais qu’il connaissait la vérité. Et voilà, subitement des années après, nous avons un monsieur qui sort du bois pour dire, « voilà j’ai des informations à donner à une justice étrangère ». C’est une insulte aux victimes. Mais nous, nous ne faisons aucun lien entre le procès du Beach, le procès du 4 mars qui s’est passé à Mpila et ce qui se passe maintenant, tout ceci n’est pas lié. Tout ceci est lié simplement parce que Marcel Ntsourou, à chaque fois, apparaît dans évènements-là.

Pendant la guerre civile de 1997, le colonel Ntsourou a été l’un des acteurs de la victoire militaire des Cobras de Denis Sassou-Nguesso. Est-ce qu’en attaquant son domicile, en le faisant arrêter lundi dernier, vous ne craigniez pas de créer des divisions dans votre propre camp ?

L’unité du Congo ne s’est pas bâtie sur les fractures des guerres que nous avons connues dans ce pays. On ne peut pas dire ce que vous avancez. Il n’y aura pas de rupture. Force doit rester à la loi, force doit rester à la République.  

 

 

 

 

 

 «Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi » 

 

Pour une République Juste & Démocratique, Vous Trompez le Peuple Nous dénonçons

 

 

 

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