Droit de réponse de Monsieur Mathias DZON
au journal " LE PATRIOTE", suite aux articles parus dans les numéros 117 & 118 du 7 & 14 Mars 2011 au n° 119 du 21 Mars 2011.
Commentant la communication faite par l’ARD lors de sa dernière conférence de presse tenue à Brazzaville, le samedi 26 février 2011, le journal « Le Patriote » a publié dans son numéro 118 du 14 mars 2011, un article intitulé :
« la nuisance, l’arme fétiche de l’ARD », dans lequel on peut lire entre autres : « (…)le leader de l’ARD tient sans doute à procéder à une exploitation tant vicieuse que malencontreuse du contexte international marqué par des mouvements de rue balayant des régimes politiques dans le Maghreb(…). Mathias DZON caresse le rêve de voir l’onde de choc du Maghreb atteindre les rives du Congo (…) Le leader de l’ARD espère benoîtement accéder à la magistrature suprême du pays par le biais de la rue (…) On ne peut que frémir rien qu’à l’idée qu’un leader politique congolais nourrisse des perspectives dévastatrices et sanglantes pour son pays et sa population ».
A travers ces propos, le journal « Le Patriote », accuse le président de l’ARD de vouloir chercher à s’emparer du pouvoir au moyen d’une insurrection populaire. Cette affabulation n’aurait mérité de ma part que dédain et mépris, si elle ne faisait pas échos aux allégations du pouvoir tendant à faire croire que le président de l’ARD s’apprêterait à mettre les Congolais dans la rue pour renverser les institutions et s’emparer du pouvoir. Face à ce nouveau montage grossier, il est de mon devoir, en ma qualité de président de l’ARD, de faire au journal « Le Patriote », le droit de réponse que voici.
Comme chacun le sait, dans toute démocratie digne de ce nom, l’opposition légale a entre autres fonctions, une fonction tribunitienne. Cette fonction consiste pour l’opposition, à critiquer les mauvais choix politiques, économiques, sociaux et culturels du pouvoir en place, à dénoncer les dérives de toute sorte, les restrictions des libertés individuelles et collectives, les violations des droits humains, la mal-gouvernance, les anti-valeurs que sont le népotisme, la préférence ethno-régionale, le noyautage partisan des postes de responsabilité au sommet de l’Etat, le favoritisme, le clientélisme, la corruption, l’enrichissement illicite des gouvernants, l’insensibilité à l’humain, etc.
Dans sa conférence de presse du 26 février 2011, l’ARD a mis a nu les mensonges et les insuffisances de la prétendue revalorisation de la grille salariale de la fonction publique opérée par le gouvernement. Elle a en outre dénoncé les graves menaces que le pouvoir fait peser sur la paix civile, la sécurité des citoyens, la démocratie congolaise. L’ARD a par ailleurs invité le pouvoir à s’asseoir avec l’opposition pour construire ensemble les conditions d’une organisation consensuelle des futures échéances électorales. Elle a enfin, salué et exprimé sa solidarité avec les peuples du monde arabe qui bravent aujourd’hui courageusement les dictatures dans leurs pays respectifs, pour assouvir leur soif de liberté et de justice sociale.
En abordant ces différentes thématiques, l’ARD n’a fait qu’assurer sa fonction tribunitienne et ne prépare nullement, contrairement à ce que prétend le journal « Le Patriote », une quelconque prise du pouvoir par la rue. Il est pour le moins curieux que le journal « Le Patriote » voie systématiquement dans toute critique contre le pouvoir, un complot contre la sûreté de l’Etat. Il faut du reste rappeler que sur ce registre, le journal « Le Patriote » n’est pas à son premier essai.
L’on se souvient qu’en juillet 2009, à la suite de la marche spontanée et pacifique effectuée par l’opposition, ce journal avait prétendu que cette marche avait pour but de renverser les institutions et avait annoncé que l’enquête ouverte à cet effet, devait déboucher sur une information judicaire. On connait la suite. Depuis octobre 2009, je fais l’objet d’une information judicaire sous le motif de « implicité de détention et de port illégal d’armes de guerre ».
Je rappelle au journal « Le Patriote », que l’ARD est un groupement de partis démocratiques qui aspirent à conquérir le pouvoir d’Etat par la voie d’élections libres, transparentes et honnêtes. Toutes les affabulations visant à tenter de faire croire que le président de l’ARD chercherait à prendre le pouvoir par une insurrection populaire ou à chercher à l’impliquer dans des complots imaginaires, ne sont rien d’autres que de nouvelles manoeuvres du pouvoir destinées à se donner des prétextes pour le disqualifier du champ politique congolais, comme il l’avait fait en 2002, lors des élections législatives. En effet, en 2002, pour empêcher sa victoire annoncée à l’élection législative dans la première circonscription de Gamboma, le pouvoir avait monté de toutes pièces un complot contre Mathias DZON, en prétendant qu’il aurait allumé une guerre civile meurtrière dans cette localité et en faisant occuper la ville de Gamboma par près de 1200 éléments de la milice de Tsambitso.
Dans la même veine, il sied encore de signaler qu’après l’avoir disqualifié à l’élection législative de 2002, le pouvoir avait ourdi un autre complot imaginaire contre Mathias DZON, en diffusant largement dans l’opinion qu’il entretenait une milice privée à Gamboma et détenait illégalement des armes de guerre. Ces mensonges grossiers ont été démentis par les enquêtes conduites par les services compétents qui ont établi que Mathias DZON n’avait ni milice privée, ni armes de guerre.
Le journal « Le Patriote » se trompe totalement de cible lorsque parlant du président de l’ARD, il écrit :
« S’il est une constance chez Mathias DZON, c’est celle de penser que toute question politique ou sociale entre le pouvoir et l’opposition (…) doit nécessairement se résoudre par une insurrection (…) C’est tout de même symptomatique de l’attitude d’une personnalité qui a du mal à s’insérer dans le jeu démocratique et qui est hantée par une espèce de névrose obsessionnelle de la violence. » (Le Patriote numéro 117, du 07 mars 2011, page 04). Dans le même numéro, « Le Patriote » poursuit : « Cet homme est ainsi fait. Pyromane à souhait, il semble toujours à la recherche de la dramatisation, du sensationnel et de la théâtralisation. » . Ibid, P4.
Il s’agit assurément d’une méprise, car, je suis profondément un homme de paix et j’ai toujours combattu avec la dernière énergie tout recours à la violence sous toutes ses formes comme moyen d’accession ou de gestion du pouvoir. A preuve, en juillet 2009, lorsque le candidat Denis Sassou Nguesso s’est auto-proclamé élu à l’issue de l’élection présidentielle, j’ai publié un communiqué appelant le peuple congolais en général, mes partisans en particulier, à prendre acte du fait accompli et à demeurer calmes, pour éviter au Congo de nouveaux drames inutiles.
Dans la même optique, en 2010 et 2011, en qualité de président du Front des Partis de l’opposition Congolaise, puis de président de l’Alliance pour la République et la Démocratie, j’ai adressé deux lettres à monsieur le président de la République, pour lui demander de convoquer un vrai dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition, aux fins de décrisper le climat politique dans le pays
et consolider la paix civile encore fragile. Est-ce-là un comportement de rebelle, de pyromane ou de va-t’en-guerre ?
En tentant de me présenter comme un personnage obsessionnellement violant qui cherche à s’emparer du pouvoir au moyen de l’insurrection, le journal « Le Patriote » projette sur moi, la pratique quotidienne du pouvoir actuel qu’il soutient, pratique faite de violence multiforme et marquée entre autres, par :
- l’achat massif d’armes de guerre, gardées non pas dans les camps militaires, mais dans des sites et/ou domiciles privés ;
- l’entretien de milices privées (Tsambitso, Kintélé, Lifoula) ;
- le lancement dans le ciel congolais des avions de guerre de marque Mig pour intimider les populations ;
- les complots imaginaires, les procès fabriqués ;
- les assignations à résidence à Brazzaville des responsables du FPOC ;
- les interdictions fréquentes des activités des partis de l’opposition ;
- l’interdiction de l’accès aux médias publics de l’opposition ;
- le renvoi de certains journalistes de leur fonction pour avoir couvert les activités de l’opposition ;
- la suspension de certains organes de presse jugés non-conformistes (Radio-télé-Forum, Canal Plus Bénédiction, Talassa, le Trottoir, etc) ;
- la préparation par les clans du pouvoir soutenus par le journal « Le Patriote », des coups d’Etat de palais pour tenter de préserver le pouvoir par la force en cas de vacance de la présidence de la République.
A cette panoplie, il faut ajouter la violation permanente des droits des citoyens congolais au travail (chômage massif des jeunes), à la santé et à l’éducation (faillite totale des systèmes d’enseignement et de santé), à une vie digne (70% de Congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté), à des loisirs sains (délinquance à grande échelle), etc. Comme on le voit, c’est le pouvoir que soutient le journal « Le Patriote » qui a érigé la violence multiforme en méthode de gouvernement et qui cherche coûte que coûte à se maintenir à la barre par la force. Le journal « Le Patriote » se comporte comme ce voleur qui crie au voleur et croit ainsi tromper la vigilance du peuple. Les Congolais ne sont pas dupes.
Nous l’avons déjà dit en d’autres temps et en d’autres lieux, mais nous ne le répéterons jamais assez. Depuis l’historique Conférence Nationale Souveraine, le Congo a opté pour la démocratie. Celle-ci implique entre autres, l’existence d’un pouvoir et d’une opposition légale, à qui la Constitution du 20 janvier 2002 reconnait des droits, dont celui d’exprimer et de diffuser librement ses opinions, mais aussi celui de tenir librement des réunions politiques (article 19 et 21). Le journal « Le Patriote » manque manifestement de culture démocratique. Il devrait s’attacher à l’acquérir.
De la sorte, il apprendrait à cesser de voir dans toute critique contre le pouvoir un complot visant à renverser les institutions. La pensée unique est la caractéristique des pouvoirs totalitaires. Elle est étrangère à la démocratie qui se caractérise entre autres, par la libre expression des opinions, (article 19 de la Constitution), la liberté d’aller et de venir, d’association, de réunion, de cortège et de manifestation (article 21 de la Constitution). Le journal « Le Patriote » devrait faire l’effort de s’arrimer à son temps et de comprendre que l’ère du monopartisme, de la pensée unique, des complots imaginaires et des procès fabriqués est à jamais révolue au Congo.
Fait à Brazzaville, le 16 mars 2011
Mathias DZON
NDLR
La Rédaction du journal avoue son trouble à la lecture du droit de réponse du Président de l’ARD, Mathias DZON.
Le sentiment proférer des menaces se livre à un amalgame suspect entre le journal et les autorités du pays.
Cependant, proférer des menaces, considérer que des journalistes ne sont pas doués de raison, donc incapables de réfléchir par eux-mêmes et nier à ceux-ci l’exercice du droit de commenter les discours des hommes publics, sont des pratiques étrangères à la démocratie.
Le journal Le Patriote n’a en conséquence, pas de leçons de démocratie à recevoir des auteurs de ces pratiques aux effluves monocratiques très puissants.
Pour une République Juste & Démocratique, Vous Trompez le Peuple Nous dénonçons