Nous sommes devant une opération de blanchiment d’argent sale.
« Pour une enquête pour corruption au Congo-Brazzaville, un juge d'instruction milanais avait approuvé en mars 2021 la proposition du procureur de demander une amende de 11,8 millions d'euros au géant italien des hydrocarbures Eni pour mettre fin à une enquête sur des soupçons de corruption au Congo-Brazzaville visant la société et l'un de ses dirigeants. Le procureur avait requalifié le délit présumé de corruption internationale en concussion. L'enquête entamée en 2017 portait sur des renouvellements de permis pétroliers sollicités en 2015 par Eni au Congo-Brazzaville. Selon la presse italienne, le groupe était soupçonné d'avoir accepté de vendre en contrepartie des parts de sa licence à une société écran détenue par des fonctionnaires de ce pays d'Afrique centrale ».
On prend les mêmes et on recommence. Aucune poursuite à ce jour n’a été engagée au Congo-Brazzaville contre Eni sur cette affaire supposée de corruption ; les malfrats peuvent dormir tranquillement au Congo-Brazzaville. « Interrogé par l'AFP, Eni n'avait pas souhaité dévoiler l'identité du dirigeant de l'entreprise incriminée dans l'affaire ».
Monsieur Claudio Descalzi, PDG d’Eni, et son épouse congolaise avaient été visés par une enquête diligentée en 2019 pour conflit d'intérêts dans le cadre de partenariat pour des contrats pétroliers au Congo-Brazzaville ; des soupçons qu'il avait qualifiés de « sans fondement ». L’enquête concernait des soupçons de corruption et des accords signés de 2009 à 2015 par la filiale congolaise d’Eni et le ministère des Hydrocarbures du Congo-Brazzaville, pour des permis d’exploration et de production, ainsi que les partenaires choisis par Eni pour la réalisation de ces contrats. Dans ce cadre, Petroservice, active au Congo-Brazzaville, dont l’épouse de Claudio Descalzi serait l’une des responsables, avait bénéficié de 105 millions de dollars de contrats avec le groupe italien de 2012 à 2017, un montant que Eni avait communiqué à ses actionnaires.
Un autre point crucial qui se profile est celui de l’installation de prétraitement de gaz naturel liquéfié (GNL) de Pointe-Noire que la société Eni a confié en sous-traitance à Expro, fournisseur de services énergétiques. Expro concevra, construira, exploitera et entretiendra une installation de prétraitement de GNL terrestre accélérée (OPT), faisant partie du développement de Marine XII au large du Congo-Brazzaville. L’installation de prétraitement de gaz naturel liquéfié (GNL) sera construite à proximité de l’usine à gaz de Litchendjili.
Le contrat de 10 ans devrait générer plus de 300 millions de dollars de revenus pour Expro. Comme avec le terminal pétrolier de Djéno, il sera absolument impossible pour le gouvernement congolais de savoir combien de mètres cubes (m3) de gaz que Eni va charger à travers son usine flottante de GNL Tango FLNG acquise pour une somme comprise entre 572 millions à 694 millions de dollars US.
Le groupe énergétique italien Eni a conclu, le 22 décembre 2022, un accord avec la compagnie chinoise d’ingénierie Wison Heavy Industry ; le deal vise la construction d’une installation flottante de liquéfaction de gaz (FLNG) sur le bloc Marine XII, un périmètre situé dans les eaux territoriales de la République du Congo, à 17 km au large des côtes. Au vue des quantités astronomiques de réserves de gaz du puits de Marine XII géré par Eni, ces investissements seront rapidement remboursés. « Le projet, réalisé selon un calendrier de développement accéléré et une approche de zéro torchage, verra l’installation de deux usines flottantes de liquéfaction de gaz naturel (FLNG) sur les champs de Nenè et Litchendjili, déjà en production, et sur les champs encore à développer ».
Alors pourquoi avoir des usines flottantes de liquéfaction quand on pourrait utiliser ce même gaz, sans le liquéfier, pour alimenter des centrales électriques et générer plus d’électricité au Congo-Brazzaville ?
Bien qu’il y ait du gaz à Pointe-Noire et sur le permis Boundji qui approvisionnent nos centrales électriques à gaz, il est aujourd’hui inconcevable de voir que le Congo-Brazzaville soit toujours fourni en électricité par la République démocratique du Congo (RDC). La seule question qu’il faille se poser est celle de savoir à quoi ont servi les milliards de francs CFA d’investissements du barrage d’Imboulou ? Ne nous avait pas tant promis l’électricité pour tous depuis 2010 par certains membres du gouvernement actuel congolais ? Il faut savoir que l’électricité est gratuite sans délestage dans le Nord du Congo-Brazzaville, notamment à Oyo et ses environs, pour le peu de capacité de production qui sort des 120 mégawatts prévus du barrage hydro-électrique d’Imboulou, construit pour un coût de 170 milliards de francs CFA soit 340 millions de dollars US.
La Compagnie Électrique du Congo (CEC S.A.) dont l’État congolais est actionnaire majoritaire à 80% et Eni à 20% est dirigé par un Italien de la compagnie Eni ; le Congo-Brazzaville se contentant du strapontin de directeur général adjoint. La CEC S.A., producteur indépendant majoritaire de l’électricité (70%) au Congo-Brazzaville a une capacité de production d’environ 475 mégawatts dans sa centrale à gaz de Pointe-Noire ; cette capacité de production est à elle-même suffisante pour approvisionner tout le Congo-Brazzaville en électricité. Elle vend de l’électricité à la société congolaise E2C (Énergie Électrique du Congo) qui est une société privée, mais qui reçoit toujours des subventions de l’État congolais. La société privée E2C, société du clan Sassou Nguesso, possède l’historique de l’ancienne SNE (Société Nationale d’Électricité) à savoir la production, le transport d’électricité (les lignes de transmission), la distribution et la commercialisation de l’électricité sur tout le territoire congolais.
La CEC S.A. approvisionne aussi entre autres la compagnie TPM (Trading Power Limited), détenue par un membre du clan Sassou Nguesso, d’environ 25 mégawatts que cette dernière vend à Kinshasa via la société E2C. Ainsi la ville de Brazzaville est privée d’une partie de son électricité pour des raisons mercantiles antipatriotiques, ce qui explique les fréquents délestages. C'est le paradoxe congolais.
Pour rappel, le groupe énergétique italien Eni exploitera 41 milliards de mètres cubes de GNL sur 9 ans sur le puits Marine XII. Selon l’EIA (Energy Information Administration), le Congo-Brazzaville possèderait des réserves possibles pouvant aller jusqu’à plus de 3000 milliards de mètres cubes de gaz naturel.
Aker Solutions, le fournisseur norvégien de services pétrogaziers obtient de TotalEnergies un contrat d’ingénierie sur le champ pétrolier Moho Nord le 04 mai 2023. Notons que le champ Moho fournit une part significative de la production pétrolière du Congo-Brazzaville. TotalEnergies détient 53,5 % des intérêts opérationnels du périmètre avec pour partenaires Chevron (31,5 %) et la Société Nationale des Pétroles du Congo (15 %). D’après Aker Solutions, le processus opérationnel impliqué par ce marché devrait immédiatement commencer pour des livraisons attendues au premier trimestre 2025.
Le gisement pétrolier Moho Nord est entré en production en 2015. Il est considéré par les parties prenantes comme étant l’un des plus importants projets pétroliers en mer réalisés en République du Congo.
L'économie congolaise repose largement sur l'exploitation de ses ressources naturelles, notamment le pétrole qui représente 90% de ses exportations et 50% de ses revenus. Avec une production de 339 000 barils de brut par jour en 2019, le Congo-Brazzaville, est le troisième producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, derrière le Nigeria et l'Angola. Il est membre de l’OPEP. Total E&P Congo reste le premier opérateur avec une production de 200 000 barils de brut par jour en 2019.
La saga continue. Les vautours sont encore de sortie pour continuer à dépecer notre pays le Congo-Brazzaville sans que nous ne réagissons.
La dictature du Congo-Brazzaville des multimilliardaires en francs CFA qui vit mieux aujourd’hui avec des somptueuses fêtes des milles et une nuit, va encore s’enrichir de plus belle quand le peuple congolais vit toujours durement depuis des lustres.
« Ne dis pas tes peines à autrui ; l'épervier et le vautour s'abattent sur le blessé qui gémit. », dit un proverbe arabe.
Mais, il est de notre devoir, même avec peine, d’informer le peuple souverain congolais de ce qui se passe dans notre beau pays, le Congo-Brazzaville.
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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA