FRANCE Des contrats criminels déguisés en mission d’État : enquête sur une affaire tentaculaire
FRANCE Des contrats criminels déguisés en mission d’État : enquête sur une affaire tentaculaire
Par la voix de son avocat, Henri Plagnol dément formellement avoir "ne serait-ce qu’envisagé de faire surveiller l’un de ses adversaires aux élections municipales de 2014. Après sa défaite, explique maître Michaël Doulikian à la cellule investigation de Radio France, mon client s’est définitivement retiré de la vie politique et est parfaitement étranger aux agressions qui auraient pu être commises ou envisagées à l’encontre de membres de la nouvelle équipe." L’ancien secrétaire d’État n’aurait par ailleurs jamais entendu parler du contrat de la société Meliora.
Mais ce n’est pas une possible affaire de fausses factures qui intéresse ici la justice. Frédéric Vaglio est aujourd’hui soupçonné d’être le maillon central d’un dossier criminel tentaculaire. Âgé de 50 ans, l’homme semble avoir eu mille vies. Un temps journaliste au Dauphiné libéré, il devient le communicant de grandes entreprises en région parisienne, puis crée des sociétés de sécurité en France et en Suisse. Amateur de sensations fortes, et de grosses cylindrées, Vaglio fait aussi dans l’événementiel de "prestige", proposant à des clients argentés des week-ends chargés d’adrénaline sur les bords du lac d’Annecy.
L’homme nourrit une passion pour les armes. Un témoin prétend qu’il tirait "à la kalash" dans sa propriété des Yvelines. Il faut dire que dans le carnet d’adresses de Vaglio, on trouve des anciens membres des forces spéciales reconvertis dans la sécurité privée. Et des flics à la retraite, parmi lesquels Daniel Beaulieu, à qui l’ancien communicant semble avoir confié ses missions les plus "délicates".
Meurtri par les rumeurs lancées sur sa compagne à la ville de Saint-Maur, Vaglio demande à Beaulieu s’il ne peut pas faire autre chose que d'effectuer une simple surveillance de Sylvain Berrios, devenu député-maire. "J’ai demandé à Daniel si les choses pouvaient aller plus loin, raconte-t-il en garde à vue avec une apparente légèreté qui déconcerte. J’entendais par là : 'Est-il possible que Berrios ait un accident ?' Daniel a dit 'oui', il a expliqué que ça pouvait aller de la chaise roulante au cercueil. Dans tous les cas, j’étais d’accord." Le contrat ne sera jamais exécuté. Sylvain Berrios en ignorait jusqu’à peu l’existence.
En 2016, alors qu’ils ont quitté la mairie, Stéphanie Chupin et son mentor en politique, Henri Plagnol, continuent à faire l’objet de critiques sur leur gestion passée de la mairie. Jean-François Le Helloco, élu UMP au conseil départemental du Val-de-Marne, poste sur Facebook des articles liés notamment à la "petite affaire Bygmalion" qui a secoué Saint-Maur. Le 10 octobre à 8 h 40, il s’apprête à quitter son pavillon qui donne sur la rivière lorsque surgissent deux hommes encagoulés. L’élu UMP est roué de coups de poing et de coups de pied. "Je leur ai demandé ce qu’ils voulaient, raconte l’élu dans la plainte déposée au commissariat ce jour-là. Ils m’ont dit : 'Il faut que tu arrêtes, t’as compris? Tu arrêtes, c’est un avertissement !'" Jean-François Le Helloco est sommé de ne pas bouger, le temps que ses agresseurs prennent un cliché de son visage ensanglanté.
En garde à vue, Vaglio reconnaît être à l’origine de cette violente mise en garde. "J’ai clairement demandé à Daniel Beaulieu à ce qu’on lui casse la gueule." Il explique que quelques jours plus tard, l’ancien policier est venu rendre visite à son ami et sa compagne Stéphanie Chupin. "Daniel nous a montré une photo sur son téléphone. On voyait Le Helloco par terre, un œil au beurre noir, il était tuméfié au niveau du visage. Daniel m’a quitté en me disant : 'J’espère que ça te soulagera.'"
Dans cette affaire criminelle, "Vaglio est un peu le commercial et Beaulieu l’opérationnel", commente un avocat de la partie civile. L’un apporte les affaires, l’autre monte les opérations, lors de rendez-vous discrets. Daniel Beaulieu a passé presque toute sa carrière de policier dans les renseignements généraux (RG). Lorsque fin 2009 sonne l’heure de la retraite, il quitte son poste de chef adjoint de division à la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur, devenue DGSI) et continue sa route, dans le privé. Il crée sa société.
Ses anciens collègues de Levallois ne sont jamais loin. Comme Luc, un ancien officier du renseignement intérieur qui lui dispense des cours de magie. Mais Beaulieu est déjà un expert en dissimulation. Les enquêteurs ont découvert qu’il avait mené pendant des années une double vie, avec deux compagnes et deux maisons. Cependant, l’argent manque et les missions ne sont pas si nombreuses. Beaulieu tente de faire des affaires en Afrique. Il a même créé une filiale de son entreprise au Congo.
Aux enquêteurs, Vaglio raconte qu’il a rencontré Beaulieu "il y a 7 ou 8 ans, chez les frangins". Comprenez : chez les francs-maçons. Tous les deux sont membres de la loge Athanor (2), dans les Hauts-de-Seine. Athanor dépend de la Grande loge de l’Alliance maçonnique française (GL-AMF). Exclusivement réservée aux hommes, on y suit le "rite écossais ancien et accepté". C’est aussi par le biais de la franc-maçonnerie que Daniel Beaulieu maintient des contacts avec des hauts gradés de la police ou des agents actifs de la DGSE. Notamment F.P., basé au Kosovo, à qui il aurait transmis régulièrement des informations sensibles.
Mais c’est sur un terrain très éloigné des valeurs de la franc-maçonnerie ou de la police républicaine, que le duo Vaglio-Beaulieu se serait associé. Derrière la vitrine de leurs missions de surveillance et d’intelligence économique, se seraient organisés plusieurs contrats d’exécution, pour quelques milliers d’euros à la clé.
Étant donné qu’en garde à vue l’ancien flic des RG est plutôt loquace, un enquêteur de la PJ lui demande sans détours si plusieurs projets d’assassinat lui ont été confiés. "Le nombre total, ça se compte sur les doigts d’une main, répond-t-il spontanément. Et un seul assassinat a abouti." Les policiers restent médusés. Daniel Beaulieu se met à table. "La première proposition d’assassinat que me faisait Frédéric Vaglio, ça se passait dans le milieu de l’automobile. Il y avait une histoire de dettes."
Le crime était presque parfait. Laurent Pasquali, pilote automobile, ancien champion de France de rallye, disparaît sans laisser de traces en novembre 2018. "On s’inquiète, personne n’a de nouvelles, nous raconte son ami et copilote Anthony Beltoise. Il venait de perdre son père. Je me suis dit qu’il avait fait un burn-out et qu’il était peut-être parti en vacances. Je l’imaginais au Brésil, à Copacabana…" La réalité est bien plus sombre.
Pour financer ses saisons de course très onéreuses, Laurent Pasquali se serait fait "sponsoriser" par un couple de médecins passionné d’automobile. Mais, à partir de 2016, n’y trouvant pas son compte, celui-ci aurait voulu récupérer son argent. Le couple s’en ouvre alors à son ami, Frédéric Vaglio, qui s’engage à l’aider. Beaulieu est chargé de localiser le pilote endetté, et pour cela il actionne un jeune agent de protection, Sébastien Leroy. Un soir, après des mois de surveillance, Leroy et l’un de ses présumés complices auraient attendu Pasquali dans le parking de sa résidence sécurisée de Levallois-Perret.
Le pilote devait-il être exécuté ou les choses ont-elles dérapé ? En garde à vue, Vaglio livre sa version des faits : "Daniel m’a dit : 'Il y a juste un problème, ils ont buté le mec. Ils sont rentrés dans le garage, ils l’ont suivi et puis "boum", ils lui ont tiré dessus.' Je lui ai dit : 'Ca va pas, c’est quoi ce truc ?'. Il m’a dit : 'Ben ça arrive.'" Les policiers poursuivent l’interrogatoire : où est le corps du champion de rallye ? Vaglio ne le sait précisément. Mais Daniel Beaulieu lui aurait montré une photo. "J’en ai déduit qu’ils l’avaient emmené dans une forêt. L’individu avait un sac poubelle ou plastique sur la tête, il était en chien de fusil, dans un trou. Je dirais que le trou faisait un mètre de profondeur."
Le crâne et les ossements de Laurent Pasquali ont effectivement été découverts par hasard, dix mois après sa disparition, par un cueilleur de champignons, dans un bois de Cistrières, en Haute-Loire. Interrogé par les juges d’instruction le 2 mars 2021, Sébastien Leroy a réfuté la thèse d’une mise au point qui aurait mal tourné. "Le but était qu’on ne retrouve pas le corps. On m’a dit : 'Pas de preuve, pas de corps, pas d’enquête.' Ça devait passer pour une disparition." Frédéric Vaglio, lui, prétend qu’il n’a jamais donné d’ordre d’exécution. Mais il reconnaît qu’il a été payé pour cette mission par son couple d’amis. 12 000 euros, alors qu’il en aurait demandé 20 000.
Le profil de l’"homme de main", Sébastien Leroy, intéresse grandement les enquêteurs. Il rêvait d’être gardien de la paix mais a échoué au concours. Ce trentenaire, amateur d’arts martiaux à la silhouette plutôt frêle, s’oriente donc vers la sécurité privée et la protection rapprochée. Il a un ami à la DCRI qui veut le mettre en contact avec un "gars du service".
C’est ainsi qu’il rencontre Daniel Beaulieu près de l’École militaire à Paris. Leroy est sous le charme. À ce moment-là, assure-t-il aux juges lors d’un interrogatoire le 2 mars 2021, il ignore que son interlocuteur n’est plus un espion en activité. Beaulieu lui aurait proposé de devenir une source, un "indic", des services secrets. La proposition est alléchante. "Daniel" lui servirait d’officier traitant. Leroy accepte. "Ma première mission au nom du renseignement intérieur était d’accompagner un gouverneur cambodgien en visite en France", raconte-il aux magistrats. Puis il y a eu un opposant au régime congolais qu’il devait surveiller au nord de Paris. Cet homme, le général Mbaou, fera l’objet quelque temps plus tard d’une tentative d’assassinat.
Vient ensuite l’agression de l’élu du Val-de-Marne, Jean-François Le Helloco : "Une opération hors cadre ultra-secrète", selon Sébastien Leroy qui faisait partie du commando. Dans le journal de bord qu’il tient, et que les enquêteurs ont saisi en perquisition, il évoque d’autres missions violentes. "Je sens que je suis fait pour ça, y écrit-il. C’est étrange cette sensation que de gagner de l’argent pour défoncer quelqu’un."
Et le meurtre du pilote automobile ? Il reconnait y avoir participé, mais ce n’est pas lui qui a tiré, jure-t-il en audition. "Monsieur Pasquali, ça a été ma première mission homo [pour "homicide", terme utilisé par les services secrets agissant à l’étranger dans le cadre d’élimination de "cibles"]. Daniel m’a dit que cet homme était une menace pour l’État et tout particulièrement pour le milieu corse", raconte-t-il. En réalité, Laurent Pasquali n’était même pas corse… Des missions, Sébastien Leroy en aurait eu à la pelle. Les rendez-vous avec Daniel Beaulieu se font dans un bistrot près de la gare de Lyon. Pour chaque contrat, c’est devenu un rituel. À tel point d’ailleurs que Leroy donne à son officier traitant le pseudo de "petit café".
Daniel Beaulieu a-t-il réellement manipulé Sébastien Leroy au point de lui laisser penser qu’il pouvait tuer au nom de la raison d’État ? Au sujet de l’une des affaires de tentative de meurtre dans laquelle il est mis en cause, Daniel Beaulieu reconnaît sur procès-verbal avoir entretenu l’ambiguïté :
"Je sais que Sébastien est un peu borderline, il peut faire des trucs. Pour le motiver, j’ai laissé supposer qu’il s’agissait d’un contrat d'État."
EDITORIAL
Nous avons tous été confrontés un jour ou l’autre à un fait choquant qui nécessitait d’être révélé à la face du monde.
Mais désavantagés par l’absence de moyens de nous exprimer, nous avons fini par abandonner. Or, pesant
soigneusement les mots et en cherchant à trouver la bonne formule, il est possible de régler la majeure partie des
problèmes qui nous rongent.
La voix du peuple est cet espace qui nous faisait défaut. Elle a pour ambition l’information du grand nombre dans la
dénonciation sans appel de toute dérive de nos responsables politiques congolais, tout bord confondu, qui poseraient
des actes qui opposent le « mal au bien » du peuple congolais à travers des actions telles :
-des abus de tout genre ;
-des injustices vis-à-vis des plus faibles ;
-des scandales économiques, politiques, judiciaires…
La voix du peuple a aussi pour mission, l’assistance des « sans voix » dans la publication de leurs opinions.
La voix du peuple est pour nous tous donc une arme qui nous permet de nous soulager de nos douleurs longtemps
comprimées, et aussi de faire respecter les droits que nous défendons. Désormais, nous parviendrons, grâce à elle, à
atteindre dans leurs tanières, leurs châteaux, leurs bunkers, leurs tours…, les intouchables, les protégés, les
invulnérables.
Enfin, se voulant porteuse des valeurs de vérité, de justice, de paix, de la morale, de la vertu et de l’unité de tous les
enfants du Congo du nord au sud, de l’ouest à l’est, la voix du peuple s’insurge, dans l’impartialité, contre des
agissements s’apparentant à de la propagande, au dénigrement matérialisés par :
-des propos indélicats ;
-du culte de la division ;
-des accusations affamantes ;
-des observations désobligeantes ;
-des contre vérités…
Aussi, au regard de ce qui précède, un article des « sans voix » qui ne respecterait point les dites prescriptions, sera
purement et simplement écarté.
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