Djess dia Moungouansi à cœur ouvert : « Aucun peuple ne peut être heureux, à subir une famille, un clan, qui confisque l’essentiel de la richesse nationale, pendant près de quarante ans ! »
Djess dia Moungouansi est un activiste de la première heure pour les causes prioritaires de la nation congolaise. En l’occurrence la lutte contre la corruption, la justice sociale et l’impulsion d’un développement garantissant la dignité des congolais. Djess, nous pouvons le dire sans complexe, demeure un activiste toujours en quête inlassable de connaissance et pour les besoins de ses recherches et surtout pour le salut de son pays d’origine, le CONGO. Au moment où le Congo vit une période trouble sur le plan socio-économique l’urgence serait d’apporter des réponses et non de s’affronter.
C’est cette quête de solution qui pousse DAC e NEWS d’aller vers les compatriotes pour obtenir leurs impressions. Notre choix s’est porté aujourd’hui sur Monsieur Djespell Maurice KIBANGOU plus connu sous le nom de Dia Moungouansi Djess, Economiste et Analyste politique résident à Paris .
DAC : Monsieur Djess merci pour votre disponibilité et avant tout DAC e NEWS vous souhaite une bonne année 2018. Avec vous, nous allons aborder la situation chaotique que traverse le Congo. Depuis la fin de l’année dernière le Congo a engagé des pourparlers avec le FMI pour essayer de pallier à une crise économique majeure. Comment peut-on en arriver là avec l’embellie financière qu’a connue le Congo ?
Dia Moungouansi Djess : D’ emblée, je vous sais gré de m’avoir donné cette opportunité d’exprimer mes sentiments sur la situation de notre pays. Mon âme d’Economiste saigne face à ce gâchis et à son corollaire qui est le retard abyssal que prend notre pays par la faute d’un seul homme. Notre pays est devenu la risée en Afrique. Sur tous les plans. Il y a peu de temps, le satrape d’Oyo s’est distingué sur le plan africain en accordant des OFNI( Objets Financiers Non Identifiés) à quelques pays africains en relative bonne santé financière que le nôtre, notamment à la Côte –d’Ivoire. Il ne s’est pas arrêté là : Il a octroyé des « crédits » tous azimuts à d’autres pays africains ; 50 milliards de francs CFA au Niger, 50 milliards de francs CFA à la Guinée Conakry, 25 milliards de francs CFA à la République centrafricaine et à une institution financière, 50 milliards de francs CFA à la BDEAC.
Figurez-vous : quelques jours après cette prodigalité( générosité excessive) de 100 milliards de F CFA, Alassane OUATTARA inaugurait l’autoroute Abidjan- Yamoussoukrou. Le manque de sens des priorités de Sassou a soulevé des vagues d’indignation doublée d’incompréhension en Côte d’Ivoire !
Vous savez, pour se faire une idée de votre pays, il est toujours judicieux de procéder à des comparaisons à d’autres. Je vous suggère d’aller visiter un pays comme le Sénégal, qui pendant que le Congo caracolait avec des budgets de plus de 4000 milliards de Fcfa en 2014 pour une population d’à peine 4 millions d’habitants ; le Sénégal un budget de 2780 milliards de F CFA pour une population de 14 millions d’habitants, continue sa marche assurée vers l’émergence.
Tout compte fait, la situation dans laquelle Sassou et son clan ont plongé notre pays est simplement surréaliste. Elle dépasse tout entendement !
DAC : On évoque ici et là la volatilité d’énormes sommes destinées aux générations futures cela vous inspire quoi comme sentiment ?
D M D: Ce constat est simplement symptomatique d’un Etat en faillite. Nous n’avons plus d’Etat d’autant plus que Sassou et ses sbires se comportent comme des barbares en territoire conquis. Ils font ce qu’ils veulent et n’ont de compte à rendre à personne. Dans un pays normal, ces malfaiteurs n’auraient plus droit de cité. C’est pourquoi, pour envisager un avenir viable pour notre pays, on doit s’atteler dès maintenant à concevoir des mécanismes juridiques qui écarteraient définitivement tous ces prédateurs de la gestion de la chose publique. De même, tout devra être mis en œuvre pour récupérer tous les fonds planqués ça et là à travers la planète, pour reconstruire notre pays. Tout est possible, à condition que cela se fasse dans un élan de réconciliation nationale, sans esprit de vengeance.
DAC : Le Congo serait-il victime d’une carence d’économistes ou d’un problème de mal gouvernance ?
D M D: Pour parler trivialement, le Congo est victime de la dictature. L’une des plus féroces de la planète.On a beau être meilleur Economiste du monde, on aurait du mal à faire florès dans un environnement plombé par des pesanteurs dictatoriales comme la gabegie, le népotisme etc…
Quand je vois la situation de mon ancien Professeur d’économie à Marien Ngouabi, Louis BAKABADIO, qui inspirait respect et fierté ; devenu un simple décorum, payé pour cirer les pompes du dictateur, je me dis que le pays est mort. Ceux-là qui devraient le sortir des abîmes de la médiocrité ont démissionné. Et dans un pays, quand les intellectuels sont abonnés absents, le rempart s’effondre. Ils doivent être le bouclier contre l’obscurantisme en mettant en avant les valeurs de mérite, du goût de l’effort, de la réussite par le travail.
DAC : L’économie va de pair avec la politique dit-on, que pensez-vous des accords signés le 23 décembre 2017 à KINKALA dont les pourparlers se sont poursuivis ce week-end avec la mise en place d’une commission ad doc ?
D M D: Loin de moi l’idée de jouer les Cassandre, le projet d’accord ( les points définitifs ne sont pas encore retenus ) me laisse pantois. On voit un remake du même « Accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités » du 16 Novembre 1999. On ne peut pas soigner une pathologie sans en avoir fait au préalable un diagnostic approfondi. Il s’agit bel et bien d’une crise post-électorale déclenchée par Sassou par son obsession du changement de constitution au moyen des armes en octobre 2015, exacerbée par la fabrication d’une guerre contre les populations civiles au Pool, pour détourner l’intention de la communauté internationale du hold –up électoral du 20 mars 2016. C’est de cela dont il s’agit. Pour plus de perspicacité, la fameuse commission ad hoc doit tenir compte de ces faits pour prétendre concevoir une thérapeutique idoine.