Suite à l’encerclement depuis jeudi 22 octobre 2015, des résidences de deux(2) leaders de l’Initiative pour la Démocratie au Congo (IDC), à savoir : Guy Brice Parfait Kolélas (au quartier la Glacière) et André Okombi Salissa ( au quartier Cathédrale) à Brazzaville, le Collège des présidents du Front Républicain pour le Respect de l’Ordre Constitutionnel et l’Alternance Démocratique (FROCAD) a donné une conférence de presse, deux jours plus tard, le 24 octobre, pour condamner cette basse besogne qui consiste à séquestrer, bloquer, torturer et priver de liberté des personnes humaines pourtant proclamées « sacrées » par la Constitution du 20 janvier 2002.
Dès les premières heures de la matinée du 24 octobre 2015, notamment entre 5h45 et 8h00, c'est-à-dire peu avant la tenue de la conférence animée par Clément Miérassa, Emmanuel Bongouanza et Guy-Romain Kinfoussia, les habitants des quartiers sud et du centre-ville de Brazzaville ont aperçu le général Jean François Ndengué, Directeur général de la police, accompagné d’une horde de plus de mille soudards, habillés en uniformes des Forces armées congolaise (FAC).
Cette horde était plutôt composée de bandits, de mercenaires étrangers et d’éléments des Unités spécialisées de la Police congolaise (USP), appuyés par des engins et véhicules blindés.
Tous les soudards avaient pris position dans les quatre (4) quartiers sud de la capitales (Madibou, Makélékélé, Mfilou et Bacongo) pour empêcher, selon eux, les habitants de sortir de leurs maisons et aller vaquer à leurs occupations. En réalité, ces éléments en uniformes armés jusqu’aux dents auraient reçu la mission d’étouffer un éventuel déferlement des partisans des leaders de l’Opposition regroupée au sein de la plateforme politique IDC, qui auraient envisagé d’aller lever le blocus et libérer de force Guy Brice Parfait Kolélas, Jean-Baptiste Bouboutou-Bemba et toutes les autres personnes séquestrées en sa résidence quadrillée par des mercenaires burundais, des éléments de la Garde Républicaine (GR) et autres. Parmi les personnes bloquées chez Parfait Kolélas se trouvent un membre du Conseil des présidents de cette plateforme, très malade : Michel Mampouya.
Le message de condamnation pendant la conférence de presse
D’entrée de jeu, du haut de la tribune de la salle de conférences du siège de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), situé au quartier Diata de Makélékélé (1er arrondissement de Brazzaville), les orateurs du FROCAD, Clément Miérassa, Emmanuel Bongouanga et Guy-Romain Kinfoussia ont condamné avec la dernière énergie la mise en quarantaine des leaders de l’IDC, qui se voient ainsi privés de leur droits fondamentaux les plus élémentaires : droit d’aller et venir, droit à l’alimentation, droit aux soins de santé, droit aux visites, etc.
Pour ne prendre que l’exemple de Michel Mampouya, Vice-président du Conseil Economique et Social et président du parti PSVR (Parti pour la Sauvergarde des Valeurs Républicaines, une formation membre de l’IDC), il accuse une santé précaire depuis qu’il a cessé de prendre sa cure de médicaments, débutée avant de se retrouver bloqué chez Parfait Kolélas.
« Nous –mêmes en savons quelques chose, pour avoir été séquestrés à la DGST (Direction générale de la surveillance du territoire), à Brazzaville, le mercredi 21 octobre 2015 », ont rappelé les 3 animateurs de la conférence de presse. En effet, ce jour-là, Guy-Romain Kinfoussia, Clément Miérassa, le Colonel Emmanuel Bongouanza et Marion Mandzimba Ehouango avaient été arrêtés devant le siège de l’UPADS à Diata où ils animaient une conférence de presse, par des prétendus policiers qui avaient fait crépiter des coups de feu avant d’entrer dans l’enceinte du siège.
Malheureusement, les trois leaders du FROCAD avaient été soupçonnés d’être les commanditaires des émeutes du 20 octobre, et ils ont été immédiatement conduits à la DGST à bord d’un bus Coaster. Arrivé à la DGST, grande a été leur surprise de constater qu’une pléiade de journalistes accompagnaient le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Brazzaville, André Oko-Ngakala. Selon ce dernier qui avait ouvert une instruction judiciaire au sujet des personnes interpellées à la suite des incidents du mardi 20 octobre 2015, « les manifestants ou les opposants étaient pris en flagrant délit de port de cocktails Molotov ».
En réalité, plusieurs observateurs avertis s’accordent à dire qu’il ne s’agissait que d’un montage grossier de la part d’André Oko-Ngakala et ses complices de la Force publique. Ces cocktails Molotov appartenaient aux éléments armés du pouvoir, qui ont prétendu les avoir retrouvés dans les mains des manifestants pour démontrer le fameux flagrant débit.
Devant l’évidence de son mensonge grossier et du caractère vide de son instruction judiciaire, le Procureur de la République a finalement requis la libération des Opposants Kinfoussia, Miérassa, Bongouanza et autres, des geôles de la DGST.
« Vous êtes libres ; l’instruction est finie », a tout simplement déclaré le Procureur. Sous d’autres cieux, Andé Oko-Ngakala, qui n’en était pas à sa première forfaiture ou escroquerie judiciaire, serait déjà rayé des effectifs des juridictions du Ministère de la justice. Il n’y a qu’à se souvenir de son triste passage à la tête du Tribunal d’instance de Poto-Poto (3è arrondissement de Brazzaville), lorsqu’il s’était livré à un trafic des domaines fonciers appartenant à autrui.
La dénonciation de la composition des unités déployées par le général Ndengué
Les trois membres du Collège des présidents du FROCAD n’ont pas manqué de révéler à la presse qu’en réalité, il ne s’agit pas de vrais policiers que le général Ndengué a déployés dans les quartiers sud. Ce sont plutôt des mercenaires étrangers, des tueurs à gage et des criminels de tout acabit, sans foi ni loi, prêts à distribuer la mort aux paisibles populations.
De toute manière, ont conclu les orateurs, la communauté nationale et internationale est prise à témoin pour constater le mauvais usage que le pouvoir de Brazzaville fait de la tenue officielle dans la Force publique congolaise, en la faisant porter à des personnes immorales qui privent de liberté des honnêtes gens.
D’où, l’appel qu’ils ont lancé à cette même communauté nationale et internationale représentée par les Nations-Unies, l’Union européenne, l’Union africaine, les Etats-Unis, la France, … de peser de leur poids pour obtenir la levée du blocus autour des résidences des Opposants congolais ainsi que la libération de leurs occupants.
D’ores et déjà, il sied de dire haut et fort, que le pouvoir de Brazzaville ne veut pas dialoguer avec les Opposants avant la tenue et la publication des résultats du Référendum du 25 octobre 2015. Les efforts déployés par l’Archevêque de Brazzaville et le Représentant du secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale pour jouer la médiation en vue d’obtenir cette levée de blocus et un climat apaisé en République du Congo ont été jusque-là vains.
De l’avis de plusieurs analystes politiques, cette libération des Opposants et ce dialogue prévus par le pouvoir après le 25 octobre risque de ne pas arranger les choses.
Ghys Fortuné BEMBA-DOMBE
au changement de la constitution
Brazzaville, Steve OBORABASSI pour la Voix du Peuple