KIRGHIZISTAN : LE PEUPLE ENCORE VICTIME DE LA DICTATURE (les assoifés du pouvoir)
Le gouvernement par intérim porté au pouvoir par un soulèvement au Kirghizistan a promis jeudi 8 Avril 2010 l'organisation d'une élection présidentielle dans les six mois, tout en affirmant que le président évincé Kourmanbek Bakiev tentait de rassembler ses partisans dans le sud du pays.
Contactée par Libération.fr, un représentant de l'ambassade de France à Bichkek expliquait ce jeudi matin que «la situation est redevenue normale dans les rues. Les gens attendent les déclarations du gouvernement provisoire».
Lors d'une conférence de presse, la chef du gouvernement par intérim installé à l'issue du soulèvement qui a fait de 68 à 100 morts mercredi 7 Avril 2010 selon les sources, Rosa Otounbaïeva, a également annoncé que le parlement allait être dissous.
Rosa Otounbaïeva
Le pouvoir est sous le contrôle du gouvernement provisoire. Cette construction du système politique va fonctionner durant six mois pour préparer une nouvelle Constitution et organiser la tenue d'une élection présidentielle conforme à toutes les règles démocratiques», a-t-elle déclaré à la presse.
L'ancienne ministre des Affaires étrangères a promis que son gouvernement ne répéterait pas les erreurs de Kourmanbek Bakiev, porté au pouvoir par une révolution en 2005, mais lâché rapidement par ses propres partisans, accusé de dérive autoritaire, fraude électorale, et de distribuer prébendes et postes à responsabilités aux membres de sa famille.
L'ex-république soviétique d'Asie centrale, qui abrite une base aérienne clé pour les opérations américaines en Afghanistan, était plongée dans des crises politiques à répétition.
«Le président (Bakiev) tente de rassembler ses partisans dans le sud (du pays) pour continuer de défendre ses positions», alors que «l'opposition insiste pour qu'il remette sa démission», a par ailleurs assuré Rosa Otounbaïeva. «D'après nos informations, il se trouve à Djalal-Abad», sa ville natale.
Les proches de Kourmanbek Bakiev, 60 ans, étaient injoignables pour commenter ces allégations, mais de nombreux médias du Kirghizstan, du Kazakhstan et de Russie le disent aussi dans le sud du pays, son bastion.
Le Kirghizistan est traditionnellement divisé entre la population du nord, réputée plus riche et plus urbaine, et celle du sud, plus rurale et traditionnelle. Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a offert l'aide de la Russie, au cours d'une conversation téléphonique avec Rosa Otounbaïeva, a indiqué jeudi le porte-parole du chef de gouvernement russe.
La veille, le président russe Dimitri Medvedev, dont le pays dispose aussi d'une base militaire au Kirghizistan, avait qualifié la révolte «d'affaire interne», qui montre «l'extrême colère des gens ordinaires contre le régime».
Rosa Otounbaïeva a tenté de rassurer les Etats-Unis en assurant que le fonctionnement de la base militaire américaine de Manas, près de Bichkek, par laquelle transitent la plupart de leurs soldats déployés en Afghanistan, n'était pas compromis. «Rien ne va changer» concernant l'accord sur cette base signé par Kourmanbek Bakiev et les Etats-Unis, a-t-elle assuré.
L'opposition à Kourmanbek Bakiev avait pris mercredi le contrôle des centres névralgiques du pouvoir, après une journée de violences entre manifestants et forces de l'ordre qui ont fait, selon le ministère de la Santé, au moins 68 morts. Un dirigeant de l'opposition, Omourbek Tekebaïev a avancé le chiffre de 100 victimes.
Le siège du gouvernement et de la présidence ont été saccagés. Des centaines de personnes s'y trouvaient encore jeudi après-midi, pillant les locaux et jetant les dossiers par les fenêtres brisées de l'immeuble. Kourmanbek Bakiev était lui-même arrivé au pouvoir en mars 2005 à l'issue d'une révolution émaillée de violences, promettant de démocratiser le pays et de mettre fin à la corruption.
Comme dans bon nombre de pays, la fin d’une dictature se termine toujours dans le sang. Au KIRGHIZISTAN, le peuple est encore victime des accros du pouvoir faisant au mois 68 morts. Alors que le dialogue, la concertation, la négociation, le compromis pouvait éviter toutes ces pertes humaines.
Ouzbékistan, Oleg AFANASSOV pour la Voix du Peuple.