CONGO BRAZZAVILLE - RCA : LA FACE CACHÉE DE L'ACTIVISME DE Denis SASSOU N'GUESSO DANS LA CRISE EN CENTRAFRIQUE
Denis SASSOU N' GUESSO
François BOZIZÉ , le 30 Décembre 2012 à Bangui
Les Rebelles de la SELEKA
Selon nos informations, c’est pratiquement Denis Sassou N’Guesso qui dirige actuellement le Centrafrique depuis son palais du Plateau, à Brazzaville. Il est informé minute par minute de l’évolution de la situation à Bangui. Et pas plus tard qu’hier, François Bozizié lui a téléphoné pour lui annoncer que la base arrière des rebelles était coupée et qu’ils vont bientôt manquer de minutions et de nourriture. Mais cette information a été démentie par notre contact sur place qui affirme au contraire que les rebelles continuent de progresser, de gagner du terrain et ont même pris le contrôle de deux nouvelles villes du pays.
Denis Sassou N’Guesso est le Grand-Maître de François Bozizié, c’est lui qui l’a initié à la Franc-maçonnerie. Denis Sassou N’Guesso a donc une très grande emprise sur François Bozizié. À ce titre, c’est lui qui tire les ficelles, prend toutes les décisions et dicte à son filleul la conduite à tenir. C’est par exemple sur ses conseils avisés que François Bozizié a annoncé publiquement qu’il ne se représentera pas aux élections en 2016 et appelé aux négociations.
Sur ce point, le plan de Denis Sassou N’Guesso est simple : Faire entrer l’opposition au gouvernement, ensuite mettre à profit les deux ou trois prochaines années pour bien contrôler ce gouvernement en arrosant tous les opposants à coup de milliards et les discréditer auprès de la population ; ce qui permettra alors à son filleul de reprendre définitivement la main. Ainsi, comme il dit lui-même que « les africains oublient vite », il aura roulé tout le monde dans la farine et son filleul sera alors en ce moment là en situation de modifier tranquillement la Constitution pour se représenter en 2016.
Denis Sassou N’Guesso est donc au centre de tout dans cette crise en Centrafrique. Pour préparer les futures négociations, c’est encore lui, Denis Sassou N’Guesso, qui a dicté à Bozizié les arguments chocs à fourbir en vue des pourparlers qui devraient prochainement s'ouvrir à Libreville, au Gabon. Comme il sait que les occidentaux ont une peur noire des islamistes, alors il a décidé de jouer sur cette corde sensible en conseillant à son filleul d’accuser la rébellion Séléka d'être majoritairement composée de terroristes Islamistes qui ont participé aux guerres du Tchad, du Soudan et de Libye, et qui prêchent un islam rigoriste voisin du salafisme.
Et pour mieux étayer cette thèse islamiste et la rendre plus crédible, il a également émis des interrogations sur les sources de financement des rebelles en accusant insidieusement l’Arabie Saoudite et le Qatar d’être les principaux pourvoyeurs de fonds de la rébellion Séléka.
En effet, Sassou N’Guesso sait que depuis la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide, la propagation de l’islamisme fondamentaliste est devenue la principale hantise des occidentaux et, en brondissant la menace islamique, la France va automatiquement revoir sa position vis-à-vis des rebelles du Séléka. Ce d’autant plus qu’il n’a pas échappé au dictateur congolais que depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, seuls deux de ses camarades dictateurs endurcis, le Burkinabé Blaise Compaoré et le Tchadien Idriss Deby, continuent d’être dans les bonnes grâces de la France à cause justement de leur rôle dans la lutte contre les Islamistes armés postés dans le Nord du Mali.
Mais en jouant sur cette fibre de la peur de l’islam, en se montrant opportunément anti-islamiste, en accusant insidieusement l’Arabie Saoudite et le Qatar de financer la rébellion Séléka et de vouloir islamiser la sous-région de l’Afrique Centrale, Sassou N’Guesso semble avoir oublié qu’il a lui-même permis l’installation des mosquées au Congo à la demande de l’Emir du Qatar en échange de la construction d’un centre commercial à Brazzaville.
Nous demandons à François Hollande et à la France de ne pas tomber aveuglement dans ce piège que leur tend Sassou N’Guesso. La France dispose en effet de services de renseignements très efficaces capables d’obtenir les bonnes informations sur la composition et la nature réelles de la rébellion Séléka.
Il ne faut surtout pas oublier que Sassou N’Guesso a toujours usé de la ruse et du mensonge pour se sortir de situations difficiles. Chaque fois qu'il rencontre une difficulté, il a toujours su toucher la corde sensible et jouer sur les peurs pour retourner la situation en sa faveur et reprendre la main. C'est de la même manière que pendant la guerre de 1997, pour obtenir le soutien de Dos Santos, il avait brondi la menace que faisait planer sur l’Angola la latitude qu’aurait laissée Pascal Lissouba à l'UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola) de Jonas Savimbi et au Front de libération de la province de Cabinda (FLEC) d'utiliser le territoire du Congo comme base arrière de leurs entreprises de déstabilisation de l'Angola ; ce qui avait alors valu à son adversaire l'hostilité affirmée de Dos Santos.
Denis Sassou N’Guesso veut à tout prix faire échouer l’assaut final des rebelles Séléka sur Bangui. En fait derrière son activisme dans cette crise en Centrafrique, Denis Sassou N’Guesso a d’autres préoccupations plus personnelles. Il perçoit derrière cette crise les signes avant-coureur d'une vague qui va s’étendre à l’ensemble de la sous-région de l’Afrique Centrale et qui risque de l’emporter. En volant au secours de son filleul, Bozizié, il joue avant tout son propre avenir car il a très peur des Likoualiens qui pourraient se servir de Bangui comme base arrière pour déstabiliser son pouvoir. D’où son activisme dans cette crise en Centrafrique.
En vérité, Sassou N’Guesso a un gros différend avec les Likoualiens. À l'origine, un vieux contentieux entre Sassou N’Guesso et Yves Motando qui a dégénéré au début des années 1970 et qui a connu une tournure beaucoup plus dramatique depuis la fin de la guerre de 1997.
Tout commence en 1972. Informé que Ange Diawara et ses camarades préparaient un coup d’état, le 19 février 1972 Sassou N’Guesso abandonne ses camarades Motando, Issambo et autres et part rejoindre le Président Marien Ngouabi à Pointe-Noire. Le 22 février, lorsque Diawara et ses camarades font leur putsch, Sassou N’Guesso est donc à Pointe-Noire, très loin de ses camarades du régiment para-commando. Motando qui ne supporte pas cette attitude de lâche, n’a plus jamais marché avec Sassou N’Guesso et ne l’a plus jamais accepté comme chef, le traitant de "poltron", et depuis cette date, entre Motando et Sassou N’Guesso, l'inimitié et la haine étaient à jamais déclarées.
On comprend alors très aisément pourquoi Sassou N’Guesso avait tenté de faire porter la responsabilité de l’assassinat du Président Marien Ngouabi à son ennemi juré, Motando, en 1977, et pourquoi il l’avait fait radier de l’armée aussitôt après son coup d’état contre Yhombi, le 05 février 1979. Motando avait soutenu Yhombi en 1979 et quand Sassou N’Guesso gagne, il le frappe en le radiant de l’armée.
Ensuite, Motando qui avait été entretemps réhabilité par la conférence nationale, en 1991, était nommé commandant de zone à Dolisie, en 1992, par Pascal Lissouba, qui le connaissait très bien par l’entremise de son épouse Likoualienne Dibébéké. Mais pour avoir ouvertement critiqué la nomination du général Mabika au poste de Chef d'État Major Général des Forces Armées Congolaises, Motando sera finalement relevé par ce dernier de ses fonctions de commandant de zone et se retrouvera au chômage.
En fait, depuis les années 1970, Motando avait gardé une très mauvaise image de Mabika à cause de son attitude indigne pendant la lutte contre les incursions des indépendantistes cabindais des FLEC (Forces de Libération de l’Etat du Cabinda, le groupe armé qui se bat pour l’indépendance du Cabinda, une enclave angolaise) sur le territoire congolais pour saboter la voie de réalignement du CFCO qui était en construction. Mabika se faisait toujours malade et n’était jamais sur le terrain des opérations avec les autres.
Pour Motando, un tel officier n’avait donc ni l’étoffe ni les qualités requises pour occuper le poste de Chef d'État Major Général des Forces Armées Congolaises.
C’est ainsi que quand la guerre éclate, en juin 1997, Motando est au chômage et sera approché par ses frères Likoualiens, notamment par Mamadou Decamo Kamara pour qu’il les rejoigne aux cotés de Sassou N’Guesso puisque personne parmi les officiers qui étaient avec Sassou N’Guesso n’avait accepté de prendre le commandement des opérations. Sachant que Motando ne marcherait pas avec Sassou N’Guesso, Decamo Kamara lui demandera alors de poser ses conditions.
La rencontre entre Sassou N’Guesso et Motando aura lieu à Oyo, au cours de laquelle les deux « frères ennemis jurés » passeront un marché. Motando accepte donc de prendre le commandement des opérations et en contrepartie il demande à Sassou N’Guesso de lui payer la somme d’1 milliard de francs CFA et exige le versement d’une avance de 500 millions. Sassou N’Guesso accepte mais ne lui verse ce jour-là que la moitié c’est-à-dire 250 millions de francs CFA.
Voilà donc comment Motando va se retrouver aux cotés de son ennemi juré Sassou N’Guesso pendant sa guerre contre Pascal Lissouba, en 1997. Mais dans l’esprit de Sassou N’Guesso les choses étaient très claires : à ses yeux Motando n’était à ses cotés que comme un mercenaire à qui il devra s’acquitter de son solde dû une fois la guerre terminée. Contrairement donc à Motando, son allié de circonstance, Sassou N’Guesso n’est pas bête et il sait jouer. Il n’a pas confiance en Motando mais il a besoin de ses services.
Ainsi donc Sassou N’Guesso avait très vite compris qu’il allait avoir Motando et ses frères Likoualiens comme une épine sous le pied. Car il ne voulait pas avoir à partager son pouvoir avec ces gens de la Likouala qu’il avait pris à ses cotés comme de simples mercenaires. Dès lors il n’avait plus qu’une seule idée en tête : s’employer à affaiblir les Likoualiens et pour cela il lui fallait absolument mettre une ceinture tout autour de la Région de la Likouala.
Après sa victoire, il nomme Motando Chef d'État Major Général des Forces Armées Congolaises et il n’oublie pas de lui payer sa dette (il verse à Motando un premier paiement de 750 millions de francs CFA puis deux autres paiements de 500 millions). Une fois qu’il lui a payé la totalité de son solde dû, il l’a immédiatement écarté de ses fonctions de Chef d'Etat-major Général pour en faire son Chef d’Etat Major particulier afin de bien le surveiller.
Mais pour bien affaiblir les Likoualiens, Sassou N’Guesso va surtout s’appuyer sur Henri Djombo qu’il va instrumentaliser. Et c’est Jean-Marie Tassoua qui avait très vite compris le jeu trouble de Sassou N’Guesso et prévenu ses frères Likoualiens qu’il fallait agir vite sinon « le serpent allait les mordre », qui était le premier à être écarté du gouvernement après la guerre.
Depuis, Yves Motando et Ambroise Edouard Noumazalaye sont décédés dans des conditions suspectes comme François-Xavier Katali avant eux.
Charles Zacharie Bowao vient d’être écarté du gouvernement et humilié en lui faisant porter le chapeau dans une affaire aussi grave que celle des explosions du 04 mars 2012. Sans oublier le traitement infligé à d’autres Likoualiens comme Alain Moka, Decamo Kamara et autres. Quant aux généraux Essongo et Mokoki, ils sont subtilement écartés du haut commandement militaire pour les affaiblir avant de s’en débarrasser définitivement.
Redoutant une rébellion Likoualienne menée à partir du territoire de la République Centrafricaine voisine, Denis Sassou N’Guesso va alors instrumentaliser François Bozizié pour mettre une ceinture tout autour de la Région de la Likouala. Sa stratégie consiste à éviter à tout prix que le Centrafrique ne devienne la base arrière d’une éventuelle rébellion Likoualienne contre son pouvoir.
En vérité, Denis Sassou N’Guesso a bien conscience qu’aujourd’hui, il n’a plus aucun véritable soutien dans toutes les régions du Nord du pays qui était longtemps considéré, à tort ou à raison, comme son fief naturel. Il a réussi à se mettre tout le monde à dos et il fait aujourd’hui l’unanimité contre lui chez les Tékés, les Likoualiens, les Kouyous, les ressortissants de la Sangha etc... Denis Sassou N’Guesso est donc bel et bien aujourd’hui un homme seul, replié sur sa famille et son ethnie Mbochi.
Voilà donc pourquoi il veut à tout prix faire échouer l’assaut final des rebelles du Séléka sur Bangui qui pourrait devenir demain la base arrière d’une coalition rebelle des Likoualiens, Tékés, Kouyous, ressortissants de la Sangha... contre son pouvoir.
«Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi »
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