LE DISCOURS DE BARACK OBAMA AU GHANA LAISSE LES TRACES AU CONGO BRAZZAVILLE : le 12 Juillet 2009 le peuple Congolais l’a mis en application
L’ANALYSE DE JEAN BAPTISTE PLACCA
A la surprise générale, Denis Sassou Nguesso n’a recueilli que 78,61% des voix à la présidentielle du 12 juillet 2009. Vous imaginez la déception ? 21% des électeurs congolais ont osé ne pas voter pour lui ! Des traîtres à la nation, forcément !
Voilà donc ce peuple assigné, pour encore sept ans, à un tête-à-tête avec cet homme qui cumule vingt-cinq ans de règne sur le pays et sur ses richesses. Un opposant, ancien ministre des Finances, prétend que Sassou Nguesso – qui se proclame bâtisseur – n’est qu’un « bâtisseur familial », là où l’on attend un « bâtisseur national ». Il affirme que 11 000 milliards de francs CFA (de la manne pétrolière) ont été dépensés, ces dernières années, en toute opacité, et que onze cargaisons de pétrole, d’une valeur de 400 milliards de francs, se sont évaporées dans la nature, rien qu’en 2008.
Un malicieux hasard a voulu que la réélection de Denis Sassou Nguesso survienne au lendemain du discours de Barack Obama, à Accra, dans lequel le chef de l’exécutif américain donnait, par moment, l’impression de parler en particulier de tel ou tel dirigeant africain. S’il ne les a pas cités nommément, eux se seront reconnus, comme vous avez dû les reconnaître, vous aussi.
A qui peut penser Obama, lorsqu’il dit que « l’histoire est du côté des Africains qui se mobilisent contre la corruption, le népotisme et le copinage, et non du côté de ceux qui font des coups d’Etat ou changent les Constitutions pour rester au pouvoir ? »
Qui vise-t-il, lorsqu’il affirme que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes » ?
« Personne ne veut vivre dans un pays où la brutalité et la corruption l’emportent sur les règles de droit. Car cela n’est pas la démocratie, mais de la tyrannie, et il est temps, maintenant, que cela cesse ! », dit encore Barack Obama.
Et qui vise-t-il, lorsqu’il déclare que « aucun pays ne peut créer de la richesse si ses dirigeants empochent systématiquement 20% sur tous les marchés, si la police y est achetée par des trafiquants de drogue, et l’autorité portuaire, gangrenée par la corruption » ?
Il ne pense peut-être pas au Congo, lorsqu’il dit que tout cela n’est pas qu’une question d’élections, et que l’important est ce qui se passe entre deux élections. Mais quel Congolais ne se sentirait pas interpelé, lorsque le président américain Barack Obama incite les populations à demander des comptes à leurs dirigeants, et à les tenir pour responsables de leurs mauvaises décisions.
En définitive, ce discours d’Accra est un véritable appel à la révolte. Un dangereux subversif, ce Barack Obama !