DECLARATION DE L' ARD : EN AVANT POUR LE MEGA MEETING & LES ETATS GENERAUX DE LA NATION
ET LA DEMOCRATIE
A.R.D
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CONFERENCE DES PRESIDENTS
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BUREAU
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SECRETARIAT PERMANENT
Déclaration de l’Alliance pour la République et la Démocratie à la Coordination nationale du 23 février 2013
La première session de la Coordination nationale de l’ARD au titre de l’année 2013, se tient à un moment où le Congo va à la dérive. Malgré les revenus financiers colossaux générés par les recettes pétrolières (le budget de l’Etat exercice 2013 évalué à 4 mille 91 milliards de FCFA), 70% des Congolais mènent une vie misérable. Tout l’argent public va dans les poches de la famille régnante et des autres détenteurs du pouvoir. Leur fortune se chiffre en milliards de dollars. Ils tirent leur immense fortune de la fraude fiscale et douanière, de la passation de marchés publics et des adjudications faussées, des commissions occultes et des pots-de-vin, de l’auto-attribution de marchés publics et des détournements des deniers publics. Avec l’argent public détourné, ces nouveaux riches se construisent de nombreuses villas impériales, des hôtels cinq (05) étoiles à Brazzaville, à Pointe-Noire et à Oyo, créent par l’intermédiaire de prête-noms, des entreprises privées à qui sont attribués tous les marchés publics, s’approprient le patrimoine de l’Etat et se constituent des parcs automobiles privés de plusieurs véhicules 4x4 et autres voitures de luxe. Par exemple, la famille régnante est ainsi actionnaire dans deux grandes banques de la place et dans plusieurs entreprises de travaux publics et d’exploitation forestière.
Les récents scandales constitués d’une part, par la découverte en France, de 8 millions d’euros, soit 5 milliards de FCFA dans l’appartement d’une des filles du président de la République, lors des perquisitions des villas appartenant à la famille Sassou Nguesso, d’autre part, par la vente de 18 cargaisons de pétrole de l’Etat à la société de trading pétrolier Gunvor, scandale révélé par la presse suisse et le site Internet Médiapart, sont une illustration éclairante de l’origine frauduleuse de la fortune des gouvernants du Congo et de leur famille. Selon ces sources, courant 2010, une société de négoce pétrolier, dénommée Gunvor, domiciliée à Genève en Suisse, a acheté, par l’entremise d’un négociant privé congolais, 18 cargaisons de pétrole congolais, pour une rondelette somme de 2 milliards de dollars, soit 1000 milliards de FCFA, somme logée dans le compte de ce privé, membre de la famille présidentielle, à la banque « Clariden Leu ». Informées par la Vice-présidente de cette banque, les autorités suisses ont bloqué le compte incriminé et porté plainte contre X. L’ARD se propose de se porter partie civile dans la procédure pénale ouverte par le ministère public de la Confédération helvétique, si l’Etat congolais n’est pas rétabli dans ses droits dans les meilleurs délais.
L’affaire Gunvor témoigne de l’appropriation personnelle des ressources de l’Etat par la famille régnante. Le président de la République Denis Sassou Nguesso a fait du Congo sa propriété privée et le gère comme une épicerie familiale. A la tête de tous les grands corps d’Etat, et particulièrement dans les domaines des Finances, de l’armée, de la gendarmerie et de la police, il ne place en priorité que ses parents, les originaires de son village natal, de son district, de sa région d’appartenance, de son ethnie. La familialisation et l’éthnisation de l’Etat sont devenues, aujourd’hui, les deux piliers d’une gouvernance hasardeuse et mafieuse.
Pour s’en convaincre, il suffit de passer en revue un à un, tous les grands corps d’Etat. A ce sujet, la liste dressée par le Collectif des partis de l’opposition congolaise dans sa déclaration du 28 décembre 2012, intitulée « message à la nation », déclaration publiée sur Internet, est édifiante. Citons : « Chef d’état-major général, Commandant de la gendarmerie nationale, Directeur général de la police nationale, Directeur général de la surveillance du territoire, Secrétaire général du conseil national de sécurité, Délégué général aux grands travaux, Président-directeur général de la SNPC, Directeur général du trésor, Directeur général des douanes, Directeur général des impôts, Directeur général du budget, Directeur général de la CCA, Directeur général du port autonome de Pointe-Noire, Directeur général de la CRF, Directeur général de la CNSS, Directeur général de l’ONEMO, Directeur général des institutions financières, Directeur général de la SNE, Directeur général de SNDE, Directeur général du CHU, Directeur général de la télévision, Directeur général de Radio-Congo, Recteur de l’université Marien Ngouabi ». Les récentes nominations des généraux au sein des forces armées congolaises (FAC) et de la police, confirment cette tendance générale. Sous le règne du président Denis Sassou NGuesso, sur près de 60 généraux, 50 sont originaires de la partie septentrionale du Congo et près de 40 appartiennent à l’ethnie du président de la République. Dans sa déclaration citée supra, le Collectif des partis de l’opposition rapporte les commentaires d’un diplomate européen au sujet des nominations de généraux par le président de la République en ces termes : « A ce rythme, le président Denis Sassou Nguesso ne tiendra plus ses réunions avec le haut commandement militaire qu’en langue maternelle, c’est-à-dire en Mbochi».
Un autre scandale perpétré par le pouvoir contre le peuple congolais est assurément l’indifférence coupable dont il fait montre face aux souffrances atroces des victimes des nombreuses tragédies et particulièrement, à celle du 04 mars 2012. Comment comprendre que onze (11) mois après la catastrophe du 04 mars, les milliers de Congolais qui ont perdu leurs maisons, leur outil de travail, leurs moyens de locomotion ne soient pas indemnisés jusqu’à ce jour ? Comment le pouvoir imagine-t-il qu’ils vivent ? Où sont donc passés les 92 milliards de FCFA du collectif budgétaire de mai 2012, destinés à la réparation des dommages subis par les victimes du 04 mars ? Comment comprendre que onze (11) mois après la tragédie du 04 mars, ses vrais auteurs ne soient pas toujours identifiés, arrêtés et jugés ? Comment comprendre que le pouvoir qui dispose d’importants moyens d’investigation (Conseil national de sécurité, Direction générale de la surveillance du territoire, sécurité présidentielle, direction générale des renseignements militaires, Gendarmerie nationale, direction des renseignements généraux, structures parallèles ) et qui connaît les tenants et les aboutissants de la tragédie du 04 mars, s’acharne contre des boucs émissaires et les maintienne illégalement à la prison de Brazzaville, malgré l’arrêt de la chambre d’accusation, arrêt par lequel cette chambre s’est déclarée incompétente ? Comment comprendre qu’un magistrat compétent comme le président de la Cour suprême, refuse de dire le droit et ridiculise la justice congolaise en renvoyant l’affaire du 04 mars à la même chambre qui s’est déclarée incompétente ? Existe-t-il encore une justice au Congo ? Nous exigeons la libération immédiate des boucs-émissaires actuellement détenus à la maison d’arrêt de Brazzaville et la mise en place d’une commission d’enquête impartiale, ouverte à toutes les sensibilités et élargie aux associations de défense des droits de l’Homme et aux experts internationaux des armes et munitions de guerre. Insensible aux souffrances des populations, le président de la République n’est préoccupé que par la conservation du pouvoir par tous les moyens.
En effet, grisé par le pouvoir et soucieux de s’y maintenir coûte que coûte, le président de la République s’emploie frénétiquement à réviser certains articles de la Constitution du 20 janvier 2002 qui l’empêchent de briguer un 3e mandat. Il a instruit le PCT de mettre en place une commission chargée de réviser l’article 58 qui limite l’âge pour se présenter à l’élection présidentielle à 70 ans et l’article 185 qui limite le nombre des mandats du président de la République à deux. Malheureusement pour lui, l’article 185 de la Constitution dispose : « La forme républicaine, le caractère laïc de l’Etat, le nombre de mandats du président de la République, ainsi que les droits énoncés aux titres I et II ne peuvent faire l’objet de révision ».
Le président de la République qui a prêté solennellement le serment de défendre la Constitution et la forme républicaine de l’Etat ne peut pas, sans trahir la Nation, réviser l’article 185. S’il prend le risque de le faire, il s’agira purement et simplement d’un coup d’Etat constitutionnel auquel devra s’opposer le peuple congolais par tous les moyens. En vue de réaliser son projet de révision de la Constitution, le pouvoir distribue des armes de guerre dans les quartiers populaires de Brazzaville et injecte de nombreux mercenaires, notamment tchadiens, dans les mêmes quartiers.
Sur la même affaire, dans sa livraison du 14 février 2013, le journal Talassa révèle que le président de la République se propose de mettre dans la rue à Brazzaville ses partisans, pour réclamer la révision de la Constitution, l’objectif étant de faire croire à la communauté nationale et internationale que la modification de la Constitution à laquelle il veut procéder, est une revendication majoritaire du peuple congolais. L’expérience de la vie politique congolaise à l’époque du monopartisme (1964 – 1991), montre qu’un tel scénario, caractéristique de la culture politique des régimes totalitaires, est tout fait plausible. Le dictateur congolais est rompu à cette pratique. De 1964 à 1991, ce type de manifestations des populations était monnaie courante. Mais quoi que fasse le pouvoir, la Constitution du 20 janvier 2002 ne peut être révisée sur le nombre des mandats du président de la République.
Par ailleurs, obnubilé par le souvenir de la Conférence nationale souveraine, le président de la République s’oppose obstinément à la convocation des Etats généraux de la Nation que propose l’opposition et qu’il assimile à une insurrection. Pour contourner les Etats généraux, il se prépare à organiser une nouvelle parodie de dialogue de la classe politique sur les élections locales de 2013, comme il l’avait fait à Ewo pour les élections législatives de juillet-août 2012.
Comme à son habitude, il a entrepris de diviser les partis de l’opposition au moyen de manœuvres insidieuses. De même, les partis du RMP et ceux dits du Centre, ainsi que quelques intellectuels opportunistes impénitents, sont mis à contribution pour rejeter les Etats généraux et soutenir la mascarade de concertation « à la EWO » que propose le président de la République.
L’ARD dénonce ces manigances du pouvoir et rejette toute concertation politique de type EWO, c’est-à-dire, toute ruse du pouvoir visant d’une part, à maintenir en l’état le système électoral frauduleux actuel, d’autre part, à limiter l’ordre du jour de la concertation aux seules questions électorales. Pour l’ARD, le dialogue politique doit être véritable et sincère et se donner pour objet de débattre de l’ensemble des maux qui minent le Congo aujourd’hui : défis moraux, défis électoraux, défis politiques, défis économiques, défis sociaux, défis culturels, défis environnementaux. L’ARD ne participera qu’à un vrai dialogue et non à une parodie de dialogue « à la EWO ». Elle soutient et proclame que les Etats généraux de la nation constituent l’unique voie de sortie de la crise qui ronge le Congo aujourd’hui. Le pouvoir doit renoncer à la ruse et à la tromperie et promouvoir un vrai dialogue politique national, débarrassé de toute arrière-pensée et portant sur tous les défis majeurs auxquels le Congo est confronté.
De leur côté, les partis de l’opposition doivent renforcer leur unité de combat, aiguiser leur vigilance et déjouer le nouveau piège que le pouvoir leur tend en les conviant à un simulacre de dialogue de type EWO, dans le dessein de les rouler une fois de plus dans la farine. Pour rappel, en 2007, à l’occasion des élections législatives, le pouvoir avait cassé la dynamique enclenchée par le Collectif des partis de la majorité, de l’opposition et du centre qui revendiquaient la mise en place d’une commission électorale véritablement indépendante, en retournant certains partis du Collectif. En mars 2009, à l’occasion de l’élection présidentielle, il avait récidivé en soudoyant les partis de l’opposition dite modérée et en retournant quelques partis du Front des partis de l’opposition congolaise (FPOC). En septembre 2012, à l’occasion de la supercherie d’EWO, il a divisé le FPOC dont cinq (5) partis sur dix-huit (18) ont fait le voyage d’EWO : Trois (3) fois, ça suffit. Plus jamais ça.
Le temps du ressaisissement est venu. L’opposition a l’impérieux devoir de ne plus faire le jeu du pouvoir. Elle doit dire non au simulacre de dialogue « à la EWO ». Les élections locales de 2013 sont conçues pour être organisées de la même manière que les législatives truquées des 15 juillet et 5 août 2012. Comme le Collectif des partis de l’opposition l’a déclaré lors de sa conférence de presse du vendredi 1er février 2013 à l’hôtel Saphir : « il n’y aura pas d’élections locales sans Etats généraux de la nation, seul cadre en mesure de définir, entre autres, les nouvelles règles de la gouvernance électorale du Congo ». L’ARD n’ira pas à des élections dans les conditions actuelles de préparation, d’organisation, de tenue et de proclamation des résultats.
Le méga meeting programmé par le Collectif des partis de l’opposition congolaise pour le 09 mars 2013, est une étape décisive dans le combat pour les Etats généraux de la nation. Chaque parti de l’ARD doit impérativement contribuer à sa réussite à travers une mobilisation massive de ses militants et sympathisants. Cette tâche est à notre portée mais ne peut être accomplie avec succès que si, et seulement si, chaque parti entreprend un travail en profondeur de mobilisation à sa base, dans les neuf (9) arrondissements de Brazzaville.
Alors, chers camarades, mettons-nous sérieusement au travail, rompons radicalement avec nos habitudes d’hier et d’aujourd’hui, quittons le sommet des directions de nos partis, descendons à nos bases respectives, contribuons en leur sein à la mobilisation de nos militants et sympathisants, car, la mobilisation populaire est notre arme absolue. L’histoire enseigne qu’un pouvoir aussi dictatorial soit-il, ne peut rien contre un peuple mobilisé, déterminé et debout. C’est la leçon des historiques journées des 13, 14 et 15 août 1963 au Congo. C’est la leçon du printemps arabe qui a entraîné la chute des dictateurs Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak en Egypte et Khadafi en Libye. Tirons les enseignements de ces expériences historiques, sans tomber dans le piège du pouvoir ou des provocateurs qui veulent nous entraîner sur la voie de la violence. On ne combat pas la dictature avec les armes de la dictature. Nous l’avons dit, mais nous ne le répèterons jamais assez : notre démarche est une démarche pacifique. Nous n’avons ni armée ou police parallèles, ni armes de guerre, ni milices privées, ni mercenaires comme le camp d’en face. Notre seule arme, c’est la mobilisation populaire.
Nous savons que les faucons au sein du pouvoir se préparent à s’opposer, par tous les moyens, au méga meeting. Nous savons également qu’ils se proposent de saisir l’occasion de notre méga-meeting pour créer des troubles et en profiter pour perpétrer un coup d’état. Cette perspective ne nous effraie pas et ne nous arrêtera pas. Le méga meeting se tiendra. Dans une dictature, la lutte pour la démocratie n’est pas un dîner de gala. Armons-nous de courage et de détermination ! N’ayons pas peur ! En avant pour le méga meeting et pour les Etats généraux de la nation !
Fait à Brazzaville, le 23 février 2013
La Coordination Nationale.
«Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi »
Pour une République Juste & Démocratique, Vous Trompez le Peuple Nous dénonçons