COMMUNIQUÉ DE L'OBSEVATOIRE CONGOLAIS DES DROITS DE L'HOMME - OCDH
Organisation non gouvernementale de promotion, de protection et de défense des droits de l’homme, de la démocratie et de l’Etat de droit, dotée du statut d’Observateur auprès de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, membre de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), de l’Union interafricaine des droits de l’Homme (UIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT).
Lauréat 2006 du Prix des droits de l’Homme de la République Française
BP. : 4021 Brazzaville – CONGO. E-mail: ocdh.brazza@voila.fr
CP 111008
COMMUNIQUE
Atteintes à la démocratie : le gouvernement congolais étouffe les manifestations syndicales et politiques des opposants
Brazzaville, le 10 août 2011.
L’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) est très préoccupé par les atteintes répétées à la démocratie et dénonce vigoureusement les multiples arrestations et détentions de personnes voulant exprimer leurs opinions ainsi que l’interdiction de réunions politiques des opposants.
En effet, monsieur Amedé Loemba Delho, congolais âgé de 31 ans, croupit en détention depuis le 02 mars 2011, après son arrestation à Pointe – Noire, capitale économique du Congo, par les services spéciaux. Il avait voulu mettre en oeuvre, à Pointe – Noire, un plan de manifestations pacifiques incluant une grève des transporteurs et une marche pacifique suivie d’un sit in de la jeunesse pour protester contre, entre autres, le mauvais état des routes, les multiples inondations et la présence massive des ordures dans la ville.
Transféré à Brazzaville, il a été séquestré à la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) qui l’accuse curieusement « d’organisateur de coup d’Etat contre le président Sassou Nguesso ». Après 54 jours dans les geôles de la DGST, il est présenté devant le Procureur de la république près le Tribunal de grande instance de Brazzaville qui confie son dossier au 2 ème cabinet d’instruction. Celui-ci, confirmant le chef d’accusation, le jette à la Maison d’arrêt centrale de Brazzaville.
Par ailleurs, en date du 30 juillet 2011, un meeting du Rassemblement des jeunes patriotes, association politique de l’opposition congolaise, présidée par M. Paul Marie Mpouelé, a été interdit par le Préfet de Brazzaville. Cette association avait régulièrement demandé l’autorisation de tenir son meeting à l’esplanade du stade Alphonse Massamba Debat à Brazzaville. Le jour du meeting, les militants de cette association se sont retrouvés avec les policiers qui avaient déjà investi les lieux la veille de la manifestation.
Le Préfet n’a pas formellement répondu aux organisateurs. Toutefois, les responsables de la police, répondant aux interrogations des organisateurs ont présenté une note signée du Préfet interdisant ladite manifestation.
En outre, depuis le 7 août 2011, trois personnes, dont M. Isidore Merlin Gomo, chauffeur transporteur, sont détenues au Commissariat de police de Lumumba, premier arrondissement de Pointe – Noire. Il leur est reproché d’avoir voulu organiser une grève des transporteurs en réaction au rétablissement unilatéral des taxes liés au transport routier, alors que le problème ayant occasionné, depuis quelques années, la suspension du paiement de celles-ci reste entier : le mauvais état des routes dans la ville.
Le même jour, 7 août 2011, M. Eric Patrick Mampouya, blogueur très critique face au déficit démocratique au Congo, a été interpelé par la DGST à l’aéroport international de Maya-Maya, lors de son arrivée à Brazzaville en provenance de Paris.
Durant dix heures de garde à vue, passeport confisqué, il a été soumis à un interrogatoire avant d’être relaxé avec de sévères mises en garde de la part des officiers des services spéciaux, notamment l’obligation d’observer le « respect strict de la loi » ( ?).
Face à ce climat délétère du fait du tout sécuritaire, l’OCDH recommande :
1. Au gouvernement :
- de libérer sans condition MM. Amedé Loemba Delho et Isidore Merlin Gomo ainsi que tous les autres détenus d’opinion ;
- de veiller à l’intégrité physique et morale de M. Eric Patrick Mampouya durant son séjour en république du Congo ;
- de s’abstenir d’interdire, sous quelque forme que ce soit, les activités et autres manifestions des syndicalistes et des opposants politiques ;
- de respecter les libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et d’opinion, la liberté de manifestation pacifique et les libertés syndicales ;
- de respecter, en toutes circonstances, les engagements pris par la république du Congo, récemment membre du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, en matière de droits de l’Homme.
Contacts téléphoniques : +242 05 553 15 73/ 05 551 34 50
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