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Obama prend la vedette de l’hommage planétaire à Mandela
Barack Obama donne un discours lors de la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela le 10 décembre 2013 au stade Soccer City à Soweto
Le président américain Barack Obama a pris la vedette du dernier hommage rendu mardi à Nelson Mandela, par des dizaines de milliers de Sud-Africains et un parterre sans précédent de grands de ce monde.
Le président américain, qui a qualifié le grand disparu de «géant de l’Histoire», n’a pas hésité à fustiger les trop nombreux «dirigeants qui se disent solidaires du combat de Mandela pour la liberté mais ne tolèrent pas l’opposition de leur propre peuple».
«Il est difficile de faire l’éloge d’un homme... encore plus difficile de faire celle d’un géant de l’Histoire, qui a conduit une nation vers la justice», a ajouté M. Obama, longuement acclamé par la foule.
Dans la tribune à ses côtés se trouvaient des représentants du régime chinois ou le président zimbabwéen Robert Mugabe, dont les pays sont régulièrement dénoncés par les défenseurs des droits de l’homme.
M. Obama a par ailleurs provoqué la surprise en serrant la main du président cubain Raùl Castro dans la tribune officielle. Selon l’un des ses conseillers, le président américain a pris l’initiative de cette poignée de main pour montrer une nouvelle fois sa volonté de briser la glace, alors que les deux pays sont en froid depuis le début des années 1960.
La cérémonie d’hommage a débuté vers midi (10h00 GMT), avec une heure de retard sur l’horaire prévu. Mais, depuis sept heures du matin, les milliers de personnes présentes avaient créé dans l’immense stade de Soweto une atmosphère festive, dansant et chantant sous une pluie battante des chants de l’époque de la lutte contre l’apartheid, lorsque Mandela était déjà leur héros emprisonné.
Foules indisciplinées
«On nous avait suggéré de mettre une cravate noire», a raconté le Premier ministre britannique David Cameron à son arrivée dans le stade, «mais quand on entend cette clameur, quand on voit l’atmosphère de fête qui règne ici, il devient évident que les Sud-Africains veulent dire au revoir à ce grand homme, mais aussi célébrer sa vie et son héritage.»
C’est par l’hymne national sud-africain, «Nkosi sikelel' iAfrika», Que Dieu bénisse l’Afrique, qu’a débuté la cérémonie, alternant discours d’hommage et chants.
«L’Afrique du Sud a perdu un père. Le monde a perdu un ami cher et un mentor», a lancé le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon dans son éloge funèbre.
«Nelson Mandela nous a montré la voie avec un cœur plus grand que ce stade, a-t-il noté, et un sourire contagieux qui aurait pu en allumer les lumières. En fait, il a éclairé le monde.»
Baleka Mbete, coordinatrice de l’ANC (le parti au pouvoir), a ensuite fait chanter le stade sur l’air de «Tata Madiba» «Ake Kho a fana naje» («Il n’y en a pas un autre comme toi» en xhosa et zoulou). La foule a repris le refrain.
Souvent indisciplinée, elle a même hué le président Jacob Zuma lorsqu’il est apparu sur les écrans géants.
Son homologue zimbabwéen Robert Mugabe a en revanche été acclamé. M. Mugabe est populaire parmi certaines couches pauvres de la population, pour avoir repris aux Blancs les richesses accumulées à l’époque coloniale.
Keffiehs, fez, boubous, costumes sombres, soutanes... Les rangs des hôtes officiels reflétaient l’universalité du prestige de Nelson Mandela.
«Je suis sûr que Mandela doit sourire là-haut» en regardant cette assemblée, a renchéri le porte-parole de la famille, le général Thanduxolo Mandela.
Les Sud-Africains ne se sont pourtant pas déplacés en masse pour ce dernier hommage. La journée n’avait pas été déclarée fériée, et le stade Soccer City de Soweto n’était qu’aux deux tiers plein. Les autres stades de l’agglomération de Johannesburg-Soweto réquisitionnés pour retransmettre la cérémonie étaient quant à eux quasiment vides.
Jour de célébration
Dans les jours qui ont suivi la mort du héros de la lutte anti-apartheid, survenue jeudi, «j’ai pleuré. Mais aujourd’hui est un jour de célébration», lançait Luyanda, une étudiante de 19 ans en esquissant un pas de danse à son arrivée au stade .
Mpumi Tshabalala, 29 ans, avait dormi devant le stade de Soweto. «Mandela a fait tellement pour l’Afrique du Sud. Venir, c’est le mieux que je puisse faire pour lui. C’est un honneur pour moi d’être ici», s’est émue la jeune femme.
«La pluie c’est un signe de bénédiction en Afrique», a ajouté une dame de 52 ans, parmi les premières à prendre place dans les gradins.
Tous saluaient le parcours exemplaire d’un homme qui a passé vingt-sept ans en prison pour avoir combattu la ségrégation raciale dans son pays avant de négocier une transition pacifique parachevée par son élection à la présidence, en 1994.
Une fois au pouvoir, le champion de la lutte pour l’égalité s’est mué en grand réconciliateur, multipliant les gestes de pardon envers ses anciens oppresseurs blancs.
A partir de mercredi, la dépouille du héros national sera exposée pendant trois jours au siège du gouvernement à Pretoria, des processions étant prévues chaque matin dans les rues de la capitale.
Elle sera transférée samedi vers le petit village de Qunu, dans le sud-est rural du pays, la terre des ancêtres xhosas de Mandela. C’est là qu’il sera enterré dimanche aux côtés de ses parents et de trois de ses enfants, lors d’une cérémonie traditionnelle, mêlant le culte chrétien et le rite xhosa.
Une centaine de dirigeants, une poignée de têtes couronnées, des dizaines d'artistes et des dizaines de milliers de personnes se retrouvent ce mardi pour une cérémonie d'hommage à Nelson Mandela dans le stade FNB de Soweto, près de Johannesburg. Le programme et les principaux éléments à retenir de cet évènement planétaire à vivre en direct sur France Info.
Le programme de la cérémonie
Si les portes du stade ouvrent dès 5 heures du matin, la cérémonie en elle-même ne commencera qu'à 10 heures. Après l'hymne national, c'est le président sud-africain Jacob Zuma qui dirigera la cérémonie.
Pendant 5 heures, 17 orateurs vont prendre la parole : des amis de Nelson Mandela, des membres de sa famille, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-Moon, et des chefs d'Etats comme Barack Obama, la présidente brésilienne Dilma Roussef ou encore Raul Castro, le président cubain.
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Ceux qui y sont...
Les présidents américain, brésilien et cubain ont donc répondu présent pour cette cérémonie d'hommage. François Hollande y sera également. Le président zimbabwéen Robert Mugabe, Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, ou le Premier ministre britannique David Cameron sont attendus.
Au total, le ministère des Affaires étrangères sud-africain a compté quelque 90 chefs d'Etat et de gouvernement. On trouve également dans la liste deux rois (Belgique et Espagne), une reine (Jordanie) et sept princes et princesses (Norvège, Arabie Saoudite, Danemark, Suède, Grande-Bretagne et Japon).
Il y a aussi "les anciens". Bill Clinton et George W Bush seront présents. Tout comme les ex-Premier ministres britanniques Gordon Brown, Tony Blair et John Major. Côté français, Nicolas Sarkozy va également assister à la cérémonie.
... et ceux qui n'y sont pas
Il avait prévenu les autorités sud-africaines qu'il serait là, mais au dernier moment, Benyamin Netanyahu a jeté l'éponge pour des raisons de budget (L'addition pour son transport en avion privé et sa sécurité sur place aurait frôlé les 1 million et demi d'euros).
Autre absent visible dans cette remarquable unité internationale, celle du président algérien Abdelaziz Bouteflika, pour raison de santé, celle de Fidel Castro, retiré du pouvoir depuis 2006. Enfin le Dalaï lama, prix Nobel de la paix, s'est vu deux fois déjà refuser un visa pour l'Afrique du sud.
Combien de spectateurs ?
Le stade peut accueillir officiellement 94.736 personnes. Mais le nombre de spectateur devrait être limité à 80.000 pour la cérémonie. Des places qui devraient partir très vite à l'ouverture des portes à 5 heures. Le gouvernement a prévenu : "le premier arrivé sera le premier servi".
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Des convois de cars sont partis ces dernières heures de toutes les provinces du pays pour assister à la cérémonie. Pour tenter de maîtriser le flux, le gouvernement a interdit la circulation des voitures dans un large périmètre autour du stade et mis en place des navettes gratuites dans toute la ville de Johannesburg.
Ceux qui ne pourront pas rentrer seront renvoyés vers trois autres stades équipés d'écrans géants. Au total, quelque 150 écrans sont installés un peu partout dans le pays. La chaîne de télévision sud-africaine SABC est chargée de retransmettre la cérémonie en direct.
Quelle sécurité ?
"Nous déroulons un programme qui a été établi il y a trois ou quatre ans", explique le ministre de la Défense sud-africain. Plusieurs milliers de policiers, quelque 11.000 soldats, des centaines d'agents de sécurité et des dizaines de gros bras de l'ANC, le parti au pouvoir, sont mobilisés pour éviter les débordements. Ils seront assistés par plusieurs. Mission principale : protéger les dignitaires étrangers dans un pays miné par l'insécurité avec une moyenne de 45 homicides par jour.
Les journalistes et l'alcool
Quelque 1.500 journalistes ont été accrédités pour la cérémonie de ce mardi. Une population que le gouvernement sud-africain veut également pouvoir gérer. Il a publié un "code de conduite" pour les funérailles. On peut notamment y lire que "tout membre d'un média qui semble intoxiqué ou sous influence de substance (...) sera immédiatement escorté en dehors" du stade.
Et la suite ?
Après la cérémonie de ce mardi, le gouvernement a prévu deux autres étapes dans ces funérailles. De mercredi à vendredi, le cercueil de Nelson Mandela sera acheminé dans les rues de Pretoria, la capitale sud-africaine. Direction ensuite Kunu, le village d'enfance du prix Nobel de la paix, pour l'enterrement prévu ce dimanche.
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