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LE COLLECTIF DES PARTIS DE L'OPPOSITION CONGOLAISE
NON AU "COLLOQUE SUR L'UNITÉ NATIONALE" OUI AUX ETATS GENERAUX DE LA NATION
Collectif des partis de l’opposition congolaise, signataires de la déclaration du 17 août, relative aux élections législatives de 2012.
Rencontre citoyenne du dimanche 30 juin 2013 à Brazzaville
Intervention liminaire
Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016, au même moment où il refuse avec une obstination têtue de convoquer les Etats généraux de la nation, seule vraie solution pour sortir le Congo de la crise multidimensionnelle qui le plombe aujourd’hui, le président de la République se propose de faire organiser une nouvelle mascarade de concertation, baptisée « Colloque sur l’unité nationale ». De quelle unité nationale le chef de l’Etat peut-il parler lorsque l’on sait qu’au Congo, le pouvoir est familialisé et que le président de la République a érigé le népotisme, la préférence ethno-régionale, le favoritisme et le clientélisme en système de gouvernement ? De quelle unité nationale peut-il s’agir, lorsque chaque détenteur d’une position de pouvoir donne la priorité à ses parents, ses beaux-parents, ses maîtresses, ses clients, en matière de recrutement professionnel, de nomination à des postes de responsabilité, de promotion, d’attribution de marchés publics ou de bourses d’études ou de stage ? Comment parler de l’unité nationale quand les parvenus vivent une vie de cocagne dans des palaces nationaux et étrangers et quand dans le même temps, les inégalités sociales n’ont jamais été aussi scandaleuses, inégalités qui selon l’indice de gouvernance placent le Congo parmi les pays les plus inégalitaires du monde.
De quelle unité nationale parle-t-on lorsque depuis plus de 35 ans, l’ancien président de la République, monsieur Alphonse MASSAMBA DEBAT n’a toujours pas de sépulture ? De quelle unité nationale parle-t-on lorsque les vrais auteurs des drames que le Congo a connus sous le régime du PCT (l’assassinat du président Marien NGOUABI et des boucs-émissaires faussement accusés d’en être les auteurs, les explosions de la poudrière de Pointe-Noire, l’affaire des disparus du BEACH, la tragédie du 04 mars 2012, etc) n’ont jamais été, ni identifiés, ni poursuivis, ni sanctionnés ? De quelle unité nationale parle-t-on lorsque la loi de l’omerta prévaut à propos des disparus des couloirs humanitaires et des nombreux charniers enfouis dans les savanes ou les forêts du Pool, du Niari, de la Bouendza, de la Lekoumou et de la Cuvette ? Le colloque sur l’unité nationale est un nouveau bluff du pouvoir pour faire passer la pilule de la révision de la Constitution. Il ne s’agit que d’une nouvelle formulation du colloque que le CEPROD de Michel NGAKALA (Secrétaire permanent du bureau politique du PCT) se proposait d’organiser sur la Constitution du 20 janvier 2002.
L’organisation de cette nouvelle opération de mystification a été confiée à Marius Mouanbenga et Adamo Mateta, deux chevaux de Troie du pouvoir. L’objectif visé par le président de la République est de rassembler au cours de cette assise, les partis de la mouvance présidentielle, les ralliés des partis se réclamant faussement de l’opposition dite modérée et du Centre (partis qui émargent, comme chaque Congolais le sait à Mpila), les intellectuels organiques et les associations de la société civile à sa dévotion, aux fins de faire adopter par cette assemblée de ses affidés et obligés, soit le projet de révision des articles 57, 58 et 185 de la Constitution actuelle, soit le projet d’une nouvelle Constitution qu’il a fait rédiger par ses juristes-maison, Auguste ILOKI, président de la Cour constitutionnelle, Benjamin Boumakani, Secrétaire Général du gouvernement, Antoine Evoundou, directeur général des affaires électorales, Laurent TENGO, conseiller juridique à la présidence de la République, le tout pour lui permettre de briguer un troisième mandat.
Dans cette optique, le PCT envisage comme au temps du monopartisme, d’organiser sur toute l’étendue du territoire national, des réunions pour obliger chacun des 86 districts du Congo, à adresser au pouvoir, des appels à la candidature du président Denis Sassou Nguesso à l’élection présidentielle de 2016. Le but de la manœuvre est de faire croire à la communauté internationale (qui fait pression sur le président congolais pour qu’il ne brigue pas de troisième mandat, mais commence dès maintenant à préparer sa sortie), que le peuple congolais désire ardemment voir le président Denis Sassou Nguesso rempiler après la fin de son mandat, au motif qu’il serait le seul Congolais apte à garantir la paix et la stabilité politique au Congo à l’horizon 2016. C’est lui ou le chaos, pour reprendre la belle formule de l’autre.
Une telle affirmation est démentie par les faits. En effet, le bilan du président Denis Sassou Nguesso est très largement négatif. En 32 ans de pouvoir sans partage et malgré une situation financière particulièrement florissante depuis 2003, il a plongé plus de 70% de Congolais dans une pauvreté extrême. Aujourd’hui, tous les clignotants sont au rouge : très bas pouvoir d’achat des fonctionnaires, chômage endémique, faible accès des populations aux services sociaux de base, effondrement du système d’enseignement, dégradation de l’offre de santé, dépendance alimentaire accrue, absence totale d’industries, climat des affaires exécrable, crise de la conscience, triomphe de la délinquance en col blanc, concussion, corruption, enrichissement illicite, déficit de générosité, morgue des parvenus, régression culturelle, etc. Comme dans le domaine du sport où l’on ne garde pas une équipe qui perd tous ses matchs, rien ne justifie la modification de la Constitution aux seules fins de reconduire à la barre à l’horizon 2016, un régime failli et un président qui, après 32 ans de pouvoir, a conduit le pays dans le mur.
Par ailleurs, aujourd’hui dans le monde, la tendance générale est à la limitation des mandats des présidents de la République à deux seulement, pour rendre possible une alternance démocratique. Sur la base de ce principe républicain, les grandes démocraties occidentales condamnent systématiquement tous les présidents de la République de par le monde qui, pour se maintenir à vie au pouvoir, tripatouillent les Constitutions de leurs pays. Il n’est donc pas dans l’intérêt du président de la République du Congo qui a déjà de nombreux contentieux avec la communauté internationale (affaire des disparus de BEACH, affaire des biens mal acquis, affaire de la tragédie du 04 mars 2012, affaire Gunvor, gestion dictatoriale du pouvoir) d’en ajouter d’autres.
Du reste, la décision de réviser les articles 57, 58 et 185 de la Constitution du 20 janvier 2002, est juridiquement non fondée. Vouloir réviser ces articles, c’est commettre un coup d’Etat constitutionnel. En effet, lors de son entrée en fonction, le président de la République a prêté le serment solennel de respecter et de défendre la Constitution et la forme républicaine de l’Etat (article 69 de la Constitution). Réviser les articles 57, 58 et 185 de la Constitution signifierait pour le président de la République, trahir ce serment. Cet acte de haute trahison lui vaudra une traduction devant la Haute Cour de justice.
L’opposition dit non au « Colloque sur l’unité nationale » qui n’est rien d’autre qu’une nouvelle opération de mystification du pouvoir et une nouvelle ruse destinée à lever le verrou de l’âge et de la limitation des mandats qui empêche le président Denis Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat. Le Collectif des partis de l’opposition rejette également le pseudo-recensement administratif spécial que le ministre de l’intérieur se propose d’organiser à partir du 1er juillet 2013. Pour le Collectif, un vrai recensement administratif spécial doit être organisé d’accord parties entre la mouvance présidentielle et la vraie opposition. Or, l’actuel recensement est organisé exclusivement par le gouvernement, les partis de la mouvance présidentielle et leurs alliés des partis dits de l’opposition modérée et du Centre. De plus, les structures locales d’organisation de ce recensement sont présidées par les préfets, les maires, les administrateurs-maires, les sous-préfets qui sont tenus, de par leurs fonctions, au devoir de neutralité politique. De même, ces structures sont composées uniquement des cadres et militants des partis de la mouvance présidentielle et alliés. L’opposition y est totalement absente. Il s’agit donc d’un jeu de dupe, d’une ruse pour prendre à défaut la vigilance des partis de la vraie opposition qui par naïveté accepteraient de jouer le jeu du pouvoir en participant à ce simulacre de recensement. Même les partis dits de l’opposition modérée et du Centre qui ont participé à la mascarade de dialogue de Dolisie et que l’on ne peut soupçonner d’animosité à l’égard du pouvoir, ont dénoncé les modalités d’organisation de recensement arrêtées par le pouvoir et les ont jugées non conformes aux stipulations de la « Concertation » de Dolisie. Malheureusement, après cette prise de position, ils sont rentrés dans les rangs pour des raisons fort connues de corruption.
Le Collectif des partis de l’opposition invite le peuple congolais en général, les cadres, militants et sympathisants de l’opposition, ainsi que tous les patriotes, démocrates et républicains, à ne participer, ni aux commissions d’organisation du pseudo-recensement qu’organise le pouvoir, ni au simulacre de recensement lui-même. Le Collectif des partis de l’opposition les appelle à se mobiliser massivement et à exiger du pouvoir, la réalisation d’accord parties d’un vrai recensement administratif spécial, car, un corps électoral fiable est la base de toute bonne élection.
Le collectif des partis de l’opposition renouvelle son appel au président de la République, à renoncer à recourir aux fausses solutions de type « Ewo, Dolisie, colloque sur l’unité nationale » et à convoquer très rapidement, les Etats Généraux de la nation, vrai dialogue national rassemblant toutes les forces vives du pays, pour définir de façon consensuelle, dans la paix et la sérénité, les nouvelles règles de la gouvernance électorale, politique, économique, sociale, culturelle et environnementale du Congo. Le Collectif exhorte le peuple congolais à faire sienne cette exigence salvatrice et à construire les conditions de sa réalisation.
Fait à Brazzaville, le 29 juin 2013
Pour le Collectif
La Conférence des présidents
«Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi »
Pour une République Juste & Démocratique, Vous Trompez le Peuple Nous dénonçons