Source : La Lettre du Continent n° 656 du 3 Avril 2013
N' EST PAS MÉDIATEUR QUI VEUT, SASSOU ARRIVE A PARIS LES MAINS VIDES
Preuve d'un manque de leadership en Afrique centrale, Denis Sassou Nguesso s’est totalement laissé déborder dans le
dossier centrafricain. N’est pas médiateur qui veut ! Denis Sassou Nguesso rêvait de débarquer à Paris, le 8 avril, auréolé du titre de super-médiateur dans les crises africaines et
d'offrir à François Hollande un dossier "Centrafrique" bien ficelé en guise d'œuf de Pâques.
Il devra plutôt faire profil bas. Contrairement à Omar Bongo, qui en avait fait un sacerdoce, le règlement des crises
sous-régionales ne réussit pas au chef d'Etat congolais. Principal négociateur dans la crise centrafricaine, Sassou, qui sera hébergé au Meurice durant son séjour en France, a totalement
échoué à asseoir son autorité sur cette médiation et à faire respecter les Accords de Libreville pourtant signés sous sa houlette, le 11 janvier, par la majorité de la classe politique
centrafricaine et la rébellion de la Séléka.
Le 24 mars, le renversement de François Bozizé cautionné par le Tchad est venu ruiner ses ambitions. Faiseur de roi à
Bangui, Idriss Deby apparaît comme le vrai maître de la Centrafrique et l'interlocuteur privilégié des puissances occidentales. Il devait d'ailleurs réunir à N'Djamena, à partir du 3
avril, ses homologues de la CEEAC pour évoquer la nouvelle donne à Bangui.
Par manque de maîtrise du dossier et malgré ses efforts, Denis Sassou Nguesso n'a guère plus de chances de faire aboutir
ses bons offices dans la crise du Kivu, à l'Est du Congo-K, et se faire réellement entendre de ses homologues Paul Kagamé (Rwanda) et Yoweri Museveni (Ouganda), parrains de la rébellion
du Mouvement du 23 mars (M23). Au sein de la CEEAC, tout semble désormais s'organiser autour des deux puissances militaires que sont le Tchad et l'Angola.
Alors qu'Ali Bongo entretient une vraie distance à son endroit, le président congolais reste peu crédible au plan
diplomatique et militaire. Il ne peut guère marquer son influence qu'à travers ses réseaux maçonniques et financiers dans des pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Niger ou encore la
Guinée.
«Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi »
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