MALI : DIONCOUNDA TRAORÉ PRÊTE SERMENT POUR UN RETOUR A L'ORDRE CONSTITUTIONNEL
Dioncounda Traoré a prêté serment, le jeudi 12 Avril 2012
Le président de l’Assemblée nationale du Mali, Dioncounda Traoré a été investi jeudi 12 Avril 2012 comme président intérimaire au Mali et a d'emblée menacé d'une "guerre totale et implacable" les rebelles touareg et les groupes islamistes armés qui occupent tout le nord du pays.
Alors que le retour à l'ordre constitutionnel est ainsi consacré à Bamako après le putsch du 22 mars 2012 contre le président Amadou Toumani Touré (ATT), la crise au Nord s'aggrave. Des ministres ouest-africains se sont retrouvés jeudi à Abidjan pour envisager l'envoi d'une force militaire régionale.
Ex-président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré a prêté serment dans la matinée lors d'une cérémonie au Centre international de conférence de Bamako, devant plusieurs centaines de personnes.
Le chef de l'ex-junte, le capitaine Amadou Sanogo, en uniforme, était à ses côtés. Egalement présents: des représentants des institutions, des partis politiques et de la société civile, ainsi que des membres de la médiation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
"Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver le régime républicain", de "respecter et faire respecter la Constitution" et "l'intégrité du territoire du Mali", a lancé solennellement le nouveau chef de l'Etat, sur une estrade aux couleurs vert-jaune-rouge du drapeau malien.
Des mots qui ont une résonance particulière alors que le Mali traverse sa plus grave crise depuis la prise du Nord il y a moins de deux semaines par des groupes armés.
"J'ai conscience d'être président d'un pays en guerre", a déclaré Monsieur Traoré dans son discours.
Il a appelé "avec insistance" et "avec fermeté" les groupes armés à "rentrer dans les rangs", à "arrêter toutes ces exactions, ces pillages, ces viols", à quitter "pacifiquement les cités qu'ils ont occupées".
Bouter Al-Qaïda hors du Mali.
S'ils refusent, "nous n'hésiterons pas à mener une guerre totale et implacable" et à "bouter hors de nos frontières tous ces envahisseurs porteurs de désolation et de misère, que sont Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique)" et ses "preneurs d'otages", ainsi que "tous ces trafiquants de drogue", a-t-il averti.
"Nous ne négocierons jamais la partition du Mali", a-t-il promis.
Monsieur Traoré doit nommer un Premier ministre doté des "pleins pouvoirs" et former un gouvernement d'"union nationale", auquel pourraient participer des membres de l'ancienne junte, selon la médiation.
Les "modalités" de la transition, dont la durée reste inconnue, doivent être définies lors d'une réunion ce week-end à Ouagadougou entre le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur nommé par la Cédéao, et la classe politique et les ex-putschistes.
A Abidjan, des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la Cédéao se sont réunis jeudi pour réfléchir à l'envoi d'une éventuelle force militaire régionale au Nord.
"Il incombe incontestablement à notre organisation de prendre toutes les dispositions utiles et urgentes pour restaurer l'intégrité territoriale" du Mali, a affirmé le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan.
Le Nord est entre les mains des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), de groupes islamistes armés, Ansar Dine en particulier, qui est appuyé par Aqmi, de trafiquants et de divers groupes criminels, plongeant dans l'inquiétude toute l'Afrique de l'Ouest.
Les islamistes recrutent des combattants "à ciel ouvert", selon l'expression d'un élu de la grande ville septentrionale de Tombouctou, et la situation humanitaire est chaque jour plus alarmante.
"A moins de progrès rapides dans les prochains jours pour ouvrir un espace humanitaire et permettre des approvisionnements en nourriture et médicaments dans le nord du Mali, il y aura une catastrophe humanitaire majeure qui pourrait se répercuter sur les pays voisins", a averti la Commission européenne.
De Genève, la Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, s'est déclarée "vivement préoccupée par les rapports ininterrompus faisant état de graves violations de droits de l'homme" dans le Nord, mentionnant "des civils tués, dépouillés, violés et forcés de fuir" ainsi que des pillages, un exode de populations et des "tensions accrues entre groupes ethniques".
La tâche s'annonce difficile pour le nouveau président, car le défi a relévé est de taille. La reunification du MALI.
«Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peulpe ne relève pas le défi »
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