COTE D' IVOIRE: LES DECHETS TOXIQUES RATTRAPENT LES MINISTRE Adama BICTOGO
Le président ivoirien Alassane Ouattara a limogé mardi 22 Mai 2012 le ministre de l'Intégration africaine Adama Bictogo, par ailleurs membre de la médiation ouest-africaine dans la crise au Mali, a-t-on appris de source officielle.
Par un décret signé de Monsieur Alassane Dramane Ouattara, "il est mis fin aux fonctions de ministre de l'Intégration africaine de Monsieur Adama Bictogo", indique la présidence dans un communiqué.
Le ministre des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, "exerce à titre intérimaire" ces fonctions, ajoute le texte.
Figure du Rassemblement des républicains (RDR), le parti présidentiel, homme d'affaires prospère, personnalité controversée et flamboyante, Monsieur Adama Bictogo était très impliqué ces dernières semaines dans la médiation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) - actuellement présidée par la Côte d'Ivoire - sur la crise au Mali.
C'est la première fois que Monsieur Alassane Dramane Ouattara, au pouvoir depuis avril 2011 après quatre mois d'une crise postélectorale ayant fait quelque 3.000 morts, se sépare de l'un de ses ministres.
Selon une source proche du dossier, ce limogeage est lié à l'affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan en 2006, dans laquelle le nom de Monsieur Adama Bictogo a été cité.
"Il est venu ce matin, il a donné sa démission et le président l'a acceptée", a indiqué à notre correspondante cette source, selon laquelle l'ex-ministre souhaite "pouvoir lui-même se défendre dans cette affaire" qui défraie la chronique depuis des années.
Dans un article publié cette semaine, l'hebdomadaire Jeune Afrique affirme que, selon un rapport d'enquête de la police économique et financière ivoirienne, Adama Bictogo est l'une des trois personnalités ivoiriennes "soupçonnées d'avoir détourné une partie des indemnités qui auraient dû être payées aux victimes de la pollution causée par le déversement de déchets toxiques à Abidjan, en août 2006".
Le rapport remis au parquet préconise que Monsieur Adama Bictogo ainsi que Claude Gohourou, qui avait créé une association de victimes, et Cheick Oumar Koné, président du club de football ivoirien Africa Sports, soient poursuivis pour "faux, usage de faux, détournement de fonds, recel et complicité", selon le journal.
Quelque 4,65 milliards de FCFA (plus de 7 millions d'euros), sur les indemnités versées par la multinationale Trafigura, affréteur du navire, auraient été détournés, selon la même source.
Le cabinet d'avocats britannique Leigh Day&Co, chargé de défendre les victimes, avait affirmé en octobre 2011 que cette somme, destinée à indemniser 6.000 victimes, avait été détournée.
Le déversement de résidus toxiques du cargo Probo Koala à Abidjan en août
2006 avait causé la mort de 17 personnes et des milliers d'intoxications, selon la justice ivoirienne. Trafigura a toujours nié qu'il ait provoqué décès et maladies graves.
Le président Alassane Dramane Ouattara avait fait de la "bonne gouvernance" un de ses thèmes de campagne et, une fois président, a fait signer une "charte d'éthique" à ses ministres. Il a plusieurs fois assuré qu'il démettrait les membres de son gouvernement qui seraient impliqués dans des affaires de corruption.
Cependant, dans les milieux économiques et diplomatiques, beaucoup se disent, en privé, sidérés par le niveau de corruption qui serait atteint dans certaines sphères de pouvoir, y voyant une grave menace sur le redécollage économique du pays.
"Les pratiques anciennes demeurent", indiquait récemment à l'AFP une source gouvernementale.
"On a demandé plusieurs fois au président de la République de faire un exemple" en sanctionnant un ministre, a souligné mardi une source diplomatique occidentale en poste à Abidjan.
Abijan, Chantal TANOH pour la Voix du Peuple
«Un dictateur n'a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi »
Pour une République Juste & Démocratique, Vous trompez le Peuple Nous dénonçons