LE JOURNAL FRANÇAIS LIBERATION A ENTTENDU L’APPEL DU PEUPLE CONGOLAIS IL DENONCE LES FRANÇAIS A LA BOTTE DE SASSOU NGUESSO
Congo-Brazzaville. Députés et avocats cautionnent le vote contesté.
Brazzaville, correspondance BERTRAND SACLA
Les candidats de l’opposition et plusieurs autres sans étiquette contestent toujours la réélection dimanche dernier à la tête du Congo de Denis Sassou Nguesso - avec, officiellement, 78,6 % des voix. Une manifestation a été violemment dispersée par la police mercredi. Tous dénoncent des fraudes pendant et après le vote. Mais ce n’est pas ce qu’ont constaté quatre élus français. Deux parlementaires européens - l’ex-ministre de la Justice et de la Culture Jacques Toubon et Patrick Gaubert, également président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) - ainsi que deux députés UMP - Jean-François Mancel (Oise) et Jean-Michel Fourgous (Yvelines) - se sont fait les défenseurs zélés de Sassou Nguesso cette semaine à Brazzaville.
Décalage. Au cours de deux conférences de presse organisées lundi dans la capitale congolaise, les quatre hommes ont salué le bon déroulement du scrutin. Mancel et Fourgous, accompagnés de plusieurs avocats français, dont Marcel Ceccaldi, ex-conseiller juridique du Front national, et Léon Lev-Forster, défenseur notamment de Charles Pasqua et de Julien Dray, ont déclaré qu’il s’était déroulé «dans un climat démocratique paisible […] et dans le respect des dispositions électorales en vigueur». Leurs conclusions sont en complet décalage, non seulement avec celles de l’opposition, mais aussi avec celles de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) qui avait déployé 47 observateurs sur le terrain le jour du vote.
Selon cette ONG affiliée à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la présidentielle n’a été «ni juste, ni transparente, ni équitable». La différence de jugement pourrait bien venir du cadre dans lequel les Français sont venus «observer». Bien qu’ils se soient présentés en tant que «députés européens» à la presse congolaise, Toubon et Gaubert ne sont pas venus pour le compte de l’UE - qui avait décidé de ne pas envoyer d’observateurs -, mais pour la Commission nationale des droits de l’homme, une structure mise en place et financée par le pouvoir de Brazzaville. Quant à Mancel, Fourgous et les avocats, c’est une organisation récente aux contours flous, créée par un ancien adversaire rallié à Sassou Nguesso, l’ex-maire de Brazzaville Bernard Kolélas, qui les a fait venir : la Conférence des partis démocrates humanistes africains (Codeha).
«Inadmissible». Certains d’entre eux n’ont pas contredit les membres du gouvernement congolais qui, à plusieurs reprises, ont accusé avant et après le vote les «médias internationaux» de «relayer de fausses informations». Plusieurs ont aussi fustigé le représentant de l’Union européenne à Brazzaville, Miguel Amado, qui avait mis en doute le fichier électoral (2,2 millions d’électeurs pour 3,6 millions d’habitants). «Je regretterais que M. Amado soit en train de réinventer le néocolonialisme», a lancé Mancel aux journalistes congolais, évoquant une «immixtion inadmissible dans la politique intérieure d’un pays indépendant».
«La Françafrique est toujours là», commente, désabusé, un responsable d’une mission africaine d’observation des élections, rappelant que Gaubert, notamment, connaît depuis longtemps le Congo. En 2005, la FIDH s’était ainsi inquiétée des «pressions» qu’il avait exercées sur les familles des «disparus du Beach» - des réfugiés congolais de retour après la guerre civile en 1999 et «volatilisés» au port fluvial de Brazzaville - pour qu’elles abandonnent les poursuites intentées en France contre plusieurs responsables du régime de Sassou Nguesso.
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