GUADELOUPE L'ÎLE OÙ LA COLERE ET L'EAU BOUENT COMME AU CONGO BRAZZAVILLE
L'eau du robinet une denrée rare à Brazzaville. Depuis plusieurs jours , l'eau du robinet ne coule pas dans plusieurs quartiers de Brazzaville
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RAPPEL
Le martyre d’Alphonse, mort au fond d’un puits d’eau à Pointe-Noire au mois d’avril a été la goutte qui a fait déborder le vase. Les autorités politiques de la région ont frôlé le lynchage. Comment ne pas comprendre cette vindicte publique quand on sait que le corps humain est composé à 60% d’eau. Ne pas garantir cet élément à un être équivaut à un crime contre l’humanité. Or la crise de l’eau au Congo est à l’origine de la résurgence des maladies dites "des mains sales" (naguère disparues) comme la fièvre typhoïde, la dysenterie amibiase, le choléra …
Château d’eau
Les rues de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Jacob présentent un spectacle de désolation et de tristesse. Les femmes et les enfants, jerricanes sur la tête et bidons à la main, traversent la ville d’un bout à l’autre à la recherche de l’eau. Les tonneaux qui servent à stocker l’eau sont devenus des nids de moustiques à l’origine du paludisme.
Les corvées d’eau dans les rues de nos villes appartiennent à un scénario inédit il y a encore quelques années. Ces scènes sont d’autant plus choquantes que le Bassin du Congo est un véritable château d’eau. En réalité, il ne manque pas d’eau au Congo-Brazzaville, un pays arrosé par plusieurs cours d’eau, dont le fleuve Congo, deuxième du monde avec un débit de 75.000m3 d’eau par seconde (209.000m3/s pour l’Amazone). Il s’agit d’une pénurie d’eau potable. L’eau buvable est devenue une véritable denrée rare que seuls les nouveaux riches congolais peuvent s’octroyer.
Comment diable en est-on arrivé à faire mourir de soif des populations au bord d’un gigantesque cours d’eau ?
Chronique d’une pénurie annoncée
La raréfaction de l’eau potable est un phénomène récent au Congo-Brazzaville. Sous la colonisation et au lendemain de l’indépendance, avoir de l’eau courante dans son foyer était un signe extérieur de richesse. Peu soucieux du sort des citadins, les compagnies concessionnaires avaient installé des rares fontaines publiques dans les quartiers des grandes villes. Les années 1970 coïncident avec la vague des nationalisations. La régie de l’eau devenue Société Nationale de Distribution d’Eau (SNDE) élargit le réseau de distribution d’eau des grandes villes, négligeant cependant les zones rurales. Dans le même élan La SNDE assure le raccordement au réseau d’eau potable des populations par branchements successifs. L’eau devient une denrée à la portée de tous. Mais un réseau, ça s’entretient. Faute d’y penser, la machine de distribution d’eau s’est grippée. Le bateau commence paradoxalement à prendre l’eau dès la nationalisation de la régie, c’est-à-dire à cause du clientélisme pécétisant où les hommes qu’il ne faut pas sont mis aux commandes des entreprises.
On assiste impuissant à la mauvaise gestion de la SNDE par des agents véreux régis par l’idéologie marxiste dominante selon laquelle le Parti dirige l’Etat ; la cellule du parti dirige l’entreprise. La source des ennuis des Congolais réside dans ces formes d’organisation d’entreprise importées de Moscou. C’est le cas de la tristement célèbre « trilogie déterminante »(Parti, syndicat, administration). Monstre à trois têtes, ce phénomène noye nombre d’entreprises.
Eaux pathogènes
Les infrastructures de traitement et d’assainissement n’ont jamais fait l’objet d’une modernisation alors que dans le même temps, la taille de l’espace urbain prend de l’ampleur. Les zones suburbaines sont contraintes au "système D" pour s’alimenter en eau. Quant aux zones les "mieux loties" (Poto-Poto, Moungali, Bacongo...) sur 1m3 d’eau pompé, moins de 60 pour cent parvient jusqu’aux consommateurs. Les réseaux de distribution mal entretenus exposent les populations aux diverses pathologies. Les canalisations vétustes occasionnent des fuites d’eau qui sont à l’origine de la baisse de la pression. Non seulement l’eau ne coule pas ; non seulement celle qui coule est impropre, mais en plus la SNDE fait boire la tasse aux usagers : elle a le culot de facturer les consommateurs pour des pretations inexistantes. La compagnie d’électricité, la SNE, fait preuve du même cynisme. Pire, au sein de l’entreprise s’est développée une mafia de l’eau passée maître dans les connexions sauvages non répertoriées. L’hydre SNDE a fini par paralyser le système. Seule une révolution pourra venir à bout de cette incroyable histoire d’eau. Pourtant dans ce bordel marxisant, beaucoup d’agents se sentent comme ... des poissons dans l’eau, car l’organisation de la pénurie leur permet d’arrondir des fins du mois en montant des réseaux de distribution parallèle et privée.
Privatisation
La ville de Brazzaville compte deux usines de traitement d’eau (le Djoué et la Njiri) Sur 1m3 d’eau traité, moins de 50 pour cent coule dans les robinets. La privatisation des entreprises d’Etat est un sujet sensible. Cependant c’est une des solutions préconisées par la Banque Mondiale et le FMI pour sortir les pays du sud du marasme économique.
Le débat Public/privé est passé de mode. Il est utile de réfléchir à la privatisation de la SNDE. Les repreneurs ne manqueront pas. Le Congo-Brazzaville n’a nullement besoin des sociétés de forage d’eau qui ont pignon sur rue dans les pays sahéliens menacés par la désertification. Les puits d’eau, ainsi qu’on l’a vu à Pointe-Noire, peuvent se transformer en tombes humaines. A ce destin macabre il faut ajouter l’état inquiétant des nappes phréatiques polluées par la proximité des sanitaires car, dans ces villes coloniales, le tout-à l’égout n’a jamais existé. L’eau est actuellement un poison.
Okay Okiessi
Au lieu de laisser le monopole à des clans (cf l’eau minérale Okiessi) il serait plus sage de faire appel aux services des professionnels de l’eau, tels Veolia Eau, Suez Lyonnaise des Eaux.
Si ceux qui nous gouvernent ne mettent pas de « l’eau dans leur vin », il y a des chances que cette denrée ne servent de carburant pour d’éventuels conflits Ailleurs la pénurie du pain a déclenché des émeutes. Au Congo l’eau servira d’essence pour des incendies sociaux. Le puits morbide de Pointe-Noire où Alphonse Makosso a trouvé la mort a dû donner aux officiels une idée de la colère qui travaille ce peuple sujet à une grande soif de changements. A bon entendeur, vigilance....
Notre-Père qui Êtes au Cieux
Pour l’instant les Congolais qui ne manquent pas d’humour se sont déplacées en masse à la messe d’action de grâce célébrée par l’évêque du Kouilou pour confier leur sort au bon Dieu afin que celui-ci transforme l’eau du Djoué, de Djiri du kouilou en eau potable. Là où la Nouvelle Espérance a échoué, le tout puissant fera le miracle et évitera la guerre de l’eau qui se profile à l’horizon.
Benjamin BILOMBOT BITADYS
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