Burkina Faso: la Cédéao préoccupée par une «tentative de coup d’État»
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A Ouagadougou, la foule, rassemblée aux abords des locaux de la télévision nationale, acclame les mutins, le 24 janvier 2022. © AP/Sophie Garcia
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C'est la confusion qui règne au Burkina Faso. Ce lundi 24 janvier 2022 au matin, des sources militaires affirmaient que le président Kaboré avait été arrêté. Mais d'autres sources indiquent qu'il a échappé à une tentative d'assassinat et qu'il est maintenant sous la protection de sa garde rapprochée.
Des soldats se sont emparés du président de ce pays d'Afrique occidentale confronté à la menace djihadiste. La confusion règne à Ouagadougou, où le pouvoir est contesté depuis des mois pour son incapacité à faire face aux terroristes.
Par Yves Bourdillon
La confusion régnait ce lundi au Burkina Faso, où une mutinerie, dimanche, s'est transformée en coup d'Etat, lundi, avec l'arrestation du président, Roch Marc Christian Kaboré.
Ce dernier, à la tête depuis six ans de ce pays désertique de 20 millions d'habitants confronté à une menace djihadiste de plus en plus prégnante, est détenu dans une caserne de la capitale, Ouagadougou. Une source sécuritaire a confirmé aussi l'arrestation du président du Parlement, Alassane Bala Sakandé, et de ministres. Des soldats cagoulés contrôlaient le siège de la télévision nationale.
La situation du chef de l'Etat n'était toutefois pas claire, une source gouvernementale ayant affirmé que le président avait été « exfiltré» par sa garde personnelle de sa résidence attaquée dimanche soir « avant l'arrivée d'éléments armés qui ont tiré sur les véhicules de son convoi». Un journaliste de l'AFP a vu lundi matin près de la résidence du chef de l'Etat trois véhicules criblés de balles. Des traces de sang étaient visibles sur l'un d'eux. La confusion était alimentée par l'absence à la mi-journée lundi de toute déclaration de la part des soldats mutins, ou à l'inverse, de proches du chef de l'Etat.
Le président Kaboré est de plus en plus contesté par une population excédée par l'inefficacité de la lutte contre les djihadistes . La mutinerie a d'ailleurs démarré avec l'exigence des mutins du remplacement des chefs « incompétents » de l'armée et de « moyens adaptés » à la lutte contre les jihadistes. Des discussions ont eu lieu, dimanche après midi, entre les représentants des mutins et le ministre de la Défense, le général Barthélémy Simporé, mais se sont révélées infructueuses.
La contestation de la population avait déjà abouti à la chute, le 8 décembre, du gouvernement dirigé par Christophe Joseph-Marie Dabiré. Une attaque djihadiste avait fait une quarantaine de victimes civiles fin décembre. La situation sécuritaire au Burkina Faso s'est brutalement dégradée à partir de 2015, avec l'essor de mouvements djihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique dans tout le Sahel, région désertique regroupant 150 millions d'habitants.
Les djihadistes font régner l'insécurité au Mali voisin, où ils ont failli prendre le pouvoir en 2012 avant que l'armée française n'intervienne (Paris, en désaccord avec la junte au pouvoir à Bamako, a entamé son désengagement au bout de huit ans d'intervention soldée par la mort de 53 de ses soldats, donc encore un samedi).
Les djihadistes sont aussi actifs au Niger, en Mauritanie, au Tchad, au Sénégal, dans le nord du Nigeria, le sud de l'Algérie, le nord du Cameroun, le centre du Soudan et le sud de la Libye, en ce qui est une véritable guerre régionale entre des Etats corrompus et inefficaces et une constellation de mouvements terroristes et de trafiquants.
Les violences des groupes djihadistes ont fait en près de sept ans plus de 2.000 morts et contraint 1,5 million de personnes à fuir leur foyer au Burkina Faso, dans le nord du pays.
Ce pays, démuni de ressources naturelles et d'industrie, est un des pays les plus pauvres du monde. Près de 40 % de la population dispose de revenus sous le seuil de pauvreté de 2 dollars par jour. L'agriculture représente le tiers du PIB et occupe 80 % de la population. Si le bilan du président Kaboré, ancien banquier, homme réputé consensuel et premier dirigeant élu à la suite d'un scrutin libre et honnête, compte une amélioration des infrastructures routières, de santé, ou d'eau potable, il est surnommé « président diésel » par la population en raison de son inclinaison à tergiverser sans prendre de décisions.
Source : https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/coup-detat-au-burkina-faso-1381358
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