CONGO BRAZZAVILLE Mathias DZON : " Je suis un des très rares opposants congolais que le pouvoir n’a pas réussi à corrompre ".
DZON : " Je n’émarge pas là-bas comme beaucoup de ceux qui se réclament opposants la journée, mais qui, le soir venu, rasent les murs de Mpila. Je suis un des très rares opposants congolais que le pouvoir n’a pas réussi à corrompre. Si j’étais un sous- marin de Sassou, je n’oserai pas dire ou faire ce que je dis et fais actuellement. Il m’aurait confondu "..
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Mathias DZON encore candidat contre Sassou à l’élection présidentielle du 21 mars 2021. Mais pour quoi faire ? Pour servir de marche-pied au dictateur ? entend-on dire.
Dans la diaspora congolaise notamment, la cause semble entendue.
Pour en avoir le cœur net, nous avons posé la question à l'intéressé, lequel a accepté de nous répondre afin, dit-il, " d’éclairer leur lanterne [celle des Congolais de la diaspora] sur certaines de leurs préoccupations à propos de sa candidature".
Mwinda - Vous n’étiez pas candidat lors de la dernière présidentielle. Qu’est ce qui a changé aujourd’hui par rapport aux critiques que vous émettiez sur le manque de transparence des élections ?
Mathias DZON - Depuis les Etats généraux de l’opposition, tenus en février 2009, l’opposition congolaise n’a eu de cesse de revendiquer haut et fort et ce, de façon continue et répétitive, la tenue d’un vrai dialogue politique national et inclusif, rassemblant sans exclusive toutes les forces politiques et sociales de la nation, pour élaborer ensemble, les conditions d’une élection propre honnête et crédible. Malheureusement, faute d’avoir créé un rapport de force politique en faveur des forces vives du pays qui œuvrent réellement pour une alternance démocratique et pacifique au Congo, l’opposition congolaise dans son ensemble a échoué à contraindre le pouvoir de Brazzaville à convoquer ce dialogue qui est la seule et unique bonne solution pour sortir le Congo de la crise multidimensionnelle qui le plombe aujourd’hui.
Il est vrai qu’en 2016, nous avons dénoncé nos amis de l’opposition qui avaient choisi de participer à la farce électorale du 20 mars. Nous l’avions fait, parce que nous sortions du Dialogue alternatif de Diata, dialogue au cours duquel, nous avons pris trois (3) engagements majeurs :
- Il n’y aurait d’élection présidentielle en 2016, ni pour le candidat du pouvoir, ni pour ceux de l’opposition, si le système électoral frauduleux à l’œuvre depuis 2002 n’était pas totalement refondé ;
- Non au changement de la Constitution pour convenance personnelle et appel à la désobéissance civile, en cas de coup d’Etat constitutionnel ;
- Non à un troisième mandant illégal du président en exercice.
Aucune de ces trois exigences n’était satisfaite : nous en avons tiré la conséquence logique : boycotter la mascarade électorale du 20 mars 2016. Aujourd’hui, la situation a changé. En effet, l’expérience de l’élection présidentielle de 2016 a montré que malgré le système électoral frauduleux mis en place depuis 2002, malgré la corruption à grande échelle des électeurs et les fraudes massives auxquelles le pouvoir s’est livré, son candidat avait été battu à plate couture dans les urnes par le général Jean-Marie Michel Mokoko et Brice Parfait Kolélas, respectivement 1er et 2ème.
C’est dire que malgré l’absence des conditions permissives d’une élection transparente et honnête, le candidat du pouvoir avait été battu dans les urnes et éliminé dès le 1er tour. Il avait dû recourir à la force militaire pour s’autoproclamer élu. De plus, depuis 2016, la situation générale du pays s’est dégradée à un rythme exponentiel. Le Congo est en faillite. L’Etat est en cessation de paiement. Le mécontentement populaire est partout. Les sondages d’opinion que le pouvoir lui-même a commandés, indiquent que son candidat ne dépassera pas les 5% des suffrages exprimés. A une écrasante majorité, les Congolais rejettent le pouvoir actuel. Ils sont à la recherche d’une femme ou d’un homme qui peut les débarrasser de l’Etat- PCT. Je prétends incarner cet homme. C’est la raison pour laquelle je suis candidat à l’élection présidentielle de 2021. Comme le général Jean-Marie Michel Mokoko en 2016, je gagnerai dans les urnes en 2021, mais, contrairement au général Mokoko, je prendrai toutes les dispositions utiles pour ne pas me laisser voler ma victoire.
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous n’êtes qu’un sous-marin de Sassou, puisque pour avoir été dans le système, vous savez qu’il fraude toujours ?
De son vivant, le défunt président Alphonse MASSAMBA DEBAT disait : « Un homme mûr est celui qui est déterminé, lorsqu’il a pris une option, est déterminé à la défendre coûte que coûte, jusqu’au bout ». Depuis le mouvement de mai 1968 en France, j’ai choisi de servir la cause du peuple congolais. Depuis cette époque, je n’ai pas dévié d’un iota. De 1994 à 2006, L’UPRN, le parti que je dirige était membre de la plateforme politique dénommée « Les Forces démocratiques unies, en sigle FDU », dirigée à l’époque par le président Denis Sassou Nguesso. Cette plateforme revendiquait auprès du pouvoir de l’époque, comme nous le faisons aujourd’hui, la création des conditions permissives d’une élection présidentielle libre, transparente et crédible en 1997. A cet effet, les FDU et les autres plateformes et partis politiques qui militaient pour le même objectif, avaient signé un Mémorandum de l’opposition sur l’élection présidentielle de 1997.
Ce Mémorandum avait été signé par Bernard Kolélas (MCDDI), Paul Kaya (MDS), le général de brigade Jean-Marie Michel Mokoko (MRC), le général d’armée, Denis Sassou Nguesso (PCT), le général de division, Raymond Damas Ngolo (RDR), Jean-Pierre Thystère Tchikaya (RDPS), André Milongo (UDR-Mwinda), Benjamin Boukoulou (UR), Jean-Martin Mbemba (UP), Augustin Célestin Gongara (UPDP), Clément Mierassa (PSDC), François Lumuamu (UNAPAC), Willam Otta (Pape), Pierre Nzé (UNDP), Léon Alfred Opimbat (ACOSS), Gabriel Bokilo (URN), André Ganfina (UPRN), Fila de Saint-Eudes (PRL), Jean-Marie Tassoua (RDPC).
Aujourd’hui, je poursuis le même combat contre le président Denis Sassou Nguesso, qui a abandonné, une fois parvenu au pouvoir, le juste combat que nous menions ensemble pour obtenir du pouvoir de l’époque, une élection présidentielle, transparente, honnête et crédible. Je n’ai pas changé. Fidèle à mes convictions patriotiques et démocratiques, je continue le combat pour la défense et illustration des valeurs de la République et de la démocratie. Je ne suis donc pas comme d’aucuns le prétendent, un sous-marin du président Sassou. Je suis le président du Collectif des partis de l’opposition congolaise, une plateforme politique résolument ancrée à la vraie opposition ; je ne rase pas les murs de Mpila ; je n’émarge pas là-bas comme beaucoup de ceux qui se réclament opposants la journée, mais qui, le soir venu, rasent les murs de Mpila. Je suis un des très rares opposants congolais que le pouvoir n’a pas réussi à corrompre. Si j’étais un sous- marin de Soussou, je n’oserai pas dire ou faire ce que je dis et fais actuellement. Il m’aurait confondu. Si j’étais un sous-marin de Sassou, le pouvoir n’aurait pas ourdi autant de complots contre ma modeste personne depuis que j’ai été sorti du gouvernement en 2002.