Il est assez surprenant que des milliers sinon des millions de voix s’élèvent subitement pour réclamer l’évacuation sanitaire en France du Général Jean-Marie Michel Mokoko.
Certains hommes politiques à genou flexion supplient monsieur Sassou Nguesso de faire un geste humanitaire en envoyant le Général Jean-Marie Michel Mokoko se faire soigner dans les hôpitaux parisiens, montrant ainsi, à défaut d’enfoncer les portes ouvertes, la faiblesse du système de santé du Congo-Brazzaville qu’ils n’ont pas amélioré durant leur passage aux affaires.
Par ailleurs, qu’en est-il des Congolais qui meurent au jour le jour dans l’indifférence totale sans aide aucune dans un pays aussi riche que le Congo-Brazzaville ? Les autres Congolais seraient-ils aussi évacués en France ? Quid de monsieur André Okombi Salissa qui est dans la même situation que le Général, de madame Claudine Munari et de monsieur Paulin Makaya qui ne peuvent pas sortir de cet enfer sur terre ?
Ce sont tous les prisonniers politiques qui doivent recouvrer leur liberté et c’est aussi cela une partie de notre combat politique.
Sachez bien que « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » dixit Michel Rocard, ancien Premier ministre français. Dont acte. Les Congolais doivent se prendre en charge afin d’ériger une nation dans laquelle chaque citoyen aura les mêmes droits et devoirs.
Le combat politique de libération que nous menons aujourd’hui est un combat idéologique qui ne peut se résumer ni être centré autour d’une seule personne. Sinon, après nous ferons du Sassou sans Sassou et cela suffira à certains.
Il revient au seul Général Jean-Marie Michel Mokoko d’éclairer la communauté nationale et internationale de son désir ou pas, selon son état de santé, de solliciter ou pas une évacuation sanitaire. Rien ne peut se faire sans l’accord du patient. Cette décision d’avoir des soins en dehors du Congo-Brazzaville ne peut être prise que par un médecin ou un collège de médecins congolais du fait de l’absence des moyens adéquats de prise en charge médicale sur place. Et cela relève du secret médical dont a droit toute personne quel que soit son rang.
Comme un boomerang, nos gestions calamiteuses de la chose publique du passé nous reviennent en pleine face et nous faisons semblant d’être surpris. Puisse ce énième exemple nous servir pour le futur.
Il est temps de prendre du recul par rapport à cette situation qui ne nous grandit pas, l’essentiel étant ailleurs. La lutte de libération du Congo-Brazzaville est pour toutes les Congolaises et tous les Congolais d’avoir chez eux un avenir radieux.
Si la vie du Général Jean-Marie Michel Mokoko est en danger, cela revient à dire que la vie de tous les démocrates congolais et autres l’est aussi dans notre pays. Aucun Homme ne doit subir les vicissitudes d’un autre du fait de ses opinions politiques.
Le Congo-Brazzaville est une dictature. Comme autrefois Haïti, la famille Sassou Nguesso au pouvoir se comporte comme la famille Duvalier qui finit par être chassée du pouvoir malgré les tontons macoutes qui terrorisaient la population. C’est l’unique porte de sortie pour tous les tyrans de ce monde.
Le peuple congolais a soif de liberté et de démocratie. Cela ne pourra se faire qu’à travers un leadership dûment assumé pour ne pas tomber dans un jeu politique malsain.
Le départ du Général Jean-Marie Michel Mokoko du Congo-Brazzaville signera sa fin politique qu’il aura troquée pour une liberté surveillée et contrôlée en France. En tant qu'hôte à qui on donne l’hospitalité, il devra se soumettre aux conditions de ceux qui le reçoivent. C’est la realpolitik fondée sur le calcul des forces et l'intérêt national. Personne n’a envie de faire une croix sur le pétrole congolais pour un citoyen congolais fût-il le Général Jean-Marie Michel Mokoko. Ainsi, il sera ce Général qui aura abandonné en rase campagne ses troupes pour aller bronzer au soleil sur la Côte d’Azur.
Il est évident que si le Général Jean-Marie Michel Mokoko est hors de nos frontières, monsieur Sassou Nguesso n’acceptera jamais que ce dernier qui est un caillou dans sa chaussure puisse remettre les pieds au Congo-Brazzaville. Souvenons-nous que les injonctions d’un certain ministre des affaires étrangères de la France à l’encontre de monsieur Sassou Nguesso pour la libération du Général sont restées lettre morte jusqu’à ce jour. L’impunité qu’il s’accorde relève du droit divin.
Aux grands Hommes les grands destins tels Nelson Mandela qui porta sa croix pendant 27 ans pour une Afrique du Sud libre et multiraciale, avec un seul mot d’ordre « One man, one vote » pour faire entendre la voix de tous les Sud-Africains. Il est vrai que n’est pas Nelson Mandela qui veut. Mais son legs dans l’histoire de la libération des peuples de toutes les tyrannies doit nous inspirer. Plus d’une trentaine de fois l’on proposa à Nelson Mandela de sortir de prison, plus d’une trentaine de fois il refusa. Il disait à l’époque qu’il allait être le dernier à sortir de prison tant que ses compagnons d’infortune y croupiraient et tant que l’apartheid persisterait. Il faut avoir de la conviction dans ses idées même si cela signifie tout perdre. L‘Histoire lui donna raison car sa persévérance permit l’émergence d’une Afrique du Sud arc en ciel.
Pendant que nos nous évertuons à implorer le dictateur congolais pour l’évacuation du Général, celui-ci dépense des milliards de francs CFA pour armer sa milice privée quand on sait que le Congo-Brazzaville n’est pas en guerre contre une armée étrangère. C’est le clan Sassou Nguesso sentant sa fin venir, car honni par le peuple congolais, qui veut à tout prix se maintenir coûte que coûte au pouvoir.
Les récents scandales de détournement de fonds publics, la mauvaise gestion de la pandémie de la Covid-19 avec des évacuations sanitaires sélectives des membres du clan familial nous montre à quel point ces personnages ne sont là que pour leurs propres intérêts et pas pour le peuple congolais qui meurt de faim et de maladies. Ce peuple est tel un zombie qui erre sans pouvoir percevoir une lueur d’espoir à l’horizon.
Si le Général Jean-Marie Michel Mokoko bénéficie d’une évacuation sanitaire en France ou ailleurs sur la seule volonté du Prince, alors il aura rejoint le clan des privilégiés de la famille régnante. Ainsi le retour de l’entre-soi refera surface et le peuple congolais sera désabusé de nouveau.
Une fois engagé dans un combat politique, l’on ne s’appartient plus soi-même et encore moins à sa famille biologique. Si les circonstances l’exigent et avec seulement son accord, car rien ne pourra se faire sans son consentement, le Général Jean-Marie Michel Mokoko pourra prétendre au cadeau empoisonné, à savoir un aller sans retour au bercail, que lui offrira le pouvoir du Congo-Brazzaville qui est relayé dans sa communication par certains membres de l’opposition congolaise ayant bénéficié de certaines largesses du pouvoir en place.
Monsieur Sassou Nguesso n’a jamais accédé au pouvoir pour le bien-être du peuple congolais, mais pour défendre les intérêts de la France comme il le dira lors d’une interview, ainsi que ceux de son clan et de ses multiples courtisans de tout bord politique au Congo.
Notre combat politique continue car celui-ci se fait autour d’un idéal commun qu’il faudra atteindre si possible et non autour d’une personne.
Toutes les existences humaines sont menacées par l’oubli. Seuls Dieu et la patrie nous survivrons. Ne faisons pas partie de ces Hommes qui poussés par les événements, ne se hissent pas à leur portée. À nous de marquer d’une empreinte indélébile notre passage sur cette terre.
Dans le Congo-Brazzaville de demain que nous construirons, le peuple congolais devra en toutes circonstances être l’alpha et l’oméga de nos actions. Sinon, nous aurons tous échoué.
La seule question qu’il faille se poser est celle de savoir s’il faut sauver un pays, un homme ou une famille ? Notre choix est clair, c’est le pays.
Comme dans tout projet, si l’on ne sait pas là où l’on va, l’on n’arrivera nulle part. Il est de notre devoir d’emmener le peuple congolais à bon port. Le chemin de la liberté que nous avons pris est le bon, bien que parsemé d’embûches.
C’est Charles Darwin qui écrivait « Ce n'est pas le plus fort de l'espèce qui survit, ni le plus intelligent. C'est celui qui sait le mieux s'adapter au changement. »
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Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA