Raphael GOMA « Non, le général Ferdinand MBAOU n’est pas un homme seul… »

Par : Interview réalisée Dac e News
Le Président du CODICORD, Mr Raphael GOMA, dessine les premiers contours de la rentrée politique de l’association dont il a la responsabilité d’animer. Après avoir dénoncé la crise économique qui secoue le Congo-Brazzaville, le président Raphael GOMA a réagi sur les assassinats de 13 jeunes dans un commissariat de Brazzaville appelé Commissariat « CHACONA » et sur la deuxième tentative d’assassinat de l’officier supérieur Ferdinand MBAOU. A l’exception de quelques hussards qui ont manifesté leur indignation pour dénoncer ces actes d’une ignominie inqualifiable, Il faut reconnaitre que dans les tranchées de la diaspora congolaise, il n’y avait pas grand monde pour faire front.
De passage à Lyon, le Président du CODICORD a rencontré le DAC e NEWS pour répondre sur ces sujets brulants marquant la crise multidimensionnelle qui frappe le Congo –Brazzaville.
Dac e News : Bonjour Président, avant tout acceptez mes vives condoléances pour la disparition de votre sœur. Nous savons combien il est difficile de vivre ces moments en étant si loin de ses proches.
Je vous remercie pour cette attention au nom de ma famille. Plus généralement, loin de sa famille, l’expatrié en souffre et lorsque les circonstances politiques nous conduisent à ne pouvoir faire le deuil d’un proche cela y ressemble à une double peine.
Dac e News : Nous profitions de votre passage à Lyon pour recueillir vos impressions sur la situation congolaise plombée par la crise et les antivaleurs. Pensez-vous que le pouvoir de Brazzaville s’emploi-t-il efficacement pour sortir le pays de cette crise ?
Avant de répondre à cette question, il faut se demander comment et pourquoi on est arrivé là. Nous avons en face un système et des personnes dont la délinquance économique, financière n’est plus à démontrer. Ils nous ont fait la démonstration que la bonne gouvernance financière et politique du pays était une simple mise en scène, une opération de charme pourrait-on dire, destinée aux pillages des deniers publics. Il faut le dire la culture du détournement et des antivaleurs a atteint une vitesse supersonique au Congo pour devenir au fil des années la valeur la mieux partagée. Il est rare de voir un haut responsable de l’Etat faire exception. C’est une pratique qui se transmet de père en fils.
Pour lutter contre cette crise, il faut :
- d’une part commencer par traquer cette propension au détournement qui détermine la ruée de politiciens aux postes de responsabilité dans les hautes sphères de l’Etat. S’enrichir vite et de manière ostentatoire étant considérée comme un acte courageux et exemplaire, un ministre qui prend fonction gère son budget comme sa propriété individuelle. Ce qui est d’autant plus flagrant est que ces délinquants économiques et financiers sont tous issus d’un même moule. C’est-à-dire un conglomérat d’une même famille qui s’est approprié la totale gestion de l’économie congolaise dont le dictateur SASSOU est le chef d’orchestre ;
- d’autre part, que les institutions jouent le rôle dévolu par les textes fondamentaux. La défaillance d’un Etat est caractérisée par une absence de prise en compte des grands secteurs d’utilité publique que sont : la santé, l’éducation, la sécurité publique, le partage et la redistribution des ressources et la richesse nationale.
Dans ce contexte où la classe politique au pouvoir est noyée dans une même marre d’eau infectée par las antivaleurs, comment peuvent-ils sanctionner et redresser les grands équilibres macro-économiques? Le problème de cette crise n’est pas l’absence de solutions de sortie de crise mais plutôt le refus de sanctionner, le règne de l’impunité. Depuis le début SASSOU est dans le déni, la falsification, la manipulation et la fourberie économique. Ce gouvernement ne s’emploi pas à régler la crise mais à trouver des solutions pour échapper à la condamnation populaire.
Dac e News : Il ne se passe pas un jour sans que le pouvoir soit éclaboussé par les affaires, pourtant on a l’impression que rien n’est fait pour arrêter ou simplement sanctionner les supposés coupables Serait-on en face d’un pouvoir qui baignerait dans le dogme de l’impunité ?