Comment sortir de la crise financière et sociale actuelle ?
Face à la situation financière désastreuse décrite supra et qui commande que des mesures de redressement nécessaires soient prises dans l’immédiat, le gouvernement congolais fait montre d’une impuissance surprenante et semble tout attendre du FMI. Pourtant, il est urgentissime pour éviter l’effondrement, de s’attacher dès maintenant, à élaborer et mettre en œuvre des mesures efficaces de réduction drastique du train de vie de l’Etat, à travers des retraitements appropriés et décidés de façon consensuelle, dans le cadre d’un dialogue national inclusif, rassemblant toutes les forces vives de la nation, ce, pour que ces retraitements soient acceptés par toutes les filles et tous les fils du Congo et qu’ils contribuent à apaiser le climat d’extrême tension sociale qui prévaut actuellement dans le pays.
Dans cette perspective et à titre indicatif, la Coordination nationale de l’A.R.D propose les 18 mesures prioritaires ci-après :
1– La définition et la mise en œuvre d’un nouveau cadre institutionnel. Dans cette optique et à titre temporaire, les nombreux centres de dépenses faramineuses comme le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique et social, le Conseil supérieur de la liberté de communication, le Médiateur de la République, peuvent être suspendus pour laisser la place à une seule Assemblée provisoire, dénommée « Conseil de la nation », ce dernier, faisant office de parlement de transition ;
2– La réduction du nombre des ministres, des conseillers départementaux et communaux ;
3– La suppression des postes de ministres d’Etat ;
4– Le retraitement des Fonds politiques du président de la République dans le sens de leur réduction à un niveau qui n’excédera pas les 25 milliards de FCFA par an et leur inscription chaque année dans les rubriques budgétaires ;
5– la révision à la baisse des rémunérations des ministres, des parlementaires, des membres des bureaux des conseils départementaux et communaux, des préfets, sous-préfets, administrateurs-maires, des PDG et des directeurs généraux des entreprises publiques. Par exemple, les ministres qui aujourd’hui sont rémunérés à hauteur de 15 millions de FCFA par mois, seront plutôt payés à 7 millions et ceci par virements bancaires ;
6– la suppression et l’interdiction absolue des paiements par anticipation et des dépenses non prévues au budget, pour éradiquer les coulages financiers et les tripatouillages, surtout au niveau des menues-recettes ;
7– la suppression des exonérations fiscales exceptionnelles ou discrétionnaires ;
8– la suppression des emprunts gagés sur le pétrole sous la forme de prépaiements ou d’avances à court terme obtenues auprès des négociants en pétrole ;
9– le rapatriement de tout l’argent de l’Etat logé dans des comptes à l’étranger (Singapour, Brésil, Chine, Panama, Ile-Maurice, Koweït, Côte-d’Ivoire, Guinée-Conakry, Niger, RDC, Maroc, etc.). ;
10– la refondation de la gouvernance de la SNPC et sa restructuration ;
11– la nationalisation des sociétés écran : l’Africa Oil Gas Corpration (AOGC) ; Likouala SA, Sphynx Bermuda, Energy Congo, Orion-oil, etc.
12– la réduction au strict nécessaire des missions extérieures et de certaines manifestations publiques ;
13– la réduction du parc automobile de l’Etat ;
14– la réalisation par des cabinets indépendants de réputation internationale, des audits de la SNPC, du Trésor, des Impôts, de la Douane, des Grands Travaux, du port autonome de Pointe-Noire, de la Coraf, de la SNE, de la SNDE, de Congo Telecom, des opérations de la municipalisation accélérée, des revenus générés par le bois, des menues-recettes ;
15– le renforcement des mécanismes de lutte contre la corruption, la concussion, l’enrichissement illicite, l’appropriation personnelle des biens publics, le favoritisme familial, en vue d’améliorer la transparence financière ;
16– la création au niveau de la police nationale, d’une brigade économique et financière, chargée d’effectuer des enquêtes financières et de suivre et contrôler la manière dont l’argent public est utilisé ;
17– la restauration de la transparence totale dans la gestion budgétaire ;
18– le paiement concomitant et régulier des salaires de tous les fonctionnaires et de tous les agents de l’Etat émargeant aux budgets de transfert, des pensions de tous les retraités, des bourses de tous les étudiants congolais au Congo et à l’étranger.
Dans le dessein de ne pas aggraver les souffrances déjà épouvantables des populations, il ne sera procédé à aucune réduction des salaires des fonctionnaires, des pensions des retraités, des bourses des étudiants et des budgets de l’alimentation des populations en eau potable, de la santé publique et de l’hygiène, de l’éducation et de la formation qualifiante, des transports en commun et de l’emploi.
Ces mesures courageuses et efficaces contribueront à n’en pas douter, à permettre à notre pays de sortir progressivement de la crise actuelle et à soulager les souffrances des couches populaires meurtries. Encore une fois, pour être productives, ces mesures doivent impérativement être prises sans délai, dans le cadre d’un véritable dialogue politique national inclusif.
II- De la crise du Pool
L’ARD l’a dit mille et une fois : la solution à la crise du Pool n’est ni militaire, ni judiciaire. Elle est politique. Toutes les gesticulations auxquelles se livre actuellement le pouvoir constituent de fausses solutions. Ni l’instrumentalisation des soi-disant sages du Pool reçus récemment par le président de la République, ni les prétentions présomptueuses de l’Assemblée nationale et du Sénat, ni les couloirs humanitaires, ouverts pour permettre aux hommes du Pasteur Ntumi de sortir des forêts, n’apporteront une paix véritable dans le département du Pool. A de vrais problèmes, il faut éviter d’apporter de fausses solutions. Le Pool est une partie intégrante du Congo. Or, tout le corps social congolais traverse une crise globale de caractère politique, économique, financier, social, électoral et sécuritaire.
Pour sortir le Congo de cette crise multidimensionnelle, il faut apporter des solutions appropriées pour chacune de ses dimensions. Cela n’est possible que dans le cadre d’un véritable dialogue politique national et inclusif, rassemblant sans exclusive, toutes les forces vives de la nation, pour construire ensemble, des solutions novatrices et consensuelles, en vue de relever les défis politiques, économiques, financiers, sociaux, électoraux et sécuritaires auxquels le Congo est confronté aujourd’hui.
S’agissant plus spécifiquement de la crise du Pool, sa résolution passe par :
– l’implication de toutes les forces vives de la nation dans la recherche d’une solution pacifique et le rejet de toute pseudo-solution impliquant les seuls ressortissants du Pool ;
– l’implication du pasteur Ntumi dans la recherche des solutions de sortie de crise ;
– la cessation immédiate des hostilités et le retrait du département du Pool, de tous les éléments de l’armée, de la gendarmerie, de la police et des milices privées du pouvoir, engagés dans le conflit du Pool ;
– la création d’une commission vérité et réconciliation et le pardon pour tous ceux qui se repentissent ;
– la promulgation d’une amnistie pour tous les repentis qui s’engagent à rompre définitivement avec la violence comme méthode de conquête du pouvoir d’Etat ;
– le désarmement des milices ninja et l’insertion sociale de leurs éléments ;
– le dédommagement de toutes les victimes de la guerre du Pool par la mise en œuvre d’une sorte de plan Marshall pour reconstruire les villages détruits, réparer les dommages causés à leurs habitants et relancer l’agriculture et l’élevage dévastés.
Ce règlement politique est la seule bonne solution pour ramener une paix véritable et durable dans le département du Pool. Dans le même esprit, les participants à la 11ème Coordination nationale de l’ARD lancent un appel pressant en faveur des prisonniers politiques dont ils exigent la libération immédiate et sans condition.
III- Le fonctionnement interne de l’ARD
S’appuyant sur un diagnostic sans complaisance de l’état de l’ARD sur l’ensemble du territoire national, les participants à la 11ème Coordination nationale ont formulé des propositions novatrices de stratégies en matière d’animation politique des partis membres, de mobilisation horizontale des militants et des populations, de formation politique et éthique des militants, de communication, de mobilisation des ressources financières, de création de relais des partis membres dans la société civile et dans le monde du travail, etc. Ces nouvelles stratégies visent à refonder l’ensemble des partis membres, à leur garantir un fonctionnement efficace, à améliorer leur gouvernance, en vue de contribuer, de concert avec les autres forces politiques et sociales œuvrant pour une alternance démocratique et pacifique au Congo, à la construction des conditions permissives d’un nouvel ordre politique démocratique et républicain dans notre pays.
Pour clore les travaux, le président de l’ARD a lancé un appel solennel à tous les patriotes, démocrates et républicains congolais, à se rassembler par-delà leurs différences, mais sur des bases politiques claires, en vue de la création d’une Union des Forces Patriotiques et démocratiques du Congo, rassemblant l’ensemble des forces politiques et sociales qui œuvrent réellement pour la résolution pacifique de la crise du Pool, le retour d’une paix véritable et durable sur toute l’étendue du territoire national, la libération de tous les prisonniers politiques et le bannissement à jamais au Congo du délit d’opinion, la restauration des valeurs de la démocratie et de la République, la refondation de la gouvernance électorale, la réparation des injustices, la réconciliation nationale, la promotion du désir conscient et partagé de tous les citoyens congolais de vivre ensemble par-delà leurs différences.
Commencés à 10h, les travaux de la 11ème Coordination nationale de l’ARD ont été clos à 18 heures.
Fait à Brazzaville, le 11 novembre 2017
La Coordination nationale