CONGO BRAZZAVILLE : un dialogue pourquoi faire ?
L’actualité politique congolaise est bercée par un mot doux qu’on nomme Dialogue. C’est ici l’occasion de mettre les pieds dans le plat et de poser clairement la question : UN DIALOGUE POURQUOI FAIRE.
Un dialogue dont le pouvoir ne veut pas, puisque tout irait au mieux selon les vuvuzela de la nouvelle République.
L’opposition pense qu’un dialogue pourrait solder les différentes crises que connaît le pays parce que le climat insurrectionnel que traverse le Congo Brazzaville aujourd’hui est proche de l’hystérie collective.
Le dialogue de Sibiti et le dialogue alternatif de Diata sont arrivés à des conclusions différentes sur le même sujet, celui de la gouvernance électorale ;
Les morts lors de la marche de protestation du 20 octobre 2015 contre le changement de la constitution et les arrestations massives ne peut pas être passé sous silence ;
La crise post-électorale avec des résultats officiels manipulés et jamais publiés au journal officiel ne peut pas passé aux oubliettes ;
les arrestations arbitraires des militants et des leaders politiques dont certains sont en fuite doit faire l’objet d’un traitement spécial : Une libération sans condition ;
les bombardements dans le Pool et l’insécurité qui en résulte doit être traités. Qui peut encore croire aujourd’hui que le révérend pasteur Ntumi est un terroriste.
D’un coté, il y a les nouveaux gouvernants arrogants de Brazzaville qui claironnent que tout va bien, les joutes électorales sont derrière nous, la crise économique est sous contrôle, tout est fait pour résoudre le problème du chômage des jeunes, ect.., bref le gouvernement travaille.
De l’autre coté il y a les congolaises et les congolais qui pensent que le pays est dans une crise multidimensionnelle, crise post-électorale, crise politique, crise institutionnelle, crise économique ect…
Comme on le voit, le constat n’est pas le même selon qu’on est du coté du pouvoir ou du coté de l’opposition
Patrick Eric Mampouya
Continuer à nier tous ces faits et passer à autre chose c’est au mieux de l’hérésie. Le bon sens exige que toutes ces crises et d’autres encore soient traités au cours d’un dialogue entre tous les acteurs politiques du pays.
Les autorités de fait (puisqu’ils se sont imposés par la violence des armes et la tricherie) qui jouent la montre et qui comptent sur le pourrissement, la lassitude ou la peur des congolais font un mauvais calcul. Les contentieux non-traités finissent toujours par rattraper leurs auteurs et, faire la politique de l’autruche n’est pas une bonne méthode pour le bien de notre pays.
L’opposition dont je me réclame (FROCAD) a été on ne plus clair sur la question du dialogue. « Nous ne sommes pas demandeur mais nous restons disponible pour le dialogue parce que nous sommes des patriotes et voulons le bien de notre pays ».
Le constat est amer même si certains ne veulent pas voir ce que observe le citoyen, qle Congo Brazzaville a besoin de ce dialogue dont les recommandations seront imposables à tous.
Nos prérequis pour un dialogue constructif sont connus de tous. Nous exigeons la libération de tous les prisonniers politiques, l’arrêt des tensions dans le Pool, l’arrêt de la traque des militants de l’opposition. Ces prérequis ne font pas de nous des radicaux ou des terroristes, faire un dialogue sans ces prérequis serait irresponsable.
La fabrication des opposants de circonstance par le pouvoir ne donnera rien, nous l’avons bien constater lors du dialogue de Sibiti où il y avait une opposition fantaisiste sous la bannière du COPAR, et des pseudos centriste opportunistes qui aujourd’hui siège aux cotés du Parti Congolais du Travail qu’ils étaient censés combattre.
Les congolais parlent beaucoup. Quand les congolais se parlent c’est surtout pour ne pas s’écouter et donc ne pas s’entendre, quand bien même les bonnes résolutions sont prises de part et d’autres et que des accords sont signés. La défiance entre l’opposition et le pouvoir est telle que qu’il faut un médiateur ou une institution neutre pour gérer les conclusions d’un éventuel Dialogue. On en est même à envisager la tenue d’un dialogue dans un pays autre que le Congo Brazzaville afin de crédibiliser ce moment.
Dans un passé récent, les principaux participants aux différents dialogues avaient des agendas cachés et arrivaient aux pseudo dialogues avec des conclusions écrites d’avance. Telles sont les méthodes des camarades du Parti Congolais du travail qui s’illustrent dans ces pratiques à des multiples occasions. Hormis la conférence nationale qui avait produit le multipartisme, les différents dialogues qui se sont tenus au Congo Brazzaville ont été des dialogues de sourds improductifs.
D’où vient-il qu’on nous parle de dialogue maintenant ? D’où vient-il qu’avant chaque élection le pouvoir de Brazzaville éprouve le besoin d’organiser des dialogues ? Les états généraux de la Nation naguère réclamés par l’opposition n’ont jamais eu lieu à cause de la peur qu’inspire à certaines personnes une conférence nationale bis. On veut traiter des questions de l’avenir sans faire l’inventaire du passé récent, voilà l’une des raisons des échecs successifs des différentes palabres entre congolais.
En fait, au Congo Brazzaville, les périodes électorales sont toujours des moments de tension extrêmes pour le pays à cause de la volonté du pouvoir en place de ne pas céder, de ne pas partager le pouvoir et les richesses du pays. Le Ministre de l’intérieur de fait nous prépare déjà une palabre dans ce sens comme il sait très bien le faire. En ce moment il est en trin de faire son casting pour coopter les participants.
Ce n’est qu’au Congo Brazzaville où les autorités ne sont pas habitées par l’idée d’une alternance. C’est grave quand on est dans un régime de multipartisme. Dans les commentaires fait par l’agence de notation financière « Ficht « , les difficultés du Congo Brazzaville sont dues à la fragilisation des institutions. Que dire de plus lorsque nous savons que depuis 2007 à nos jour, le pays a engranger plusieurs milliards de dollars.
Cela se traduit dans les faits par la confiscation du pouvoir politique et des richesses nationales par un clan, une ethnie. Bon an mal an, aucune élection n’a jamais été perdue par le pouvoir en place depuis bientôt 20 ans quoi qu’il arrive. Le parti dominant gagne systématiquement toutes les élections même dans les contrées les plus reculées du pays où il est vomit.
Denis Sassou Nguesso et ses hommes ont élaborés méticuleusement un système mafieux de tricherie bien organisé qui fait qu’ils ne peuvent pas perdre une élection au Congo Brazzaville et, quand ils perdent quand même comme c’était le cas lors du dernier scrutin présidentiel, ils utilisent la brutalité des armes pour se maintenir au pouvoir. Voilà les faits. Voilà les véritables raisons des différentes crises.
Dans un pays, la politique détermine tout le reste. C’est donc plutôt sain que les congolais s’intéressent à la chose publique car ceux qui ne s’occupent pas de la politique la subissent. Le problème de l’intelligentsia congolaise est justement le manque d’écoute de l’autre, on parle beaucoup sans s’écouter, chacun croyant détenir la vérité.
Il y a quelques mois, des personnes intelligentes et éminentes membres du gouvernement soutenaient en vous regardant droit dans les yeux que le changement de la constitution avait pour but de faire évoluer les institutions de la République et qu’il ne fallait pas faire de procès d’intention à qui ce soit. Leur forfait commis, ces mêmes personnes vous disent aujourd’hui qu’il faut tourner la page et passer à autre chose.
La fourberie et la manipulation sont les caractéristiques principales du pouvoir arrogant de Brazzaville, le monde entier le sait maintenant grâce à la manipulation des résultats de l’élection présidentielle.
Le degré de suspicion contre le pouvoir de Brazzaville déborde les frontières de la Nation. Personne ne fait confiance à l’état congolais, même pas les agences de notation monétaire qui l’une après l’autre dégrade la note de confiance du pays.
Dès lors, on peut se demander logiquement à quoi servirait un dialogue si les protagonistes se regardent en chiens de faïence et ne s’écoutent pas. Mais justement, c’est pour refaire cette loi électorale scélérate qui consacre la victoire d’un camp, revoir la composition d’une CENI qui ne satisfait pas les congolais.
D’un coté, il y a les nouveaux gouvernants arrogants de Brazzaville qui claironnent que tout va bien, les joutes électorales sont derrière nous, la crise économique est sous contrôle, tout est fait pour résoudre le problème du chômage des jeunes, ect.., bref le gouvernement travaille.
De l’autre coté il y a les congolaises et les congolais qui pensent que le pays est dans une crise multidimensionnelle, crise post-électorale, crise politique, crise institutionnelle, crise économique ect…
Comme on le voit, le constat n’est pas le même selon qu’on est du coté du pouvoir ou du coté de l’opposition
Patrick Eric Mampouya