RÉFÉRENDUM : DE LA FRANCAFRIQUE AU CASSE TÊTE CHINOIS POUR LA FRANCE AU CONGO BRAZZAVILLE !
REFERENDUM : DE LA FRANCAFRIQUE AU CASSE TETE CHINOIS POUR LA FRANCE AU CONGO !
Par Alain Titty Dimbeng
Partie 1/5
Le mardi 22 septembre 2015 dans un message radiotélévisé, le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, annoncera son projet d’une nouvelle Constitution lors d’un référendum qui se tiendra le dimanche 25 octobre. Le 27 octobre, le ministre de l’intérieur et de la décentralisation annoncera la victoire du « oui » à 92,96 % des suffrages exprimés contre 07,73 % pour le «non» avec un taux de participation de 72,44 %. L’opposition congolaise dénoncera alors les résultats de ce scrutin qui permettra au président Sassou de se présenter à la prochaine élection présidentielle de 2016, alors que la constitution actuelle, qui date de 2002, ne le permet pas.
En 55 années d’indépendance, la politique congolaise sera dominée par la volonté de ses dirigeants de développer le pays à travers des alliances tissées avec l’extérieur, et dont les enjeux seront géostratégiques. La géostratégie est l'étude de la fabrication des espaces par la guerre dont l’enjeu principal est l’accès aux ressources naturelles, lorsqu’elle oppose deux Etats. Cependant au Congo comme ailleurs, mais particulièrement en Afrique, les Etats se feront une guerre par procuration (guerre où deux pouvoirs s'affrontent indirectement), en soutenant des groupes militaires issus des communautés locales.
En effet, les conflits entre les communautés locales se cristalliseront autour de l’appartenance ethnique de leurs leaders au détriment de l’union nationale et l’Occident justifiera alors son soutien à un groupe favorable à ses intérêts par la promotion de la démocratie contre une dictature, qui est en réalité un pouvoir qui leur est hostile. Lorsque le pouvoir en place lui sera favorable, l’Occident mettra sa machine de propagande à son service et les médias seront alors unanimes sur son excellence. Au Congo cette guerre par procuration opposera dans un premier temps, les pays du Bloc Communiste à l’Occident, puis la Chine au Bloc de l’Est ensuite la France aux Etats-Unis et aujourd’hui la Chine à l’Occident.
Ainsi l’histoire commencera avec l’Abbé Fulbert Youlou, qui conduira son pays à l’indépendance et sera le premier président du Congo de 1960 à 1963. Il dénoncera alors le communisme et défendra le libéralisme économique, rangeant ainsi le Congo du côté de l’Occident. Mené par les Etats-Unis, l’Occident sera en « guerre froide » contre le Bloc de l’Est dirigé par l’Union des République Socialistes Soviétiques, l’URSS. L’Abbé Fulbert Youlou sera pourtant battu aux élections législatives de 1955 et en 1957 par Jean-Félix Tchicaya lors du renouvellement de l’Assemblée Nationale Française.
En effet, Jean-Félix Tchicaya sera le premier député congolais élu à l’Assemblée constituante de Paris en 1945 et il créera le Parti Progressiste Congolais (PPC) en 1946. Le PPC sera alors la section congolaise du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), une fédération de partis politiques africains, créée en 1946 à Bamako par Félix Houphouët-Boigny et affiliée au Parti Communiste Français (PCF) anti-colonialiste. Cependant, devant la répression des communistes africains par l’administration coloniale française, le RDA se désaffiliera du PCF en 1950 pour se rapprocher de l’Union Démocratique et Socialiste de la Résistance (UDSR) animée par René Pleven et François Mitterrand. Cette décision sera connue sous la dénomination de « repli tactique » par les acteurs politiques Africains.
Cependant, cette désaffiliation entraînera le retrait de plusieurs partis politiques africains comme l’Union des Populations Camerounaises (UPC) et le PPC de Jean-Félix Tchicaya. En 1958, les sections du PPC fusionneront avec l’Union Démocratique de Défense des Intérêts Africains (UDDIA) de l’Abbé Fulbert Youlou, suite à son adhésion au RDA. Lors du référendum sur la Communauté Franco-Africaine du 28 septembre 1958, l'Abbé Fulbert Youlou appellera à voter le « oui » qui l’emportera. Le 28 novembre 1958, l’UDDIA majoritaire à l’Assemblée territoriale, proclamera la République à l’unanimité de ses 23 députés mais en l’absence de ceux du Mouvement Socialiste Africain (MSA) de Jacques Opangault, affilié à la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO).
Fulbert Youlou prendra alors la tête du gouvernement provisoire et l’opposition dénoncera un Coup d’État constitutionnel. Le 8 décembre 1958 Fulbert Youlou deviendra officiellement Premier ministre et des combats opposeront alors les partisans du MSA-PPC à ceux de l’UDDIA, lorsque l’Abbé refusera d’organiser les élections législatives de mars 1959, comme prévu lors de l’accord passé avec Opangault le 26 août 1958. Une centaine de morts après, l’armée française interviendra et après un redécoupage des circonscriptions électorales en sa faveur, Fulbert Youlou organisera finalement les élections législatives le 14 juin 1959 qui verront la victoire de son parti.
Fulbert Youlou sera élu président de la République le 21 novembre 1959 par l’Assemblée nationale et le 15 août 1960, le Congo deviendra indépendant. Les entreprises françaises constituent alors toute l’ossature industrielle et commerciale du Congo, et le grand projet du président Youlou sera de construire le barrage du Kouilou dont le potentiel est estimé à 7 à 8 milliards de Kwh/an. Ce barrage permettrait alors de transformer Pointe-Noire en ville industrielle avec la création d’un complexe métallurgique et électrochimique à partir de production de 300 000 tonnes d’aluminium dont la matière première est la bauxite.
Cependant les réserves du Congo étant insuffisantes, Fulbert Youlou projettera de faire venir la bauxite de Guinée comme avant les indépendances en Afrique, lorsque les sociétés US Steel, Mobil et Pechiney envisageaient de transformer la bauxite de Guinée au Congo. En effet, la Guinée (Conakry) détient la première réserve mondiale et le Congo dispose d’un immense potentiel hydroélectrique à Sounda, près de Pointe-Noire, sur le fleuve Kouilou-Niari. Lors du référendum de 1958 sur la Communauté Franco-Africaine, le « non » défendu par Ahmed Sékou Touré l’emportera et le projet sera abandonné.
Ahmed Sékou Touré deviendra le premier président de la Guinée indépendante le 2 octobre 1958 et sera considéré comme le héros de l'indépendance africaine. La Guinée sera alors la seule des anciennes colonies françaises à voter le « non » que la France lui fera payer par le sabotage de son économie. Néanmoins, Sékou Touré cherchera à construire une Union Africaine avec Kwame Nkrumah du Ghana et la Guinée deviendra un Pays Non Aligné tout en s’appuyant sur l’URSS sans rejeter les Etats-Unis. Lors d’une visite en Guinée en 1962, le président Youlou signera un accord pour la transformation de la bauxite au Congo avec Sékou qui sera accueilli en visite officielle du 3 au 7 juin 1963 à Brazzaville.
Deux mois après la visite de Sékou Touré, un soulèvement populaire éclatera et au bout de trois jours, le président Youlou remettra sa démission à l’armée le 15 août 1963. La décision du président Youlou d’instaurer un système de parti unique et de reconduire un ministre impopulaire dans ses fonctions lors de la constitution de son nouveau gouvernement poussera ses partisans à rallier les manifestants qui seront rejoints par plusieurs officiers de l’armée congolaise. Alors que des tirs de sommation auraient suffi à disperser la foule, l’armée française qui protège le palais présidentiel où c’est réfugié le président Youlou décidera de ne pas intervenir. Ce coup d’Etat sera alors connu sous le nom « des Trois Glorieuses ».
Par Alain Titty Dimbeng
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