CONGO BRAZZAVILLE 25 OCTOBRE 2015 FIASCO POUR UN REFERENDUM . CAMOUFLET POUR LE DICTATEUR Denis SASSOU NGUESSO LE PEUPLE DIT MASSIVEMENT NON
On ne pouvait pas espérer mieux. Le jour du sacre, hier, dans les urnes du tyran congolais a tourné court. Les Congolais majoritairement opposés au coup d’Etat constitutionnel de l’ami de François Hollande ont massivement affirmé leur hostilité, préférant rester chez eux plutôt que de continuer à essuyer les balles de la dictature militaire qui a déjà fait une trentaine de morts depuis plus d’une semaine et dont les hommes en armes quadrillent toutes les villes du pays, Bel exemple de la résistance pacifique d’un peuple qui n’en peut plus et sa seule réponse à l’oppression dont il vit le martyre me laisse pantois et suscite toute mon admiration. Je m’incline.
Les medias et journaux internationaux ont relayé ce fiasco. Ce serait un miracle que le taux de participation atteigne les 5%, tant le scrutin a été boycotté sur toute l’étendue du territoire, suivant le mot d'ordre des leaders de l’opposition, assignés toujours à résidence et dont certains viendraient même à manquer des vivres et des médicaments pour ceux soumis à un suivi médical strict. Les journalistes, eux, ne sont pas les bienvenus. Notre confère et journaliste Christian Perin qui couvrait les meetings de l’opposition est porté disparu à Pointe-Noire et sa vie est en danger. Idem pour Ghys Fortuné Dombé-Bemba, arrêté à Brazzaville par les hommes en armes du pouvoir et dont on est sans nouvelles.
Mais, connaissant la mauvaise foi de ce régime et comme toute bonne dictature militaire qui se respecte, ce scrutin pourtant entaché de nombreuses irrégularités de fraudes (abstention, bourrage des urnes, vote contre argent …) est d’ores et déjà présenté aux yeux du monde comme un succès avec des taux de participation record. Sassou ne va quand même pas organiser un scrutin pour le perdre. Sinon à quoi aurait servi son obstination, conte vents et marrées à maintenir un référendum inconstitutionnel ?
Qu’on le veuille ou non, ce camouflet n’est pas seulement celui de Sassou Nguesso, mais aussi celui du président français. Quelle honte François Hollande de vous être compromis avec un dictateur dont le pouvoir pue le sang des congolais. Sassou Nguesso, c’est à lui tout seul, pour vous qui semblez l’ignorer, 32 ans de pouvoir et de crimes odieux, le pillage organisé des ressources du pays et des deniers publics à son seul profit et son clan, des biens mal acquis en France comme partout dans le monde, le symbole de la misère des Congolais qui échouent en méditerranée, et cerise sur le gâteau, l’un des criminels en col blanc qui échappe encore à la Cour Pénale Internationale. En matière de CV, on ne peut guère rêver mieux, n’est ce pas ? Mais connaissant la réputation des services de renseignements français, on a vraiment du mal à croire que ceux-ci ne vous aient pas dressé le portrait sulfureux et à la fois glauque qui ferait fuir tout humain. Oui, Mr François Hollande, ce portrait-là, c’est celui de Sassou Nguesso, votre nouvel ami. Mais le mal est fait avec vos déclarations, les Africains s’en souviendront et entendent user de leur droit de vote, pour vous sanctionner et par ricochet le Parti Socialiste.
Les réseaux sociaux et les SMS coupés, depuis deux semaines donc, fort de l’aval de son parrain François Hollande, Sassou Nguesso consulte son peuple, mais avec des tirs à balles réelles. La terreur à pris le dessus et les enlèvements des voix discordantes se succèdent. La délation, rappelant les heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité fait loi. Exprimer son opinion politique devient très dangereux. Voilà la démocratie à la sauce Sassou.
Sassou a voulu passer en force, c’est son problème. Pour nous, ce référendum est nul et de nul effet. Inutile d’attendre toujours après les leaders de l’opposition, privés de parole et mis sur écoute. Si nous voulons donner une chance à notre combat pour le voir aboutir, nous devons absolument continuer la désobéissance civile pour paralyser le pays et faire plier Sassou. Il suffit pour cela, d’asphyxier Pointe Noire, la vache à lait des Nguesso et de respecter ce mot d’ordre sur tout le territoire. Ça prendra le temps que ça prendra, mais ça sera aussi efficace que ces balles perdues logées dans la tête de ces nombreux innocents, morts pour réclamer un Etat de droit. C’est le prix à payer pour notre liberté et espérer voir une véritable alternance démocratique.
Vivement le mois de novembre, à Paris, pour voir François Hollande s’afficher aux côtés de son hôte africain très encombrant, au sommet de la Conférence des Nations unies contre le réchauffement climatique. Après tout, ça en vaut bien la peine. Pourquoi se cacher ?
La plume libre !
Diaz Mahindou
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